Questions/Réponses

Peut-on découvrir une nouvelle couleur primaire ?

Je me pose plusieurs question concernant la couleur : peut-on en découvrir une nouvelle, par exemple en explorant de nouvelles planètes ou en mélangeant des couleurs à un certain dosage jamais essayé donc non référencé ?
Mais aussi du point de vue neuronal : voyons-nous tous les mêmes nuances ? Un aveugle de naissance peut-il imaginer une couleur ?
Photo de poudres de couleurs vives
By Skeeze [CC0 Public Domain] via Pixabay

Je pense qu’il faut partir de la définition de la couleur : la couleur n’a pas d’existence matérielle dans le mode réel, mais n’est que le fruit d’une interprétation sensorielle qui nous fait croire que tous les objets sont peints avec une couche de couleur naturelle. Le site profil-couleur et wikipedia l’expliquent très bien. Concernant les nouvelles couleurs, nous vous conseillons de lire ce TPE.

Nous vous conseillons aussi de consulter ce cours sur la couleur et la lumière dans lequel il est expliqué que la lumière est une onde électromagnétique et que la couleur est la perception que nous avons des différentes longueurs d’onde ou l’inversement des fréquences qui caractérisent ces ondes. Ces deux grandeurs fréquences et longueur d’onde sont étroitement liées.

Références bibliographiques

Ces livres sont consultables à la bibliothèque de la Cité des sciences et de l’industrie :

Science de la couleur, aspects physiques et perceptifs
Robert Sève, Chalagam, 2009, 369 p.
L’ouvrage montre la liaison de la couleur avec la physique, la photométrie, la physiologie, le langage. Ensuite il développe les principes de la colorimétrie et les théories actuelles en science des couleurs, tout en indiquant leur application à des problèmes concrets : pratique des calculs, représentation des mesures, problèmes du métamérisme et du rendu des couleurs, évaluation de la blancheur.

Couleurs et lumière
Chérif Zananiri, Ellipses, 2001 vol, 192 p.
Concernant le point de vue psychologique, on peut lire dans Vision des couleurs et daltonisme du Dr Philippe Lanthony (Ed .Ediss, 2001) :

La couleur est décrite au moyen de ce qu’on appelle les trois attributs psychologiques de la sensation colorée ; ce sont :

– La tonalité (ou teinte) qui s’exprime dans le langage par des termes spécifiques comme « bleu », « vert », « jaune », « rouge ». La tonalité est une donnée sensorielle immédiate, qui ne requiert pas d’explication. […]

– La luminosité, qui décrit la couleur comme sombre ou claire, quand il s’agit d’une source produisant de la lumière. Pour les couleurs de surface il faut parler de « clarté », ce qui correspond à la « valeur » des peintres.

– La saturation, qui décrit le niveau de coloration depuis les couleurs ternes (proches du gris), pâles (proches du blanc), ou rabattues (proches du noir), jusqu’aux couleurs vives et pures.

Il existe une relation entre les paramètres physiques qui décrivent le stimulus de couleur et chacun des attributs sensoriels. Au niveau de la sensation colorée, le processus de la vision colorée n’est pas terminé ; en fait succèdent à ces étapes toute une élaboration cognitive, liée à la mémoire, à la reconnaissance, au langage, dans laquelle presque tout le cerveau est engagé, comme pour toute perception et rapport du sujet à son environnement. (p.9-10)

Sur les dégénérescences visuelles

En complément, voici un article extrait du Dictionnaire de l’Académie de médecine sur la sensibilité chromatique :

Capacité de différencier des contrastes de teintes ou niveaux de coloration (saturation) indépendamment de leur luminance.

La sensibilité chromatique a pour origine les trois types de cônes [les cônes sont des cellules spécialisées de la rétine appelées photorécepteurs] sensibles à des gammes différentes de longueurs d’onde qui se chevauchent. La sensation colorée est le résultat de l’intégration centrale très précoce des signaux issus des trois types de cônes. En conséquence, chaque couleur, même les couleurs primaires, ne dérive pas de l’activité d’un seul type de cône. Le développement de la vision des couleurs est très précoce chez l’homme. Le signal chromatique parvient au cortex dès la fin du premier mois ; à 3 mois, le nourrisson répond à toutes les teintes, mais avec une sensibilité plus faible que celle de l’adulte. La sensibilité augmente jusque vers l’adolescence pour se dégrader lentement avec l’âge pour des raisons optiques et physiologiques. La vision chromatique fait souvent l’objet d’un déficit congénital appelé daltonisme.

Sachez enfin que certaines personnes souffrent d’une anomalie visuelle appelée « achromatopsie », c’est-à-dire, selon l’article sur le Dictionnaire de l’Académie de médecine :

Absence totale de vision des couleurs qui s’accompagne le plus souvent d’une atteinte de l’acuité visuelle, de photophobie et de nystagmus. La plupart des achromatopsies ont une origine rétinienne, mais on connaît des variétés d’origine centrale, se rapprochant des agnosies. Elles résultent alors de lésions du cortex occipital. Nystagmus et photophobie, acuité de 1 à 2 dixièmes de loin, vision meilleure en lumière tamisée et vision de près bonne avec forte addition. Fond d’œil normal et rétine normale en angiographie. ERG normal en scotopique et absent en photopique. Les cônes sont présents mais ne fonctionnent pas correctement. L’achromatopsie incomplète liée au sexe connue sous le nom de monochromatisme au bleu a des réponses en photopique au bleu à l’ERG. La fréquence est estimée à 1/330000. L’affection est autosomique récessive (MIM 216900); exceptionnellement dominante.

Le neurologue Oliver Sacks s’est intéressé à cette anomalie dans son ouvrage L’île en noir et blanc (Seuil, 1997) où il relate la vie des habitants d’une île du Pacifique qui ne perçoivent pas les couleurs et vivent donc dans un monde en noir et blanc.
Quant à la perception des couleurs par les aveugles, l’artiste Sophie Calle s’y est beaucoup intéressée, et notamment dans son travail La couleur aveugle (1991). Vous pourrez trouver plus de renseignements sur le site des éditions Lire dans le noir. 

Enfin si vous souhaitez en savoir plus sur la couleur, vous pouvez parcourir ce dossier très documenté du Centre national de la recherche scientifique (Cnrs) avec des vidéos.

Cordialement,
Eurêkoi – Bibliothèque des sciences et de l’industrie

Publié le 13/02/2015 - CC BY-SA 4.0

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