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Appartient au dossier : Le tourisme littéraire

Sous le regard des écrivains ou dans les pas de nos héros
Des exemples de circuits littéraires

Un livre est une invitation aux voyages : découvrir des lieux sous le regard des écrivains, retrouver l’atmosphère de romans ou les lieux que son héros a fréquentés. Les acteurs du tourisme et les représentants des régions l’ont bien compris et ont décliné les offres autour de la littérature, mais chacun peut composer son voyage avec son livre préféré dans ses bagages ou à l’aide de guides ou d’outils multimédia.

Sous le regard des écrivains

Découvrir des lieux sous le regard des écrivains, retrouver l’atmosphère de romans est une des orientations possibles du tourisme littéraire. Les professionnels du tourisme et les représentants des régions ont vite compris les possibilités d’exploitation de ce créneau. Nul besoin de posséder sur son territoire des monuments historiques, ou d’avoir vu naître ou vivre un personnage célèbre, seul le décor d’une fiction peut suffire. Tous les lieux peuvent être concernés, les villes bien sûr, mais aussi les décors naturels, les paysages dès qu’ils sont source d’inspiration pour un romancier.

Si des circuits littéraires sont mis en place localement par le secteur privé ou public, et complètent l’offre de tourisme culturel, d’autres outils se développent et sont à la disposition des amateurs de littérature. L’édition traditionnelle de guides touristiques bien sûr mais aussi le web avec cartes interactives ou application pour mobile permettent un tourisme à la carte. Chaque « touriste littéraire » peut ainsi concevoir son itinéraire et préparer son voyage thématique. Quelques exemples à découvrir …

Les villes vues par les écrivains : cartes interactives et guides

New York

Le New York Times fait appel à ses lecteurs pour alimenter une base de données en ligne qui rassemble et géolocalise les références d’œuvres littéraires dont l’action se déroule dans la ville. Le résultat  : une carte interactive qui permet de retrouver les extraits de romans associés à un lieu. Pour le moment 99 auteurs sont répertoriés.

carte interactive de New York

Paris

Les bibliothèques municipales de Paris avec leur partenaire Feedbook (librairie numérique) proposent une carte Paris littéraire sur le site de la Ville de Paris, qui associe les lieux de la capitale à des extraits des grands classiques de la littérature qui s’y déroulent. Un petit plus, tous les romans cités sont disponibles gratuitement en ligne et peuvent être téléchargés.

Afficher Paris littéraire sur une carte plus grande

Sur le même principe mais sur papier …

On citera Paris vu par les écrivains : anthologie de Benjamin Arranger, promenade par arrondissements dans les mots d’écrivains et Le Guide littéraire des monuments de Paris de Christine Ausseur qui invite à (re)découvrir sous l’œil admiratif (ou critique) d’écrivains célèbres huit monuments. À retrouver en fin d’article.

La France ou ses régions vues par les écrivains : site et applications mobiles

La France vue par ses écrivains, le site

capture d'cran du site

Un site incontournable pour trois raisons : il a pour vocation de couvrir l’ensemble de notre territoire, au contraire de beaucoup d’applications développées très localement. Il  se décline en version mobile, gros avantage pour l’internaute qui, sur son lieu de villégiature, pourra se promener et localiser très facilement les lieux ayant inspiré tel ou tel roman. Il est collaboratif : chacun peut apporter du contenu et l’enrichir. Actuellement, la base propose 130 auteurs, 168 œuvres et les 296 extraits concernent 9 régions.

Auvergne, voyages littéraires avec un e-guide de poche

Une initiative originale et mobile de la région du Livradois-Forez. Le touriste « littéraire » se laisse guider par les mots des écrivains sur un parcours préparé pour lui. Il peut au choix suivre George Sand, Henri Pourrat ou encore d’autres auteurs comme Alexandre Vialatte, Jules Romains à travers la région.

e-guide du Forez

Sur les traces des héros de romans

Héros de succès littéraires

Da Vinci code
Le succès littéraire de 2003

Certains phénomènes littéraires bénéficient d’un effet médiatique et marketing savamment orchestrés pour exploiter et imposer un univers riche qui parle à un large public. Leur déclinaison en produits touristiques fut une évidence. Prenons l’exemple du Da Vinci Code, roman de Dan Brown paru en 2003.

Les circonstances étaient plus que favorables à une déclinaison touristique : une histoire mondialement connue car très médiatisée, des lieux déjà chargés d’Histoire tels que Paris et Londres, une intrigue conçue comme un jeu de piste, aux multiples interprétations puisque jouant sur la théorie du complot et s’inspirant d’éléments ancrés dans la réalité. Le succès des propositions touristiques fut encore amplifié par la déclinaison cinématographique trois ans plus tard. Il suffit de lire le bilan du Parisien, pour se faire une idée de la récupération touristique de ce phénomène littéraire. Même le Louvre propose un parcours Da Vinci Code : huit siècles d’histoire.

On pourrait citer, dans la même veine, les nombreuses incursions organisées dans l’univers Harry Potter ou l’ouverture au public des studios de tournage de la saga Harry Potter. Une carte Google localise les lieux cités dans le roman et une vue de la fictive Dragon Alley a été crée.

Afficher Harry Potter Sightseeing Map sur une carte plus grande

Et plus récemment, la déclinaison touristique autour de la série Millenium, de Stieg Larson vous propose même de visiter l’ancien appartement de Lisbeth Salander.

Héros de roman policier

plaque du 221b Baker street
gailf548, New York State, USA [CC-BY-2.0], via Wikimedia Commons

Le roman policier est un genre qui a su également imposer ses héros à l’imaginaire collectif. On pourrait citer entre autres : Rouletabille, Fantomas, Arsène Lupin, Nestor Burma, Nicholas Le Floch… Leurs aventures ont bien souvent Paris ou une grande ville pour cadre et proposent, en filigrane, un éclairage social ou historique de la ville.

Bien des ouvrages et des circuits leur sont consacrés où fiction et réalité se mêlent étroitement et vont parfois jusqu’à fusionner. Par exemple, on citera la création d’un musée dédié à Sherlock Holme, personnage fictif, au 221b Baker Street, son adresse dans le Londres du roman.

Marc Lemonnier a consacré deux ouvrages aux promenades policière à Paris : Balades policières dans Paris qui propose trente-deux balades dans les pas des héros de romans policiers à la découverte d’un Paris à la fois réel et mythique qui fait suite à Panique à Paname : quand le polar prend ses quartiers dans la capitale. 

Maigret : traversées de Paris : les 120 lieux parisiens du commissaire de Michel Carly (scénariste et biographe de Georges Simenon) vous entraîne dans le Paris du célèbre mais néanmoins fictif commissaire. 

Il existe également un Répertoire des domiciles parisiens de quelques personnages fictifs de la littérature par Didier Blonde, qui recense les adresses de personnages de romans qui dessine un singulier Paris, entre fiction et réalité.

Héros et légendes ou de folklore

Le Roi Arthur
« King Arthur » par Charles Ernest Butler, Public domain 

Lorsque aucun écrivain n’a décrit un lieu, qu’aucun personnage de roman ne l’a arpenté, il reste toujours l’inépuisable réservoir de légendes ou de contes à exploiter pour apporter un élément narratif à un espace. Certains sites utilisent ces récits pour expliquer les curiosités naturelles de leur paysage et organisent des promenades contées. On peut par exemple parcourir la forêt de Brocéliande dont la région Bretagne a structuré l’offre touristique en mars 2013 en la désignant « Première destination » sur les traces d’Arthur et autres personnages légendaires. Le touriste partage alors un savoir sur les origines d’un territoire avec les résidents. Il passe du statut dévalorisé de touriste à celui d’ethnologue ou de voyageur.

Mais à vouloir coller au plus près de l’imaginaire à des fins économiques, le risque est de perdre l’authenticité des régions et des savoirs et de produire non plus du savoir ou de la littérature mais du folklore. L’échec du circuit Dracula, Vérité et légende est un exemple.

Inventé en 1970 par des américains pour un public d’américains, il fut adapté par le gouvernement roumain dans sa version historique. Ce circuit décevait les touristes qui s’attendaient à l’univers du roman de Bram Stoker et non à l’histoire de Vlad l’Empaleur, héros national roumain. Un marché noir  du circuit s’est développé, loin de l’authenticité, pour répondre à leur attente. À lire, l’article de civilisations.revues.org : « Une légende à des fins touristiques dans la Roumanie communiste. Les circuits à thème « Dracula, Vérité et Légende » ».

Publié le 01/08/2013 - CC BY-SA 4.0

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