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13, 14, 15 webdocumentaires
Au web citoyens !

Pour sa 5ème édition, la manifestation Singulier/Pluriel, les webcréations documentaires, s’est attachée à présenter des œuvres issues du web à partir de deux thématiques : l’engagement et la crise migratoire ; en mettant l’accent sur la façon dont Internet permet de s’engager et donner une voix à ceux qui n’en n’ont pas.
Voici trois créations présentées lors des rencontres des 11 et 12 mai au Centre Pompidou.

Un documentaire sonore :
Celui qui n’a pas de terre n’a le droit qu’à une mer agitée

écrit et réalisé par Marion Cros et Lama Kabbanji (Radio Grenouille)


Ce documentaire suit le parcours de trois Palestiniens-Syriens, issus du camp de Yarmouk (Damas). Séparés par l’exil, ils sont ici réunis à travers leurs récits.

Quand Lama Kabbanji retourne fin 2013 au Liban dans le cadre de ses recherches, elle y rencontre des réfugiés syriens et recueille leur témoignage. Elle propose à Marion, artiste sonore, d’utiliser ce matériau unique pour créer un documentaire sonore. Elles mettent en commun leurs connaissances, l’une avec son expérience en recherches socio-linguistiques, l’autre avec son expérience mêlant création et technique. Au cours de leurs allers-retours entre la France et le camp de Yarmouk, toutes deux enregistrent les paroles qui entourent le quotidien des réfugiés, mêlées à des conversations avec leurs proches, et récupérant également les sons qu’ils ont récolté tout au long de leur exil.
Il y a entre autres Tamin, 21 ans, danseur, qui a réussi à trouver asile en Allemagne et Raed, 19 ans, musicien, rappeur, parti plus tard aux Pays-Bas. Ils ont le sentiment d’être nés réfugiés, avec leur destin mêlé à ce conflit.
Ces paroles sont d’une extrême sensibilité et très émouvantes. On a l’impression qu’ils nous parlent, et on a envie de les rencontrer, de les aider. Ce qu’ils vivent est très dur et tout ce qu’ils veulent, c’est devenir citoyen quelque part.
Deux versions du documentaire existent, l’une en arabe intégral, l’autre avec un doublage français, réalisé dans les studios de Radio Grenouille à Marseille.
> Ecouter sur le web
 

Marion Cros est réalisatrice indépendante. Aujourd’hui artiste-associée à l’école supérieure d’art de Bourges, elle mène une recherche théorique et plastique sur le phénomène de la provocation d’un désordre bruyant, isolé ou collectif, dans les situations de révolution.
http://www.marioncros.net

Lama Kabbanji est chercheuse à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), au Centre Population Développement (CEPED). Ses recherches portent sur les migrations internationales.
http://www.ceped.org/kabbanji-lama
Illustration du documentaire Celui qui n’a pas de terre

Un projet transmédia d’interaction et d’activisme contre l’impunité des violences sexuelles dans les conflits armés :
Zéro impunity

de Stéphane Hueber-Blies, Nicolas Blies, Marion Guth (a_BAHN / Camera Talk Productions / Melusine Productions / Webspider)


Enquêtes de terrain, manifestation virtuelle, actions concrètes, et enfin un film d’animation qui sortira en salles à la rentrée, ce projet multiple est très ambitieux.

Au départ, il s’agit d’une rencontre avec une survivante du génocide rwandais, qui craignait de parler des risques encourus. L’idée est ainsi née d’un désir de libérer la parole.

Six contextes, onze journalistes coordonnés par Léila Minano :
1ère enquête lancée : les exactions de l’armée française, Opération Sangaris, en Centre Afrique.
2e enquête : les violence sexuelles à Guantanamo et autres prisons secrètes.
3e enquête : les enfants dans les prisons de Bachar el-Assad, notamment le témoignage d’une jeune fille de 11 ans qui a été emprisonnée quarante-cinq jours et qui a subi des viols après avoir eu des injections d’hormones de croissance.
4e enquête : l’ONU.
5e enquête : l’Ukraine et les forces russes.
6e enquête : la Cour pénale internationale.

Les trois créateurs du site se sont vus confrontés à beaucoup de menaces des « inculpés » et à de nombreuses difficultés à obtenir des informations. Les six enquêtes présentent les témoignages, agrémentés de photos, de dessins et de contextualisation historique et politique.
A l’issue des enquêtes, quatre pétitions ont été lancées, pour s’engager sur des actions concrètes. La signature d’une pétition permet de rejoindre « la marche virtuelle » qui a été créée le 19 juin. Elle propose une data visualisation des engagements de chacun.
> Consulter le site web

Capture d'écran du site Zéro impunity

Un jeu vidéo pour smartphones :
Enterre-moi, mon amour

de Pierre Corbinais et Florent Maurin (The Pixel Hunt)


Une histoire de migration et d’amour, celle de Nour qui quitte la Syrie laissant son mari Majd qui devrait la rejoindre plus tard.

Ce « jeu » s’inspire de récits réels, notamment de l’histoire de Dana, jeune syrienne aujourd’hui réfugiée en Allemagne. A partir des messages Whatsapp que l’héroïne échange avec Majd, le joueur suit le long périple à travers l’Europe. Il se met à la place du mari et répond aux situations sur le vif, des questionnements de Nour aux difficultés qu’elle rencontre. Selfies, emoticons, vidéos… Cette crise migratoire vécue de loin devient réelle et intime. Le joueur est totalement ancré dans le réel, si bien qu’il peut se passer un moment avant que Majd obtienne des nouvelles de sa compagne. Il est alors informé par une notification, comme le ferait n’importe quelle application de messagerie. Au total, ce sont pas moins de vingt fins différentes qui peuvent être débloquées, de la plus joyeuse à la plus dramatique. On sait l’importance et le rôle des smartphones pour les migrants pour qui cet outil est primordial et parfois « sauveur ». L’objectif est bien de sensibiliser les joueurs aux obstacles que peuvent rencontrer ces personnes qui fuient un régime totalitaire, dans une odyssée tragique et douloureuse.
Sortie courant août 2017.
> Consulter le site de l’application

Capture d'écran du jeu mobile Enterre-moi mon amourImage du jeu mobile Enterre-moi mon amour

Publié le 13/07/2017