Sélection

Sagas féminines

Qu’est-ce qui se transmet de mère en fille ? Dans les sagas romanesques, c’est d’abord la constance des étapes de la vie : la puberté, le mariage, l’enfantement, la vieillesse et le deuil. Puis, l’épreuve des passions humaines : les joies et les tragédies familiales, mais aussi le dévouement, le labeur et la résignation.

En choisissant de raconter l’histoire du côté des femmes, ces romans dessinent une généalogie de destins collectifs, marqués par des siècles d’organisations psychologique et sociale. 

La Bpi programme le 17 mai trois courts-métrages documentaires autour de la famille, et Balises poursuit l’exploration en écoutant ces voix féminines, qui résistent et se transmettent de génération en génération.

Publié le 09/05/2018 - CC BY-SA 3.0 FR

Sélection de références

L'Élégance des veuves

Alice Ferney
Actes Sud, 1995

“Dieu ne nous a pas créées pour être inutile, telle était la devise des femmes de cette famille.”

Qu’est-ce qui relie l’aïeule à la jeune fille ? À travers trois générations – Valentine, sa belle-fille Mathilde puis son amie Gabrielle – Alice Ferney nous raconte le destin de femmes prises dans le mouvement de leur époque et de leur condition. Au rythme des fiançailles, des mariages, des enfantements et des décès, elles embrassent la trajectoire de vies déjà tracées faites de bonheur, d’abnégation et de chagrin. Dans ce monde à la beauté et à la douleur immuables, c’est la simplicité des instants et des sentiments qui modèlent les existences. Ces femmes sont reliées par la même pulsion de vie et les mêmes tragédies, en un cycle intemporel recommençant sans cesse.

À la Bpi, niveau 3, 840″20″ FERN 4 FE

Hanna et ses filles

Hanna et ses filles

Marianne Fredriksson
Ramsay, 1999

« Pourquoi les hommes font-ils en sorte qu’il soit si difficile de les aimer ? »

Alors que sa mère s’éteint peu à peu dans sa maison médicalisée, Anna est saisie par le besoin de comprendre cette femme discrète et résignée. Sa quête des origines la mènera jusqu’à sa grand-mère, Hanna, porteuse d’un lourd secret et témoin de brusques changements dans la rude société suédoise – une société d’hommes, où les femmes ne peuvent aspirer qu’au silence. Sur plus d’un siècle, Marianne Fredriksson déploie le destin ordinaire de ces femmes liées entre elles par des liens plus forts encore que ceux du sang.

Le Cœur cousu

Carole Martinez
Gallimard, 2007

« Opposant à la réalité une résistance têtue, nos mères ont fini par courber la surface du monde du fond de leurs cuisines. »

La notion de transmission est au cœur du premier roman de Carole Martinez. Dans ce conte cruel empreint d’un réalisme magique qui rappelle Cent Ans de solitude, Frasquita hérite d’une mystérieuse boîte à couture, réceptacle d’un don très recherché : la capacité d’insuffler vie et sentiment à tout ce qu’elle coud. Jetée sur les routes avec ses enfants par la faute d’un mari amateur de combats de coqs, Frasquita assistera à la naissance d’autres dons chez ses enfants… À sa manière fortement poétisée, Le Cœur cousu évoque ainsi la transmission des savoirs et des savoir-faire qui s’exerce en toute discrétion entre femmes dans des sociétés dominées par les hommes.

À la Bpi, niveau 3, 840″20″ MART.C 4 CO

Cent ans

Herbjørg Wassmo
Gaïa, 2011

« Dans ce livre je suis à la recherche de mes aïeules et de leurs époux. »

Cent ans, c’est le temps qui sépare Herbjørg Wassmo de son arrière-grand-mère Sara-Suzanne. En remontant la mémoire familiale, la romancière raconte l’histoire de cette lignée de femmes dont elle est issue, entrecroisant les générations de 1842 à 1942. Toutes natives des îles Lofoten, au nord du cercle polaire, Sara Susanne, Elida et Hjørdis connaîtront des vies rudes, traversées de joies, de souffrances et de solitude. À travers leurs destins croisés, Herbjørg Wassmo dessine une généalogie foisonnante, étroitement liée aux bouleversements de son propre pays. Cent Ans nous montre que l’histoire est une affaire de femmes, une aventure et un combat auxquels Herbjørg Wassmo rend un hommage fier et romanesque.

À la Bpi, niveau 3, 839.6 WASS 4 HU

Les dames de Kimoto

Les dames de Kimoto

Sawako Ariyoshi
Gallimard, 2018

« La famille est comme un flot qui a coulé de vous à mère et de mère à moi. »

À Wakayama, au sud de la baie d’Osaka, il est une légende qui se transmet de mère en fille : il est de mauvais augure de remonter le fleuve pour se marier. Respectueuse des coutumes ancestrales, Toyono a élevé sa petite fille Hana dans la plus pure tradition japonaise et arrangé un mariage avec un riche propriétaire terrien. Installée de l’autre côté du fleuve Ki, Hana est à son tour une épouse modèle, entièrement dévouée à son mari. En réaction, sa fille Fumio aspire à une existence libérée de tous carcans, résolument tournée vers le monde moderne. C’est sa fille Hanako, la dernière née, qui parviendra, enfin, à relier les valeurs des femmes qui l’ont précédée. À travers quatre générations, Les dames de Kimoto nous immerge intimement dans un Japon en pleine mutation. En racontant l’histoire du point du vue des femmes, Sawako Ariyoshi dresse un portrait saisissant et raffiné de la condition féminine au tournant du XIXe siècle. Portant fièrement leur lignée, Hana, Fumio et Hanako sont le magnifique miroir d’une société en mouvement, à la recherche d’un équilibre tissé entre transmission et émancipation.

À la Bpi, niveau 3, 895.6 ARIY 4

Les Femmes de La Principal

Lluís Llach
Actes Sud, 2017

« Les pères ne sont que des acteurs solidaires, c’est vous, les femmes, qui portez tout le poids de l’œuvre. »

Lorsque Maria se voit confier par son père le domaine viticole de La Principal, ce dernier est loin d’être un cadeau : les vignes sont ravagées par le phylloxéra, et la famille doit maintenant plutôt miser sur ses affaires à Barcelone, où s’établissent les quatre frères de Maria. Grâce à sa poigne, elle va pourtant réussir à faire prospérer le domaine, qu’elle transmettra à sa fille. Cinquante ans plus tard, c’est le meurtre d’un contremaître qui force un inspecteur à rouvrir les portes de La Principal pour enquêter sur ses étonnantes propriétaires… Tonique portrait d’une poignée de femmes insolemment libres et entreprenantes, Les Femmes de La Principal imbrique avec astuce le roman familial dans une intrigue policière pleine de surprises.

À la Bpi, niveau 3, 862 LLAC 4 DO

Rédiger un commentaire

Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires

Réagissez sur le sujet