Série

Appartient au dossier : Les robots, la BD et nous

Les robots, la BD et nous 1/4 : Du bon usage du deep learning
Souterrains, Romain Baudy, 2017

La première image de notre série consacrée aux intelligences artificielles en BD est tirée de Souterrains de Romain Baudy (2017).
De nombreuses bandes dessinées de science-fiction invitent androïdes et gynoïdes de service ou de combat dans des récits interstellaires aussi divertissants que fantaisistes. Mais lorsque les intelligences artificielles apparaissent dans des fictions graphiques plus réalistes, qu’est-ce que ces histoires racontent de notre rapport aux nouvelles technologies ?
Dans le cadre du cycle de rencontres proposé par la Bpi autour des intelligences artificielles, Balises a sélectionné quatre bandes dessinées contemporaines qui évoquent l’impact sur nos sociétés de technologies comme le deep learning, le transhumanisme, ou les réseaux de données. Suspense et émotion à la clé !

Un robot surpuissant surprend des mineurs
Souterrains, Romain Baudy (Casterman, 2017)

Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

Sur cette image extraite de Souterrains de Romain Baudy, un groupe de mineurs découvre, ébahi, la capacité de travail phénoménale d’un robot mis au point en secret pour les remplacer. Sous leurs ordres, le robot est censé assimiler chacun de leurs gestes jusqu’à devenir autonome.
Mais l’apprentissage devient finalement plus profond que prévu, au fil d’une histoire qui commence comme un conflit social, et se termine en empruntant les codes du fantastique.
Le trait classique mais affirmé et les couleurs vives rendent le récit efficace, et soulignent autant la dureté des conditions de vie des mineurs, que la richesse des univers traversés par les protagonistes à la surface et sous la terre.

Dans Souterrains, Romain Baudy utilise le personnage du robot pour explorer les rapports de domination qui façonnent nos sociétés depuis toujours.
Au fil d’une aventure qui conduit les personnages à découvrir une société esclavagiste dans les tréfonds de la terre, le robot apprend non seulement les gestes du travail, mais également la solidarité et l’esprit de sacrifice. D’abord considérée comme une ennemie des travailleurs, la machine, à leur contact, se révèle leur alliée.
L’auteur pose donc la question de la capacité d’apprentissage des robots, mais surtout celle de leur bon usage, au sein d’une société capitaliste dans laquelle le profit est la première cause de destruction de l’emploi et menace l’esprit d’entraide.

Publié le 09/10/2018 - CC BY-NC-SA 4.0

Sélection de références

Le Cas Alan Turing : histoire extraordinaire et tragique d'un génie

Éric Liberge & Arnaud Delalande
Les Arènes, 2015

Le Cas Alan Turing dresse le portrait de celui qui a permis de déchiffrer les codes nazis grâce à une intelligence artificielle pendant la Seconde Guerre mondiale, et qui s’est suicidé en croquant une pomme empoisonnée après sa condamnation pour homosexualité au début des années cinquante.
Le récit s’ouvre et se clos sur la mort de Turing, fait quelques incursions dans son enfance, et déroule principalement le fil des déductions qui lui ont permis de construire Colossus durant la guerre. Cette machine, ancêtre de l’ordinateur, constitue le “premier calculateur électronique fondé sur le système binaire, programmé à l’aide de panneaux tabulateurs” et doté “d’une mémoire électronique interne”. Au fil des pages, il est donc principalement question de formules mathématiques, de demandes de financements et de raisonnements logiques.
Le trait est réaliste et assez classique, alternant scènes de vie aux longs dialogues, et surimpressions qui matérialisent les intuitions, les rêveries et les fantasmes d’Alan Turing. Cependant, le dessin paraît ne prétendre qu’illustrer un discours didactique assez dense et parfois rébarbatif pour qui n’est pas féru de technologie, malgré une atmosphère de cauchemar ponctuellement assez envoûtante. Bref, Le Cas Alan Turing possède d’évidente vertus pédagogiques, mais peine à passionner son lecteur.

À la Bpi, niveau 1, AL CAS

L'Intelligence artificielle : fantasmes et réalités

Jean-Noël Lafargue & Marion Montaigne
Le Lombard, 2016

Gladys est un robot du futur, chargé de retourner en 2016 accompagné de son “cérébro-guide” Google pour comprendre comment humains et intelligences artificielles en sont arrivés à s’entre-détruire. A partir de cette trame fictionnelle, Jean-Noël Lafargue et Marion Montaigne retracent de manière ludique et synthétique les grandes étapes du développement des intelligences artificielles, en démontant les clichés qui leur sont associés.
Il est question de la vallée de l’étrange, du mythe de la singularité, de méthode cognitive ascendante ou encore de robots résilients, mais tout devient limpide grâce à l’entrelacement des informations et de l’humour, situé autant dans le texte que dans les images de Marion Montaigne. Tout en étant drôle à chaque page, ce petit livre n’oublie pas de souligner l’absence criante des femmes au fil de l’histoire des techniques informatiques, ou encore le pouvoir vertigineux de Google. Surtout, c’est par l’humour qu’il fait la démonstration de quelques écarts irréductibles entre humains et machines : rire, sens commun et pulsion de destruction n’appartiennent qu’à nous.

À la Bpi, niveau 1, RG MON I

Souterrains

Romain Baudy
Casterman, 2017

À la Bpi, niveau 1, AL SOU

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