Qui est John Cage (1912-1992) ?
Célébrer la mémoire de John Cage, qui aurait eu cent ans en 2012, dans une bibliothèque ? Nul doute que le musicien, performeur, poète et penseur aurait trouvé l’idée cocasse; lui dont la pratique, comme celle de Dada, Duchamp ou Satie, défie le monde de l’art et ses institutions.
Enfin Joëlle Léandre, contrebassiste dont l’œuvre est tissée de multiples rencontres (de Cage à Steve Lacy en passant par Fred Frith), ponctua cette soirée de sa « mémoire vive ».
John Cage naît en 1912 à Los Angeles, où il découvre le piano enfant. Après avoir voulu devenir architecte, il étudie la composition avec Arnold Schönberg, alors exilé en Californie. Ces deux expériences le convainquent qu’il ne pourra jamais consacrer son existence entière à une seule discipline, une seule tradition.
À partir des années quarante, son œuvre musicale commence ainsi à croiser les enjeux d’autres disciplines, comme la danse (avec la rencontre décisive de Merce Cunningham, à laquelle il doit la technique du piano préparé qu’on entend par exemple dans les Sonates et Interludes), les arts plastiques (les White Paintings de son ami Robert Rauschenberg, notamment) ou la philosophie (celle de H.D.Thoreau imprègnera durablement sa pensée, son rapport au silence et à la nature, tout comme le bouddhismezen).
Les années cinquante révèlent au monde l’originalité de Cage, avec la fameuse partition de 4’33’’(qui à la fois prescrit de s’abstenir de jouer pendant cette durée, et ouvre la voie à l’indétermination), les Music of Changes inspirées du Yi-King, les uvres graphiques commeCartridge Music. Parmi les compositeurs réunis à Darmstadt (Stockhausen, Berio, Boulez),Cage fait figure de trublion, à la manière d’un Satie (ou d’un Duchamp, deux figures auxquelles il se réfère souvent). Mal accepté par ses pairs européens, son travail détermine en revanche outre-atlantique l’essor de toute une génération de compositeurs (Earle Brown, Morton Feldman etChristian Wolff, entre autres). Il est un pilier de l’enseignement dispensé au Black Mountain College, université connue pour la place qu’elle fait aux pratiques artistiques et modes de vies alternatifs. Surtout, il irradie la sphère artistique entière, le mouvement Fluxus (à travers des figures comme Nam June Paik, Yoko Ono ou Joseph Beuys) ayant reconnu Cage, aux côtés deDada ou Duchamp, comme source d’inspiration majeure. A l’instar de son Roaratorio, véritable pérégrination dans les entrelacs complexes de Finnegans Wake de Joyce, l’oeuvre protéiforme de Cage suscite par ailleurs de nombreux échos dans le champ de la création littéraire contemporaine.
Il meurt à New-York en 1992. En 2012, il aurait donc eu cent ans.
Publié le 31/10/2012 - CC BY-SA 4.0
Sélection de références
John Cage. Le génie ingénu
John Cage. Le génie ingénu. Dossier pédagogique © Centre Pompidou, Direction de l’action éducative et des publics, 2010
John Cage, connu comme compositeur, rassemble une œuvre dont l’influence s’étend au-delà du seul champ musical, creusant le lit des courants artistiques d’après-guerre tels que le mouvement Fluxus et préfigurant des formes d’expression comme le happening, la performance ou les installations multimédias. De même, ses sources d’inspiration sont aussi bien à chercher du côté de l’histoire des pratiques musicales que de celles des arts plastiques, de l’architecture, de la danse, du théâtre, de la poésie, de la philosophie bouddhiste ou de la mycologie. Ce dossier tente de retracer son influence.
Qui est John Cage ? Rencontre avec Jean-Yves Bosseur, Joëlle Léandre, Bernard Fort et Matthieu Saladin
Célébrer la mémoire de John Cage, qui aurait eu cent ans en 2012, dans une bibliothèque ? Nul doute que le musicien, performeur, poète et penseur aurait trouvé l’idée cocasse ; lui dont la pratique, comme celle de Dada, Duchamp ou Satie, défie le monde de l’art et ses institutions.
La Bpi relève ce défi. Dans ses espaces, parmi ses collections de livres et de disques, Bernard Fort interprètera la Conférence sur rien (Lecture on nothing), méditation poético-philosophique précisément réglée, que John Cage considérait comme une composition à part entière. Puis dans la Petite Salle du Centre Pompidou, le compositeur Jean-Yves Bosseur s’entretiendra avec Matthieu Saladin sur la personnalité, l’influence et l’actualité de Cage. Cette rencontre sera ponctuée par les interventions musicales de la contrebassiste Joëlle Léandre, dont l’oeuvre est tissée de multiples rencontres (de Cage à Steve Lacy en passant par Fred Frith).
La Bpi remercie la revue Tacet pour l’utilisation de son titre « Qui est John Cage ? », donné à cette manifestation.
Pour des raisons juridiques, les extraits de musique et de films (« Six » interprété par Sonic Youth) ainsi que l’interprétation de pièces musicales par Joëlle Léandre : The wonderful widow of eighteen springs (John Cage), Aria sur Fontana mix, The flower (John Cage) ne peuvent être diffusés.
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