Interview

Appartient au dossier : Dans la bulle des auteurs et autrices de BD

Dans la bulle de Max de Radiguès

Littérature et BD

Max de Radiguès est un auteur belge, qui a grandi dans les années 1980. Sa production est impressionnante – une quinzaine de bandes dessinées dont 520 km, L’Âge dur ou Bâtard, des illustrations pour la jeunesse, plusieurs collaborations à des ouvrages collectifs, et de nombreux fanzines – et aborde souvent les thèmes de l’adolescence et de la fraternité.
Ses références cinématographiques, musicales et artistiques, souvent issues de la culture américaine, en font incontestablement un enfant de son époque.
À l’occasion d’un Samedi BD qui se tient le 12 janvier 2019 en marge de l’exposition Riad Sattouf, l’écriture dessinée, Max de Radiguès nous parle de son univers foisonnant.
 

Que lisiez-vous quand vous étiez enfant ?

Nous possédions beaucoup de bandes dessinées à la maison et je les lisais toutes, sauf celles trop réalistes ou avec trop de textes. J’adorais Gaston, Le Marsupilami, Petzi, Tom-Tom et Nana, Les Schtroumpfs sans oublier les indispensables Spirou et Tintin. Je me souviens que la découverte de Calvin & Hobbes a été importante. Les livres étaient souples, en noir et blanc et assez irrévérencieux aux yeux de l’enfant que j’étais. Le premier que j’ai reçu s’intitulait Debout, tas de nouilles ! Sur la couverture, on voyait Calvin en train de hurler sur ses parents. Je me sentais grand et un peu spécial de lire et d’apprécier ce livre…

Quels sont vos illustrateurs et artistes favoris ?

J’apprécie les illustrateurs qui ont fait du strip et de la jeunesse comme André François ou William Steig. Dans cette même génération, beaucoup d’auteurs me fascinent : Tomi Ungerer, Edward Gorey, Quentin Blake, Tove Jansson… J’aime aussi les artistes qui ont pratiqué la gravure comme Edgard Tytgat, Frans Masereel, Félix Vallotton ou James Ensor.
En bande dessinée, j’aime le travail d’auteurs américains comme Chris Ware, Daniel Clowes, Adrian Tomine, Tillie Walden, Charles Forsman, John Porcellino, Jordan Crane, Sammy Harkam, James Sturm…

Qu’aimez-vous écouter comme musique ?

Quand j’écris, c’est en silence, j’ai besoin de me concentrer. Quand je dessine, j’écoute des livres audio et des podcasts comme ceux produits par Radiotopia et Gimlet, ou ceux produits par la Nasa ou sur les technologies spatiales. Je ne comprends pas tout, mais ça me fascine.
Sur mon ordinateur, j’écoute Courtney Barnett, Eels, Ezra Furman, The Good the Bad and the Queen, Hamilton Leithauser & Rostam, R.E.M., The National et Whitney. Et puis mon fils de trois ans est obsédé par Michael Jackson et Chuck Berry, donc je les écoute en boucle avec lui.

Quels sont les films et les livres qui parlent le mieux de l’adolescence selon vous ?

Dans les années 1980 et 1990, beaucoup de films très justes et forts ont particulièrement bien traité la question. Je pense à Stand by Me de Rob Reiner, The Outsiders de Francis Ford Coppola, The Goonies de Richard Donner, ou encore les films de John Hugues. Il existe aussi de magnifiques séries comme Freaks and Geeks ou le récent The End of the F***ing World adapté de la bande dessinée éponyme de Charles Forsman.
En littérature, il y a plein de bons livres, de Sous le règne de Bone de Russel Banks à Harry Potter.
En bande dessinée, c’est plus compliqué. Dès qu’un auteur aborde le sexe, la drogue, l’homosexualité, la violence,… il risque de se retrouver en rayon adulte.

Que lisez-vous en ce moment ?

Dans mon sac à dos, j’ai L’Été des charognes de Simon Johannin, mais je ne l’ai pas encore commencé. Les derniers romans que j’ai lus sont L’Homme qui savait la langue des serpents de Andrus Kivirähk, Serena de Ron Rash, Premier sang de David Morrell et le magnifique Jeu blanc de Richard Wagamese.

Quelle BD nous recommandez-vous de lire ?

Il faut lire les livres de Nick Drnaso et de Noah Van Sciver. J’ai adoré Pittsburgh de Frank Santoro, le dernier Spirou d’Émile Bravo, Bolchoï Arena de Boulet et Aseyn.

Quel est le personnage de Riad Sattouf que vous préférez ?

Je suis le travail de Riad Sattouf depuis toujours avec Les Pauvres Aventures de Jérémie et Retour au collège, mais mon coup de cœur reste sa série jeunesse, Pipit Farlouse. Je suis déçu qu’il n’y ait jamais eu de troisième tome. Il est dans vos murs en ce moment, non ? Vous lui direz que je veux bien éditer l’intégrale !
Pour moi, Riad Sattouf est bien plus qu’un auteur humoristique. C’est quelqu’un qui va au bout de ses personnages, il est sans concession. J’aime le fait qu’une même personne soit capable de faire des livres aussi différents que Pascal Brutal et L’Arabe du futur.

Publié le 07/01/2019 - CC BY-NC-SA 4.0

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