Interview

Appartient au dossier : Dans la bulle des auteurs et autrices de BD

Dans la bulle de Léa Mazé

Littérature et BD

Léa Mazé est illustratrice et autrice de bandes dessinées. Elle ne publie que depuis 2013 mais a déjà reçu le prix Jeunesse ACBD pour Les Croques, une BD racontant les aventures de deux enfants dont les parents tiennent une entreprise de pompes funèbres. Si ses livres s’adressent plutôt aux enfants, ils sont aussi appréciés par les adultes, notamment pour leur univers graphique ciselé et les récits non édulcorés. 

Le 13 juin 2019, Léa Mazé est l’invitée de la Bibliothèque publique d’information pour une rencontre avec le public et un atelier.

Quelles étaient vos lectures quand vous étiez enfant ?

J’ai beaucoup lu Gaston Lagaffe. C’était la seule BD disponible chez mes parents. Aujourd’hui encore, c’est un de mes grands classiques et ça reste une influence au niveau du dessin.
J’ai aussi été marquée par L’Histoire du corbac aux baskets de Fred. C’est une BD très étrange que j’ai mis beaucoup de temps à comprendre.
Par ailleurs, j’appartiens à la génération Harry Potter. J’ai grandi avec les personnages et ce livre fait partie des classiques que j’aime relire.
Puis, à l’adolescence, j’ai découvert Boris Vian et ça a marqué un véritable tournant dans mes lectures. La dimension fantasmagorique de ses romans et sa manière d’utiliser les mots pour leur poésie me fascinent toujours autant.
En BD, Le Combat ordinaire de Manu Larcenet m’a ouvert au roman graphique. Je suis progressivement sortie de la BD d’humour et d’aventures pour me diriger vers une BD plus intimiste. Ça a provoqué un déclic chez moi et j’ai eu envie d’écrire mes propres bandes dessinées.

Qui sont les autres artistes qui vous ont donné envie de vous lancer en BD ?

Je suis fascinéee par les artistes surréalistes, comme Dali. J’aime leur jeu avec les codes et leur manière de sortir de la réalité pour être dans l’expressivité. L’auteur de BD Alfred travaille aussi en ce sens lorsqu’il joue avec les codes propres à son médium pour renforcer l’expression.
En musique, j’écoute beaucoup Les Têtes raides. Ils utilisent la texture des mots pour exprimer des sensations. C’est une démarche que je trouve très inspirante.

Vous avez fait des études en cinéma d’animation, quel lien gardez-vous avec cette discipline ?

J’ai choisi une autre voie professionnelle mais je prends toujours beaucoup de plaisir à aller voir des films d’animation. J’apprécie particulièrement les films de Wes Anderson et le travail des studios Laika et Aardman. Je rêve secrètement d’aller visiter ou travailler dans ce genre de studio !
Il faut dire que techniquement, leur travail est très impressionnant, c’est un véritable challenge. Je suppose que c’est ce qui attire de grands réalisateurs qui ont un regard bien spécifique et qui ont envie de creuser un univers graphique. Les limites du dessin sont repoussées, c’est presque de la sculpture.
Parmi les films du studio Laika, j’adore Coraline de Henry Selick ou ParaNorman de Sam Fell et Chris Butler. Les sujets sont traités en profondeur, il y a une réflexion sur le récit. Ces films s’adressent aux enfants sans pour autant tomber dans la niaiserie. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils sont aussi appréciés des adultes.
En ce qui concerne les films en 2D, j’aime beaucoup Le Chant de la mer, de Tomm Moore. Le parti pris graphique est très fort et s’extrait du réalisme pour tendre vers l’expressif.
Dans un autre style, j’adore aussi les Disney et les Pixar !

Un livre à nous conseiller ?

J’écoute beaucoup de livres audios et j’en profite pour revoir mes classiques. En ce moment, je m’intéresse à l’heroic fantasy, en particulier à Tolkien que je découvre.
J’aime aussi quand l’auteur joue avec le support ou le médium. Récemment, j’ai eu un coup de cœur pour Le Livre du livre du livre du livre de Julien Baer et Simon Bailly. C’est un album dans lequel plusieurs livres sont imbriqués, et il y a un jeu sur la narration. La réflexion sur le format est très audacieuse et j’aime beaucoup l’aspect sérigraphie d’un point de vue graphique.
En roman jeunesse, je vous conseille Le Passage de Louis Sachar dont l’histoire se déroule dans un centre d’éducation pour de jeunes délinquants. Je trouve que le propos est particulièrement bien traité. C’est un récit pour la jeunesse, mais ce n’est pas tendre. Je n’aime pas quand les récits sont trop édulcorés. Je suis davantage inspirée par les récits qui parlent de la vie telle qu’elle est et je crois que les enfants apprécient que l’on s’adresse à eux de cette manière.
Dans mon travail, même si je m’adresse à la jeunesse, j’essaie de faire en sorte que ça puisse aussi être lu par les adultes. Le principal pour moi, c’est de raconter une histoire.

Publié le 04/06/2019 - CC BY-NC-SA 4.0

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