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Qu’est-ce que la pollution par les nitrates ?

Les nitrates, issus de la nitrification de l’azote, sont essentiels aux plantes et améliorent le rendement, mais ils sont hydrosolubles et la partie non assimilée par les plantes se diffuse et s’infiltre dans les sols pour atteindre les eaux souterraines ou les eaux superficielles, sous l’action de la pluie par exemple.

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L’invasion des algues vertes, par Cristina Barroca [CC BY-NC-ND 2.0] on Flickr

 Il existe une concentration « naturelle » en nitrates dans l’atmosphère, dans le sol et dans les eaux. En l’absence de fertilisation, la teneur en nitrates des eaux souterraines est estimée au maximum à 15 mg/l d’après un rapport du Sénat en 2003 mais on constate une augmentation des eaux présentant une concentration proche des 50 mg/l. A noter également, selon l’Ifremer, au début des années 1900, les taux de nitrates des rivières bretonnes ne devaient pas dépasser 3 à 4 mg/l contre 35mg/l en 2012.

Un danger pour l’environnement et la santé

On estime qu’une teneur trop forte en nitrates dans le milieu aquatique induit une toxicité sur sa faune et sa flore, modifie le milieu (eutrophisation) et nuit à la biodiversité. L’eutrophisation de l’eau favorise les phénomènes du type prolifération des algues vertes. Aucun seuil n’est toutefois fixé.

En ce qui concerne l’eau destinée à la consommation, l’OMS a fixé à 50mg/l la valeur limite de concentration de nitrates dans l’eau, considérant qu’au-delà elle présentait des risques pour la santé. 

Les sources de la polution par les nitrates

Depuis 1950, la production de nitrates a presque doublé. L’activité humaine a perturbé le cycle de l’azote, responsable de la production de nitrates. On attribue cette pollution aux pratiques agricoles à la hauteur de 66%, les autres sources de pollution étant imputées aux eaux usées urbaines et aux rejets industriels.

Pollution à 66% par les pratiques agricoles, 22% les eaux usées et 12% de rejets industriels

En agriculture, c’est le recours à  des doses massives de fertilisants azotés et de lisier pour augmenter l’apport en nitrates afin d’améliorer son rendement qui explique en partie ce phénomène. Le secteur de l’élevage y contribue également. Les exploitations concentrent toujours plus d’animaux compliquant la gestion, le stockage ou l’élimination des déjections animales également productrices de nitrates.
Le processus est très lent et les reliquats de nitrates se cumulent si bien qu’on considère les taux de nitrates actuels dans les eaux comme le résultat de près de trente ans de pollution diffuse d’origine agricole.

Pourtant le phénomène est largement plus complexe, comme l’explique André Mariotti, spécialiste de biogéochimie dans une vidéo intitulée Approche multidisciplinaire de la pollution par les nitrates, sur Canal U, en décortiquant le cycle de l’azote et les chiffres sous tous les angles. 
Il démontre que la modification du fonctionnement du cycle biogéochimique de l’azote dépasse la question de la pollution des eaux puisqu’elle a un incidence jusque sur l’atmosphère. Une fois l’azote incorporée au sol, de manière naturelle ou sous forme d’engrais, débute un processus chimique complexe. Une dénitrification s’effectue en fin de cycle mais il n’y a pas lieu de s’en réjouir car elle est productrice d’une faible quantité d’oxyde d’azote, un gaz à effet de serre 200 fois plus nocif que le CO2. On estime que la concentration de ce gaz dans l’atmosphère augmente de 0.3% par an et résulte presque entièrement des émissions dues à la dénitrification des sols. Pour résoudre ces problèmes de pollution, il est nécessaire d’étudier les phénomènes sous l’angle de chacune des disciplines scientifiques (agronomie, chimie, géochimie, macrobiologie…) ou humaines (économie, sociologie…) mais aussi géographiques.
Et surtout, il faut une vision sur le long terme pour concevoir des programmes d’action efficaces.

Publié le 11/03/2015 - CC BY-SA 4.0

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