Sélection

Ruppert & Mulot en 5 BD

Depuis 2006, Florent Ruppert et Jérôme Mulot publient ensemble leurs bandes dessinées, d’abord à L’Association et chez Dupuis. Tous deux dessinateurs et scénaristes, ils construisent leurs récits et produisent leurs dessins à quatre mains, à tel point qu’il est impossible de les différencier dans leurs planches. Leurs BD, aux histoires souvent saugrenues et teintées d’humour noir, sont toutes des expérimentations graphiques. Le duo a reçu le prix Révélation au festival international de la bande dessinée d’Angoulême en 2007 pour Panier de singe, et le prix Landerneau en 2012 pour La Grande Odalisque, réalisé avec Bastien Vivès.

À l’occasion de la rencontre avec Ruppert & Mulot, à la Bibliothèque publique d’information le jeudi 28 mars 2019, Balises vous propose de (re)découvrir le travail du duo à travers une sélection de bandes dessinées.

Publié le 21/03/2019 - CC BY-NC-SA 4.0

Sélection de références

Panier de singe

Ruppert & Mulot
L'Association, 2006

Panier de singe est un concentré de morbidité loufoque. Avec ses histoires courtes peuplées de mutilés, de sadomasochistes, de tueurs abjectes, cette BD a tout du vaudeville malfaisant et débridé. Pas véritablement de fil conducteur, si ce n’est la présence récurrente de deux photographes zoophiles qui réalisent des portraits avec des mises en scène déroutantes. Le tout est entrecoupé de phénakistiscopes coquins, ces objets précurseurs du cinéma qui donnent à voir des images en mouvement. On est piqués d’une curiosité enfantine de voir les représentations des images filmées par la caméra. Pour cela, il nous faudrait arracher les pages et suivre le mode d’emploi laissé par les auteurs à la fin du livre.

Florent Ruppert et Jérôme Mulot font dans le minimalisme graphique. Leur dessin est épuré avec parfois des répétitions de cases présentant d’infimes changements dans les mouvements des personnages. Mis à part quelques traits et quelques barbouillages pour les visages, c’est l’inexpressivité faciale qui domine. Les lieux anonymes et neutres forment un cadre d’inspiration idéal pour nos deux portraitistes voyeuristes.

À la Bpi, niveau 1, RG RUP P

Sol Carrelus

Ruppert & Mulot
L'Association, 2008

Au soir d’Halloween un bossu, Mr Hyde, un zombie, une momie et quelques autres sont accueillis par un savant fou dans un inquiétant château. Ensemble, ils font la fête et boivent une potion magique préparée par une pharmacienne déguisée en sorcière. Pendant ce temps des villageois, qui détiennent un étrange carnet, s’introduisent dans le château. La soirée prend alors une tournure inattendue…

Amateurs d’humour noir, Sol Carrelus s’adresse à vous ! Ruppert et Mulot y décomposent avec précision les mouvements de drôles de personnages sans visage et créent une absurde danse macabre. Tout en dégradé de gris, et en s’employant à un habile jeu sur les perspectives, cette BD est une belle expérience graphique, sombrement loufoque.

La Grande Odalisque

Ruppert & Mulot, Bastien Vivès
Dupuis, 2012

Carole et Alex sont amies. La première est réfléchie et rigoureuse, la seconde est désinvolte et spontanée. Elles sont également voleuses d’œuvres d’art. Lorsque leur commanditaire leur propose de dérober La Grande Odalisque d’Ingres au Louvre, elles recrutent Sam, championne de moto et de chessboxing. Le trio est formé pour se lancer dans cette aventure hors du commun.

Avec un tel décor, comment ne pas penser à Signé Cat’s Eyes, le manga japonais des années 1980, dont cette BD se fait la douce parodie ! Le trio Vivès, Ruppert & Mulot donne vie, avec un enchaînement d’action loufoques, à un scénario culotté, porté par un dessin délicat et des couleurs douces.

À la Bpi, niveau 1, AL GRA

Les Week-ends de Ruppert & Mulot

Ruppert & Mulot
Dupuis, 2016

Entre 2014 et 2016, Ruppert et Mulot réalisent cinquante-deux strips pour le supplément Culture & Idées du journal Le Monde. La commande comporte néanmoins une contrainte : composer une BD rentrant dans une colonne du Monde, soit dans une bande de 36 cm de haut et 5 cm de large. Les deux auteurs transforment cette consigne en une forme narrative originale et produisent, comme à leur habitude, des saynètes grinçantes. Le lecteur est tenu en haleine, de haut en bas, par le sens de lecture du strip qui donne alors une dimension vertigineuse à la chute.

Les fenêtres verticales d’humour noir de Ruppert et Mulot donnent sur les ruines d’un temple grec, sur une avalanche en montagne ou sur les profondeurs d’un océan et parviennent à faire entrer un orchestre ou une équipe de basket dans un cadre pourtant restreint.
Drôle et efficace !

À la Bpi, niveau 1

Portrait d'un buveur

Ruppert & Mulot, Olivier Schrauwen
Dupuis, 2019

Triste personnage, ce Guy ! Quand il n’est pas en mer à exercer son métier de charpentier, il mendie en chantonnant une ritournelle idiote et irritante, puis boit ce qu’il gagne ou ce qu’il vole. Gare à ceux qui trouvent à y redire, car il n’hésite pas à éliminer définitivement les problèmes à coup de couteau. Ce gibet de potence n’a décidément aucune morale, ni dignité, et se tire de toutes les situations. Quand son navire est attaqué par des pirates, il s’empresse de se cacher et de chercher à tirer profit de la situation pendant que les marins se font tuer, puis sauve sa peau en se faisant enrôler par les pirates… Les bitures et les aventures de Guy sont suivies depuis une sorte de monde parallèle par ses victimes, devenues fantômes. Tout comme elles, on se demande quel nouveau méfait cet ivrogne sans foi ni loi va commettre. Guy avance en titubant, sans autre but dans la vie que de boire et chercher les mauvais coups…

On retrouve tout l’humour au vitriol des auteurs dans ce Portrait d’un buveur. Les dessins sont parfois très détaillés et colorés ou, au contraire, réduits à des esquisses au trait, sans couleur. Les personnages n’ont alors plus de visages, comme souvent dans les albums du duo. Les frontières entre la vie et la mort, entre la réalité et les cauchemars d’ivrogne, entre le rire et le dégoût sont floues. Vous êtes embarqués dans l’univers de Ruppert et Mulot…

À la Bpi, niveau 1. AL POR

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