Interview

Trois questions au Balto
Rencontre avec l'atelier de jardiniers présent à l'édition 2018 du festival Hors-Pistes

Politique et société - Vie pratique

Le Balto au festival Hors-Pistes, Centre Pompidou, © Le Balto, 2018

Les membres du Balto sont paysagistes, urbanistes ou jardiniers. Installé à Berlin, cet atelier, qui a créé des jardins dans toute l’Europe, a proposé à l’occasion de l’édition 2018 du festival Hors-Pistes, un dispositif original réunissant des plantes et des visiteurs autour de la thématique de la nation. Ils reviennent sur cette expérience. 

Quel est le principe de ce dispositif, comment fonctionne-t-il ?

Il s’agit d’un paysage de tables présentant un camaïeu de vert, comme des plateaux apprêtés pour accueillir des plantes en pot que nous avons disposés ou que les visiteurs déposent. Il s’intitule « Jardin de l’Ambassade », car il se situe devant l’entrée de « l’Ambassade de la MétaNation ». La plupart des ambassades sont pourvues d’un jardin, qui, tout comme l’architecture, est censé symboliser le pays qu’il représente. Une serre et des chaises en métal blanc renforcent l’idée du jardin. La disposition invite à la déambulation, au repos et à la contemplation des plantes. Une grande carte du monde affichée sur le mur rend compte de l’origine des plantes constituant le jardin. Cette carte est dessinée à la main et elle a évolué durant tout le festival.

Quelle est la place du visiteur dans ce dispositif ? En quoi est-elle particulière ? 

Sans visiteurs, pas de plantes, donc pas de jardin… 
Chacun a été en effet invité à constituer le jardin en apportant une plante et en la prêtant pour la durée du festival. Nous demandons également de nous raconter l’histoire de cette plante et ce qu’elle représente. Le visiteur sait-il d’où elle vient ? Comment est-elle entrée dans sa vie ? 
Les propos recueillis témoignent de liens très personnels, souvent liés à un événement très précis. Ils révèlent le souci de vouloir bien prendre soin de la plante, ou la peur de ne pas savoir s’en occuper. Parfois, nous percevons l’émerveillement devant le phénomène naturel et le vivant. Ces histoires font rarement preuve d’idéologie, comme peut le faire la Grande Histoire. Les prêteurs ont conscience que cette plante pousse naturellement dans des terres lointaines, mais ils savent rarement à quoi elle ressemble quand elle pousse sur sa terre naturelle. Les histoires sont sans fin, tout comme les formes de plantes. 
Pendant le temps de l’installation, les jardiniers ont pris soin des plantes. Nous avons eu cinquante prêteurs.
 

Installation du collectif Le Balto lors du festival Hors-Pistes
Installation du collectif Le Balto lors du festival Hors-Pistes 2018 © Le Balto

Comment faites-vous le lien avec la nation, la thématique du festival Hors-Pistes ?

Certaines nations ont adopté une plante comme symbole : le chêne pédonculé en Allemagne, l’érable à sucre au Canada, mais les plantes n’ont pas de « nation ». Pourtant, nous, paysagistes et jardiniers, sommes aux prises le plus souvent avec des termes tels que « plantes indigènes » ou « plantes exotiques ». Quelles idéologies se cachent derrière les revendications émises dans certains programmes de concours, comme : « n’employer que des plantes indigènes » ? Encore faudrait-il définir ce terme. Les premiers voyages de plantes n’ont-ils pas eu lieu dès les premières migrations, c’est-à-dire presque au début de l’histoire de l’humanité ?  

En savoir plus :

Retrouvez les informations concernant le festival Hors-Pistes 2018.



 

Publié le 06/02/2018 - CC BY-NC-SA 4.0

Sélection de références

Blog du collectif Le Balto

Blog du collectif Le Balto

Le blog du collectif (en allemand) présente, entre autres, de nombreuses images des réalisations du collectif.
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