Sélection

Les séries françaises se portent bien

Balises vous propose de découvrir des séries françaises récentes, en écho au SamediSéries, un événement organisé par la Bibliothèque publique d’information et Télérama en novembre 2019.

Les séries françaises n’ont presque rien à envier aux productions étrangères. Depuis une dizaine d’années, des propositions exigeantes apparaissent sur les écrans. Beaucoup de séries proposent des intrigues captivantes et mettent en scène des personnages complexes, dans des décors naturels qui accentuent le réalisme. Des productions de grande ampleur et des castings prestigieux permettent aux séries françaises d’occuper une place honorable sur le marché international. Enquêtes policières, humour, science-fiction, etc., tous les genres sont représentés.
Balises vous propose de découvrir quatre séries produites en 2019.

Publié le 22/11/2019 - CC BY-SA 3.0 FR

Sélection de références

Le Bazar de la charité

Catherine Ramberg et Karine Spreuzkouski
Quad Télévision, 2019

En 1897, une soirée donnée en l’honneur d’une œuvre de charité réunit les grands bourgeois de la ville. Soudain, un grand incendie met tragiquement fin à la réception et coûte la vie à plus d’une centaine de personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants.
Dans le premier épisode, presque en temps réel, la série raconte l’horreur de la catastrophe qui terrasse surtout les femmes, écrasées par les hommes dans leur fuite.
À l’instar du naufrage du Titanic, cet événement est une parfaite illustration de la hiérarchie entre les classes sociales et entre les hommes et les femmes. Le fait divers offre un exemple saisissant du décalage entre cette hiérarchie représentée et la validité des valeurs dont les classes dominantes se réclament pour fonder l’ordre établi. Pas de mérite, ni de noblesse dans les actes de panique et de lâcheté des bourgeois présents à la soirée, qui sacrifient les autres sans hésiter pour sauver leur propre vie.

La série est une reconstitution rythmée et stylisée de la Belle Époque. L’effet de réalisme se trouve toutefois atténué par la présence de quelques personnages archétypaux dans la foule des victimes, comme la jeune fille en détresse, le bourgeois cynique ou le jeune anarchiste romantique.

L’Effondrement

Guillaume Desjardins, Jérémy Bernard et Bastien Ughetto
Canal +, 2019

Construite en huit courts récits, la série imagine les étapes de l’effondrement possible de notre civilisation. Les décors se succèdent : le supermarché, la pompe à essence, la centrale nucléaire, la maison de retraite, lieux emblématiques de notre société de consommation et symboles de notre dépendance dans un monde globalisé. Même dans le lieu de résistance qu’est la ferme survivaliste, nous assistons, stupéfaits, à la désorganisation généralisée.

Pour chaque histoire, un personnage est suivi caméra à l’épaule. Qu’il s’agisse d’un héros impuissant ou d’un salaud décomplexé, tous témoignent d’une solitude grandissante, dans le chaos d’une société en train de se désintégrer. L’Effondrement est terriblement vraisemblable car les situations sont décrites avec une grande justesse et la mise en scène est parfaitement maîtrisée.

La Guerre des mondes

Howard Overman
Gareth Williams, 2019

Au 21e siècle, après une attaque extra-terrestre, des individus tentent de survivre des deux côtés de la Manche. Les membres des familles anglaises et françaises sont dispersés. Ils mettent tout en œuvre pour se retrouver. Cependant, une panne magnétique tue les humains instantanément et provoque la déconnexion des appareils numériques et électriques. Les quelques rescapés sont rassemblés dans des lieux où les ondes ne passent pas. Ils ne peuvent plus communiquer avec l’extérieur.

La série n’est pas une adaptation fidèle du roman de H.G. Wells, mais s’inspire fortement de son univers. Cette série nous invite à suivre le parcours des quelques réchappés perdus au milieu d’un monde fantomatique vidé de son humanité. Nous découvrons l’histoire de chacun des personnages et saisissons les enjeux de leurs relations dans ce contexte de survie. La série offre une intéressante réflexion sur l’humanité au moyen d’une mise en scène soignée.

Mytho

Fabrice Gobert et Anne Berest
Unité de production, Arte France, 2019

Dans une banlieue qui rappelle Wisteria Lane, le quartier résidentiel de la série Desperate Housewives, vit une famille dont les membres ont du mal à communiquer.
En son centre, la mère, bête de somme résignée, y compris au bureau où elle exécute un travail alimentaire inintéressant, fait vivre la maisonnée. Dépassée, elle échoue à se faire entendre jusqu’au jour où un malentendu à propos de son état de santé change les comportements des autres membres de la famille à son profit.

Comédie de mœurs familiale, la série enchaîne les rebondissements et quiproquos obligeant les personnages, anti-héros hétéroclites et délicieux d’humanité, servis par un casting très réussi, à évoluer en permanence. Sous des apparences de légèreté, la série aborde la très sérieuse question de notre rapport à la vérité, interrogeant les vertus du mensonge, le fondement des liens véritables qui nous unissent et l’importance de la représentation sociale.

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