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Appartient au dossier : Beaubourg, les génies du lieu : feuilletons !

Beaubourg, les génies du lieu 10 : le caractère CGP

Le 31 janvier 1977, un ovni architectural est inauguré sur le plateau Beaubourg. “Ça va faire crier !”, prédit Georges Pompidou, à l’initiative du nouvel édifice provocateur. Quarante ans après, c’est le temps de la reconnaissance des génies du lieu qui n’ont rien perdu de leur profonde originalité et de leur modernité.

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typo CGP
© Centre Pompidou

Un des symboles forts du Centre reste l’utilisation de sa typographie, la typographie « Beaubourg », que l’on appelle aussi le caractère « CGP » (CGP, pour « Centre Georges Pompidou »).

L’équipe VDA  (Visuel Design Association), composée des graphistes Jean Widmer et Enrst Hiestand remporte le concours de l’ « image de marque »  pour le Centre en 1974. La livraison de l’identité graphique du lieu comporte 3 volets : création d’une police de caractères, une signalétique, et un code couleur. Jean Widmer confie la conception de la nouvelle typographie à Adrian Frutiger, mais ce sera son associé, le typographe Hans-Jürg Hunziker qui créera la police CGP.

Le Directeur du Mnam, Karl Gunnar Pontus Hulten, demandera à Jean Widmer de créer une police « démocratique », et non point élitiste. La police est donc créée pour l’occasion, inspirée de l’  « Univers », imaginé en 1957 par Hunziker, et de la « Fine Line » d’IBM. Elle est une police courrier, rappelle la dactylographie, et a pour objectif de faciliter la communication, de la rendre la plus accessible.
L’utilisation systématique des bas de casse – donc des minuscules – illustre la dimension utopique du projet Beaubourg. Amorcé avec le Bauhaus, ce mouvement – incarné dans l’alphabet Universal de Herbert Bayer (1925-26), avait pour ambition d’abolir les hiérarchies superflues.

Lorsque Jean Widmer présente la « typo CGP » en 1974 au Comité stratégique, Claude Mollard, Secrétaire général, fera part de ses inquiétudes : « Mr Mollard craint que le papier à lettres n’apparaisse comme trop fantaisiste aux yeux des autres administrations et souhaite  un papier « Prestige » plus neutre »…
Dans les années 80, la typographie Din-Medium est introduite dans la communication du musée, plus lisible, plus fonctionnelle. En 2001, Pierre Bernard généralisera son utilisation. Il ajoutera aussi les majuscules,  et certains verront dans cette arrivée un symbole de la fin de l’utopie Beaubourg, ou du moins la prise de conscience de son institutionnalisation.

En 2014, le caractère CGP sera la première police de caractères à entrer dans les collections du Mnam (Musée national d’art moderne), avec l’achat de près de 489 pièces, dont 5 esquisses du caractère CGP et 91 dessins d’exécution. Les 21 variations, 4 graisses, 7 chasses, 7 italiques. 

A lire en ligne

La conférence de l’ENSAD autour des 40 ans de la typographie CGP
http://indexgrafik.fr/les-40-ans-caractere-typographique-cgp/

Le dossier pédagogique du Centre Pompidou
http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-identite-visuelle/identite02.html

Publié le 13/03/2017 - CC BY-SA 3.0 FR

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