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Appartient au dossier : Le féminisme a de l’avenir

Sur Wikipédia, moins de 18 % de biographies féminines

Qu’elles soient scientifiques, artistes ou militantes, les femmes sont nombreuses à ne pas bénéficier d’une page à leur nom sur la célèbre encyclopédie : en octobre 2018, on comptait sur la partie francophone de Wikipédia 547 599 biographies d’hommes, contre 94 021 de femmes, soit seulement 17,3 %. S’agissant du 5e site le plus consulté au monde, leur présence sur Wikipédia est pourtant un enjeu majeur….

Ordinateur portable ouvert sur la page Wikipedia
Les sans pagEs au Women Forum avec Adélaide Calais de Wikimedia France, Wikiedu, Wikimedia Uk

Biais de genre

La mauvaise volonté des Wikipédiens n’est pas l’unique raison de cet écart, même s’il est certain qu’avec 90 % de contributeurs masculins, les biais de genre ne sont pas faciles à éviter…  

La création d’une page biographique suppose de répondre à des « règles de notoriété » qui mêlent visibilité médiatique et reconnaissance scientifique. Autant de critères qui ne favorisent pas les femmes…  Dans le domaine scientifique, par exemple, la sous-évaluation des chercheuses et la minimisation de leurs contributions ont été étudiées par l’historienne des sciences Margaret W. Rossiter. Celle-ci a théorisé l’« effet Matilda » qui révèle que les femmes bénéficient de moins de reconnaissance que leurs collègues masculins, souvent seuls à profiter des retombées d’un travail collectif où les femmes ont toute leur part. 

Cette différence de traitement se répercute dans les publications des travaux. Les femmes sont moins citées dans les ouvrages, les articles de presse ou des sites web de référence. Or, sur Wikipédia, chaque information doit être sourcée, c’est-à-dire qu’elle doit s’appuyer sur des documents authentifiés. Le manque de sources disponibles sur des femmes éminentes ne facilite donc pas le travail des wikipédien·nes.

Quelles solutions ? 

Si Wikipédia est le miroir de discriminations existant dans la société, l’encyclopédie en ligne ne souhaite pas n’y résigner. Constatant que le fossé de genre ne se résorbera pas sans action volontariste, de nombreux collectifs agissent à travers le monde pour former toutes celles et ceux qui souhaitent participer à la visibilisation des femmes. Dans la zone francophone, le projet Les sans pagEs, s’attache à produire des biographies de femmes et des articles sur les minorités de genre et les féminismes. L’équipe de Wiki Loves Women vise à faire connaître les réussites des femmes africaines. Et de son côté, le groupe Art and Feminism lance chaque année, au niveau mondial, des marathons d’édition qui permettent d’enrichir ou de créer les pages concernant les femmes artistes.

Ces collectifs parviennent ainsi à rédiger et à compléter les pages sur les femmes. Ils travaillent également à corriger les articles biographiques existants, en appliquant les critères du test de Finkbeiner. Ce test permet de mettre en évidence des travers récurrents  concernant les femmes : les articles ont tendance à mentionner les relations maritales, le nombre et l’éducation des enfants – ou autres lieux communs sur la concurrence qu’elles ont dû affronter « en tant que femme » ou le fait qu’elles seraient devenues un « exemple pour les autres femmes ».

S’il s’agit d’un travail de longue haleine, il porte déjà ses fruits : le seul collectif Les sans pagEs a créé 5 000 nouvelles pages sur les femmes en quatre ans !

Publié le 07/04/2020 - CC BY-SA 4.0

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