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Appartient au dossier : Les galeristes, découvreurs d’artistes

La galerie Vollard

Dépourvu de préjugés et audacieux, le marchand d’art Ambroise Vollard (1866-1939) a notamment construit sa carrière en exposant les peintres impressionnistes. 
Notre série estivale consacrée aux galeristes qui ont façonné le marché de l’art depuis la fin du 19e siècle accompagne le parcours Galeries du 20e siècle proposé au sein des collections modernes du Centre Pompidou jusqu’en 2020.

Étudiant en droit à Paris, Ambroise Vollard passe du temps à chiner dessins, estampes et gravures. Il trouve un emploi de secrétaire dans une petite galerie parisienne, l’Union artistique, qu’il finit par quitter sur une divergence de point de vue autour de la peinture impressionniste. Il se met à son compte et ses premières affaires se font dans son logement, rue des Apennins, sous les toits. Faute de relations et de moyens, Ambroise Vollard s’intéresse aux jeunes inconnus : les Nabis, Odilon Redon, Le Douanier Rousseau, mais son ambition reste d’exposer des impressionnistes.

En 1893, il ouvre sa galerie dans un petit local au 37 de la rue Laffitte, surnommée la « rue des tableaux », car on y trouve une vingtaine de galeries placées stratégiquement sur le chemin de l’Hôtel des ventes Drouot. Il déménage ensuite au 39 puis au 6 de cette même rue.
Le rachat de dessins et de toiles inachevées à la veuve d’Édouard Manet, puis celui du fonds de feu le Père Tanguy, un marchand qui possédait des Van Gogh et des Cézanne, lui permettent d’exposer en 1895 près de cent cinquante œuvres. Cela lui vaut l’estime des artistes et la reconnaissance progressive des critiques et des collectionneurs. 
Il achète ensuite des fonds d’artistes débutants, cette tactique d’achat à bas prix lui valant quelques critiques et des tensions, notamment avec Paul Gauguin. Ambroise Vollard passe également commande aux artistes et les incite à produire des estampes, des gravures ainsi que des objets, des sculptures, du mobilier. Ambroise Vollard a beaucoup œuvré pour les peintres de son époque. 
Parallèlement, il mène une carrière d’éditeur et d’auteur. On lui doit, entre autres, la Suite Vollard, composée de cent gravures exécutées par Picasso et de nombreux livres illustrés par des artistes.

La Première Guerre mondiale oblige Ambroise Vollard à réduire son activité puis à fermer sa galerie. Il reprend partiellement ses activités en 1918 à son domicile rue de Gramont, puis au 24 rue Martignac à partir de 1924 où il reçoit sur rendez-vous. À sa mort, les œuvres sont dispersées.   

La galerie Vollard
Hommage à Cézanne, 1900. Par Maurice Denis. Domaine public, via Wikimedia. Portaits d’artistes autour d’un tableau de Cézanne dans la boutique d’Ambroise Vollard.

Les artistes

L’exposition au Musée d’Orsay « De Cézanne à Picasso, chefs-d’oeuvre de la galerie Vollard » en 2007 réunissait plus de 180 œuvres majeures et témoignait de l’influence d’Ambroise Vollard sur le développement de l’art moderne.

Les Nabis 

Ker-Xavier Roussel, Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Aristide Maillol, Maurice Denis

Les impressionnistes 

Paul Cézanne, Paul Gauguin, Vincent Van Gogh, Camille Pissarro, Armand Guillaumin, Émile Bernard, Edgar Degas, Maximilien Luce …

Les fauvistes et cubistes

Georges Rouault, André Derain, Pablo Picasso, Maurice de Vlaminck, Henri Matisse,  Félix Vallotton…  

Quelques dates

1893 : ouverture au 37 rue Laffitte
1894 : exposition de Manet  
1895 : exposition de Cézanne, Van Gogh et Gauguin. 
1896 : exposition liée à l’Album des peintres graveurs, première édition de grande envergure de Vollard
1897 et 1898 : expositions collectives des Nabis 
1901 : exposition de Picasso (la première du peintre)
1939 : décès accidentel d’Ambroise Vollard, sans testament

Publié le 01/07/2019 - CC BY-SA 3.0 FR

Sélection de références

C'était Ambroise Vollard

Jean-Paul Morel
Fayard, 2007

Une enquête très documentée sur ce jeune Réunionnais arrivé à Paris pour poursuivre des études de droit et que rien ne destinait à devenir un galeriste milliardaire.

À la Bpi, niveau 3, 7.4 VOLL

Souvenirs d'un marchand de tableaux

Ambroise Vollard
A. Michel, 2007

Ces mémoires livrent un témoignage précieux sur le métier de marchand d’art et le milieu artistique de l’époque et contribuent à la légende d’Ambroise Vollard.

À la Bpi, niveau 3, 7.4 VOLL

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Durand-Ruel et Cie | Galeries Durand-Ruel galleries

Lorsqu’Ambroise Vollard s’installe rue Laffitte, Paul Durand-Ruel y tient une galerie. Ce marchand a déjà une belle renommée et possède un réseau international de galeries. Il soutient l’art et expose des peintres impressionnistes. Il est l’artisan de la carrière internationale d’artistes tels que Degas, Manet, Millet…

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Galerie Bernheim-Jeune

La galerie Bernheim-Jeune est ouverte en 1863, rue Laffitte à Paris, par Alexandre Bernheim. Elle a, entre autres, promu les peintres réalistes, impressionnistes et post-impressionnistes. En 1912, la galerie s’établit au 15 rue Richepance et le critique Félix Fénéon en devient le directeur artistique. Cette galerie d’art historique, figure majeure de l’ art moderne, est restée en activité jusqu’en février 2019.

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Père Tanguy

Julien François Tanguy, dit le père Tanguy, est un marchand de couleurs devenu collectionneur et marchand de tableaux. Il est l’un des premiers à s’intéresser aux peintres impressionnistes. Ambroise Vollard indique dans ses mémoires avoir découvert Cézanne dans la vitrine du Père Tanguy. « La première fois que je vis un tableau du peintre, un bord de rivière, c’est à la vitrine d’un petit marchand de couleurs de la rue Clauzel, le père Tanguy. Ce fut comme si je recevais un coup à l’estomac.» En 1894, il racheta le fonds de cet ami des artistes si particulier.