Les objets que trouve le plasticien Jérôme Gelès constituent une source d’inspiration mais aussi un moyen d’expression. Lorsqu’ils passent entre les mains de l'artiste, ils s’animent ou s’allègent, et gagnent en poésie pour acquérir le statut de production artistique alors qu’ils étaient destinés à la poubelle. Deux de ses installations sont exposées à la Bpi en octobre 2018 dans le cadre de l'événement Osez la récup'.
Le plasticien Jérôme Gelès a travaillé sa poétique du mouvement au sein des ateliers de Tadashi Kawamata et d’Anne Rochette, deux de ses professeurs à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Mais c'est lors d’un séjour en Afrique, qu'il est séduit par la création développée à partir de matériaux de récupération. Si, en Afrique, le recours à la récupération permet avant tout de pallier le manque de matériaux disponibles à faible coût, Jérôme Gelès se saisit de cette pratique pour l’authenticité qu’elle délivre à l’œuvre. Selon lui, travailler à partir de vrais objets, fabriqués par la société dans un certain but, permet de donner une image de cette société. Et puis, il aime l’idée de ces détritus qui s’assemblent pour créer un univers en peu apocalyptique. Cela lui évoque la vision de l’évolution du monde par le philosophe grec, Empédocle : “ au début il y avait le ciel et la terre, et à sa surface, des organes, tels que des bras, des jambes, des estomacs, etc., se déplaçaient anarchiquement. Au fur et à mesure qu'ils s'assemblaient, ils formaient aléatoirement des êtres vivants. Ceux qui ne pourraient s'adapter disparurent pour laisser place aux plus forts. J'aime cette idée que des objets a priori inanimés puissent s'assembler pour prendre vie." explique-t-il.
L’artiste trouve des objets abandonnés dans les rues et les ramasse lorsqu’ils l’inspirent. Il collecte également beaucoup de matière première dans les ressourceries comme la Petite Rockette, à Paris. Les objets relégués peuvent être cassés, usés ou simplement jugés inutiles. Lorsque Jérôme Gelès voit quelque chose d’intéressant dans un objet, il le ramène chez lui. Les objets sont alors triés et classés par taille, par type, dans des paniers. Les plus “beaux” sont mis à part. Certains vont attendre leur nouvelle fonction pendant longtemps, d’autres sont utilisés pour le projet en cours. Les objets sont intégrés tels quel ou bien minutieusement décortiqués pour en extraire le trésor : un rouage de montre, une led, un composant électronique aux couleurs chatoyantes.