Série

Appartient au dossier : Georges Demenÿ, pionnier du sport et du cinéma

Georges Demenÿ : Étudier le mouvement

La première image de notre série consacrée au pionnier du sport et du cinéma Georges Demenÿ montre les étapes d’un saut en hauteur effectué par un athlète en 1906.
Pour accompagner la rétrospective que la Cinémathèque du documentaire consacre, à l’automne 2019, aux documentaires sportifs, Balises analyse cinq images réalisées par Georges Demenÿ. Au début du vingtième siècle, ce théoricien de la gymnastique développe la chronophotographie afin d’analyser les gestes des athlètes, jusqu’à inventer les premières caméras utilisées par Gaumont.

Un haut effectue un saut en hauteur
Chronophotographie d’un saut en hauteur par le moniteur Steiner, École normale de gymnastique de Joinville-le-Pont, 1906 © Georges Demenÿ / INSEP iconothèque

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Étienne-Jules Marey invente en 1882 le « fusil photographique », un appareil qui impressionne des prises de vues sur différents segments d’une plaque de verre photosensible. Lorsque le support en celluloïd souple est inventé en 1889, le physiologiste fait évoluer son invention en collaboration avec Georges Demenÿ : le procédé permet désormais d’enregistrer environ douze images par seconde, à chaque fois sur un fragment différent de pellicule. La chronophotographie est née.

De la photographie au cinéma

L’objectif d’Étienne-Jules Marey est scientifique : il souhaite étudier la manière dont les animaux et les humains se déplacent. Dès ses premiers clichés en 1882, il photographie des chèvres, des chiens et autres animaux, ainsi que des sportifs en mouvement.

La chronophotographie de Marey et Demenÿ ne comprend pas de système de projection qui recompose le mouvement, à l’inverse du kinétoscope d’Edison et Dickson en 1891 et du cinématographe des frères Lumière en 1895. Georges Demenÿ résout ce problème entre 1891 et 1894 en inventant le « phonoscope ». Il vend ses brevets à Léon Gaumont, qui rebaptise son invention « bioscope » et s’en sert pour tourner ses premiers films. En dix ans, la recherche sur le mouvement participe activement à donner naissance au septième art.

Décomposer le geste parfait

La Chronophotographie d’un saut en hauteur montre le moniteur Steiner, qui est le sujet de plus de quatre-vingts chronophotographies, en train d’effectuer un saut. Steiner est presque nu pour que le fonctionnement dynamique de ses muscles dans le processus de la course, de l’appel, du saut et de la réception soit visible. Le geste est capté sur fond noir afin qu’aucun détail ne parasite l’analyse. En bas de l’image, des jalons permettent de mesurer l’amplitude des mouvements. Chaque photographie étant effectuée à environ 1/12e de seconde d’intervalle, ces jalons permettent également de calculer le temps des déplacements du sportif.

Grâce à cette image, Demenÿ étudie par exemple le déplacement du centre de gravité à chaque étape de l’enchaînement, la durée de l’appel avant le saut, les fonctions complémentaires des muscles antagonistes… Le théoricien espère ainsi recueillir le geste-type d’un corps aux aptitudes optimisées par l’exercice quotidien.

Retrouvez le programme complet du cycle « Plus vite, plus haut, plus fort. Filmer le sport » sur cinemathequedudocumentairebpi.fr

Publié le 02/10/2019 - CC BY-NC-SA 4.0

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