Questions/Réponses

En quoi la symbolique du triangle est-elle liée à la femme ?

Dans les sociétés primaires ou antiques, le sexe féminin était représenté par un triangle avec la pointe vers le bas. Une symbolique du triangle qui continue à être très fortement liée à la femme.

Photographie de la statuette de la Vénus de Willendorf
By Bev Sykes [CC BY 2.0], via Flickr

Dictionnaires et encyclopédies

Petit Dictionnaire des symboles, Brepols, 1992

« Avec la pointe vers le bas, le triangle est un symbole de l’eau et de la femme » (p. 306)

Petit Larousse des symboles, Larousse, 2006

« Le triangle équilatéral renversé (l’apex vers le bas) est, étant donné sa ressemblance au sexe féminin, un symbole de pluie et de fertilité » (p. 622)

On retrouve cette signification dans l’article Symbolique du triangle de Wikipedia :

« Dans certaines sociétés traditionnelles, c’est le symbole de la femme, car c’est la forme de la pilosité pubienne ; par exemple, le foyer (feu) entretenu par la femme est constitué de trois pierres ».

Dans l’encyclopédie Universalis, l’article Egéen monde d’Olivier Pelon apporte des précisions :

« À côté de petites figures schématiques en forme de violon, des statuettes de quelques dizaines de centimètres ou des statues de taille humaine continuent la tradition de la grande déesse néolithique. Le modèle n’a pas changé : elles sont debout, nues, les bras repliés sur le ventre ou sur la poitrine. Mais le type est entièrement nouveau. Au lieu de l’exagération des formes qui caractérise la plupart des créations néolithiques, les statues cycladiques ont de longs membres grêles, les seins à peine marqués, et toute stéatopygie en est absente. C’est pourtant la même idée de fécondité qui se trouve ici matérialisée, comme le prouve l’indication à peu près constante du triangle sexuel, incisé. Mais tout s’est en quelque sorte géométrisé, le corps entier s’inscrit dans un réseau de lignes pures. L’œuvre apparaît comme désincarnée et quelques rehauts de couleur ne devaient pas modifier l’impression qu’elle donne maintenant. »

À la Bpi

Les Cyclades : 3 000 ans avant J-C
Bérénice Geoffroy-Schneiter, Assouline, 1999
Archéologue et historienne de l’art de formation, B. Geoffroy-Schneiter évoque l’art de la civilisation des Cyclades, une myriade de petites îles grecques, avec leurs énigmatiques « idoles » taillées dans le marbre et leurs statues pour certaines proches de la grandeur naturelle.
À la Bpi, niveau 3, 703.6 GEO

L’Art égéen : Grèce, Cyclades, Crête jusqu’au milieu du IIème millénaire av. J-C
Jean-Claude Poursat, Picard, volume 1, 2008
Vous pouvez consulter les chapitres 4 (Figurines et maquettes d’objet) et 9 (La sculpture).
À la Bpi, niveau 3, 703.6 POU

Cycladic Art
J. Lesley Fitton, British Museum, 1989
À la Bpi, niveau 3, 703.6 LES

« Au temps de la déesse » par Achille Weinberg, Sciences Humaines, n°189, 2006, p. 27

« Dans nombre de sociétés sans écriture, les artistes représentent les femmes non seulement par une silhouette féminine, mais parfois par une simple partie du corps : seins, fesses, yeux… Le triangle pubien est aussi souvent présent. La façon la plus simple, la plus géométrique et la plus universelle de le représenter consiste à tracer un V. Si le V est donc le symbole de la femme, M. Gimbutas pense que les nombreux motifs en chevron (deux V superposés) désignent aussi le sexe féminin. De même, comme on retrouve souvent associés la figure du V et des chevrons gravés sur des céramiques en forme d’oiseau, M. Gimbutas en déduit que la figure de l’oiseau est également un symbole féminin. En admettant cette convention (V, chevrons simples, doubles ou triples, figures d’oiseaux, seins…), il est alors apparu que le signe de la femme est omniprésent dans toute l’Europe du Sud-Est. »

Pour aller plus loin

La Civilisation égéenne – tome 1 : du néolithique au Bronze récent
Nicolas Platon, Béatrice de Tournay, Albin Michel, 1981
[lire l’extrait]

À Malte

« Matriarcat de Malte et des Cyclades (néolithique) : temples-utérus mégalithiques de la déesse-mère »
Le Mouvement Matricien
Skorba – aussi orthographié Sqolba – est le site d’un ensemble de temples mégalithiques, situé à Żebbieħ au nord-ouest de l’île de Malte. Ce site est particulièrement important pour documenter la préhistoire maltaise puisqu’il a été occupé sur deux millénaires, du début de la phase Għar Dalam (5 400 av. J.-C.) à la fin de la phase Tarxien (2 500 av. J.-C.). La fouille du site a mis au jour des os de bovidés sculptés par frottement en forme de phallus, des crânes de chèvres fracturés et surtout des figurines de pierre et de terre cuite. Ces figurines, les plus anciennes à Malte, représentent des torses féminins avec une poitrine stylisée et un triangle pubien bien marqué. David H. Trump associe cet ensemble de statuettes féminines au culte d’une « déesse mère » ou d’une « déesse de la fécondité » qui favoriserait la productivité de la terre.

En Inde

« Yoni : triangle sacré », traduit et adapté d’un extrait du livre The Yoni de Rufus C. Camphausen, par Ishara Labyris

« Des divers symboles géométriques qui représentent le Yoni, le plus connu est le triangle pointant vers le bas et le vescia piscis, ou mandorla. Plusieurs peintures religieuses et diagrammes ésotériques incorporent au moins un de ces symboles afin de transmettre un message d’hommage au Yoni…»
[lire le passage]

En Anatolie Centrale

« Fragments d’un langage oublié : la symbolique dans les kilims », Marc-Antoine Gallice et Ahmet Diller

« Ce symbole remonte à la période magdalénienne (environ 15 000 avant J.C.). Selon l’abbé Breuil, célèbre paléontologiste, le losange représentait la vulve et en conséquence la matrice de la vie. À Çatalhöyük un bas relief représente une déesse enceinte. Elle porte sur le ventre deux cercles concentriques qui indiquent sa grossesse et sur la poitrine des losanges qui symbolisent sa féminité. Son sexe est symbolisé par un triangle. De même chez les Sumériens l’idéogramme repré- sentant le mot femme est un triangle fendu qui évoque le pubis féminin. Selon le principe de dualité qui régit la nature les motifs des kilims se dédoublent comme s’il se reflétaient dans un miroir. Le triangle devient alors un losange. Chez les Hittites, on trouve des symboles rituels solaires de forme losangique. Or, en Anatolie, cet astre est de nature féminine. De nos jours, les tisserandes turques interprètent le losange comme le symbole du sexe féminin. D’ailleurs, dans la région de Nigde, les nomades appellent ce motif dudak (les lèvres), terme qui s’applique familièrement au sexe féminin. »


Cordialement,
Eurêkoi – Bibliothèque publique d’information

Publié le 27/06/2017 - CC BY-SA 3.0 FR

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