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Appartient au dossier : Einstein 100 ans après…

L’univers noir, la face obscure de la théorie d’Einstein

Découverte il y a une trentaine d’années, la matière noire, qui composerait 95 % de l’univers, reste largement invisible et inconnue. Son existence — encore hypothétique — remet partiellement en question le modèle de la relativité générale élaboré par Einstein. Croisant les connaissances scientifiques avec la mythologie, une rencontre de 2016 entre Guillaume Duprat, illustrateur et cosmographe et Pierre Salati, astrophysicien, interroge les récits existants sur l’univers.

L’univers en expansion

Il y a 13,7 milliards d’années, l’univers naissait à la suite d’une explosion de matière : le Big Bang. Edwin Hubble  établit dès les années trente que les amas d’étoiles s’éloignent les uns des autres à la suite de cette explosion. L’observation des supernovas permet de suivre assez précisément l’espacement des galaxies. Ceci aboutit à une nouvelle découverte : contrairement à ce qui était pressenti, loin de ralentir, l’expansion de l’univers va en s’accélérant. 

Ce phénomène d’accélération ne peut s’expliquer que par l’existence d’une matière et d’une énergie, encore indétectables, qui formeraient 95 % de l’univers. Les chercheurs ne sont pas encore parvenus à identifier cette matière : ni les observations cosmologiques ni les expériences via des collisionneurs de particules n’ont permis de la repérer.

Des univers imaginaires

Le récit scientifique reste donc largement incomplet. Est-il pour autant pertinent de le comparer à d’autres récits, issus de sociétés anciennes ou traditionnelles ? Selon Guillaume Duprat, illustrateur et cosmographe, si les imaginaires se valent, le cadre de pensée diffère. Contrairement à la cosmologie scientifique, les cosmologies traditionnelles superposent plusieurs types de discours : religieux, moral, philosophique. Elles interrogent l’Être plutôt que l’espace : ce sont les habitants de notre univers qui sont d’abord concernés, bien avant les objets lointains. 

Par exemple, chez les Babyloniens et dans la Genèse, la cosmologie est essentiellement religieuse. Elle s’appuie sur la vision des cieux et le pressentiment de leur création par un dieu. Si on décale le regard vers d’autres cultures, on trouve des cosmologies très variées : ainsi pour les hindous, l’homme n’est pas au centre de l’univers. 

L’invisible éclaire le visible

Avec la matière noire, les scientifiques convoquent la notion d’invisible pour expliquer l’univers ; notion que l’on retrouve dans toutes les cosmologies traditionnelles. Le visible et l’invisible s’articulent, dans de nombreux récits traditionnels, pour former un univers stable. La stabilité est aussi apparue comme évidente aux scientifiques occidentaux : l’idée d’un univers en expansion a d’abord été refusée par les chercheurs, à commencer par Einstein.

Certaines cosmographies asiatiques ont pourtant envisagé un univers dynamique. Les Indiens Hopis et Navajos ont quant à eux eu l’intuition d’un univers en expansion, tandis que les Mayas et les Aztèques ont imaginé un univers constitué par étapes et qui évolue dans le temps.

Publié le 07/11/2016 - CC BY-SA 3.0 FR

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