Questions/Réponses

« Série » et « cycle » : quelle différence ?

Quels sont les termes qui différencient les séries (dans la grande famille des fictions) : 
– les histoires en plusieurs épisodes, mais qu’on peut lire dans le désordre, ou sauter plusieurs tomes sans perdre le fil (comme Chérub) 
– les séries qui ont une chronologie (comme Harry Potter) 
Harry Potter, de J.K. Rowling, Edition Gallimard

Pour vous répondre, nous avons commencé par chercher la définition dans un dictionnaire, en l’occurrence le TLFI (Trésor de la langue française informatisé). 

Définition du TLFI 

SERIE sens B.  [En tant qu’ensemble représentatif dans un domaine techn.] 
1. ARTS 
a) Ensemble composé d’œuvres qui possèdent entre elles une unité et forment un tout cohérent. Série de concertos, de dessins, d’esquisses, de gravures, d’opéras, de photographies, de romans, de sonates, de symphonies ; série en n épisodes, en n volumes ; série fleuve. J’ai seulement réuni et révisé une série d’articles qui avaient paru dans une revue italienne (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 68). Avec Giroflé-Girofla se termine la série des opérettes que Lecocq fut obligé d’aller exporter à Bruxelles (L. SCHNEIDER, Maîtres opérette fr., 1924, p. 181). 
 [Suivi d’un n. d’auteur] La série des Pissarro est, cette année surtout, surprenante (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 274). 
 [Suivi d’un n. d’œuvre] La série des Claudine, des albums de Willette et de Léandre, des cartes postales de « nu artistique » (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 743). 

b) CIN., TÉLÉV. Suite de feuilletons, de films, d’émissions liés par une unité de genre, de forme, de sujet ou de personnages. Série documentaire, dramatique, policière ; série américaine, télévisée. Les séries ont été à l’origine de 3 personnages devenus populaires à la façon de certains héros des feuilletons de l’époque romantique : l’inspecteur Bourrel des Cinq Dernières Minutes, l’inspecteur Leclerc et le Commandant X (BAILLY-ROCHE 1967). 
 Série B. Catégorie de films de genre, à petit budget et aux ambitions esthétiques modestes. Film de série B. Cinquante-sept ans, une gueule de vedette pour « série B » américaine (Le Matin Magazine, 20-21 déc. 1980, p. 32). 

Le terme série est plutôt emprunté au vocabulaire télévisuel, voir l’article de Slate.fr : « Au fait, c’est quoi une série ?  »

Voici les expressions collectées dans les articles de Wikipedia : « Romans en épisodes », « série fleuve », « suite romanesque ». Expressions lues dans « Romans et cycles principaux » [Wikipédia]  et « Suite romanesque » [Wikipédia] (par ex Harry Potter) 

La revue Belphegor

L’information la plus intéressante provient de l’article suivant de la revue Belphegor (Revue internationale plurilingue arbitrée de niveau universitaire, consacrée à l’étude des littératures populaires et de la culture médiatique). 

« Les formes à épisodes, des structures multimédiatiques (parallélisme et interaction des ensembles paralittéraires et télévisés) », Anne Besson, Revue Belphegor, 22 novembre 2013. En voici quelques citations, issues du texte en ligne :

Les formes à épisodes, des structures multi-médiatiques (parallélisme et interaction des ensembles paralittéraires et télévisés). Etant dotées de structures communes, en l’occurrence les deux types de formes à épisodes que sont le cycle et la série, la paralittérature et la télévision s’influencent mutuellement, même si certaines spécificités médiatiques demeurent et peuvent ou non être explorées : autant les séries télévisées et romanesques ont adopté un fonctionnement proche, autant le « feuilleton » télévisé et le « cycle » romanesque n’exploitent pas les mêmes caractéristiques de la structure… 

Les ensembles romanesques se distinguent en effet en deux grands types que nous appelons « cycle » et « série » et qui constituent deux réponses apportées à un même objectif, consistant à aller au devant de la demande pour fidéliser le lectorat : il s’agit de donner encore au public ce qu’il a déjà plébiscité (et c’est la série), ou de lui donner davantage de ce qu’il a déjà plébiscité (et c’est le cycle).

Bien sûr, en tant qu’ils se répartissent le champ des ensembles romanesques, cycle et série possèdent de nombreux points communs, ceux qui sont nécessaires à la perceptibilité, et donc à l’existence, de l’ensemble : essentiellement, des récurrences inter-volumiques, le retour d’un personnage, ou au moins d’un nom propre pouvant être considéré comme la condition sine qua non de constitution d’un ensemble. Ce sont les modalités de ce retour, susceptibles d’importantes variations, qui provoquent la différenciation entre cycle et série au sein des ensembles romanesques…

Une certaine confusion terminologique explique la faible perception de ce parallélisme typologique entre les ensembles télévisés et les ensembles romanesques : en effet, si la série télévisée se trouve bien désignée par ce terme, le « cycle » télévisé n’existe pas sous ce nom ; son organisation est prise en compte, mais sous l’appellation « feuilleton » (évidemment problématique en paralittérature, car renvoyant à un mode de parution précis), ou « serial » (anglicisme possédant quant à lui, bien entendu, l’inconvénient de sa proximité sémantique avec « série »). 

Eurêkoi – Bibliothèque publique d’information 

Publié le 19/02/2015 - CC BY-SA 4.0

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