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Wolfgang Tillmans : « La culture est toujours la première chose que les autocrates cherchent à contrôler. »

L’artiste allemand Wolfgang Tillmans est invité à proposer une toute dernière exposition au Centre Pompidou avant sa fermeture. Unique lauréat du Turner Prize en photographie, il investit les six mille mètres carrés de l’intégralité du niveau 2 de l’ancienne Bibliothèque publique d’information (Bpi) pour une carte blanche inédite. Installation d’envergure mêlant photographie, vidéo, son, texte et performance… cette expérience hors normes interroge l’espace comme lieu de savoir, et retrace plus de trente-cinq ans d’investigation photographique, entre quête humaniste, engagement politique et exploration sensible du présent.

Wolfgang Tillmans est photographié dans un espace logistique du Centre Pompidou, au milieu des caisses de transport destinées aux œuvres d'art. Vêtu d’un t-shirt bordeaux marqué « Démé à Paris », il adopte une posture naturelle, une main dans la poche, l’autre posée légèrement sur une caisse en bois. Son regard, serein et attentif, traduit une implication directe dans les opérations de montage de son exposition. L’environnement industriel, avec ses caisses en bois étiquetées « Fragile », ses rayonnages métalliques et ses lignes de fuite marquées par les plafonniers alignés, évoque l'envers discret mais fondamental du monde muséal. Les tons neutres de béton brut, bois clair et emballages plastiques participent à instaurer une atmosphère méthodique, révélant la dimension matérielle de la création et de l'exposition artistique.
L’artiste allemand dans les sous-sols du Centre Pompidou, à quelques semaines du déménagement – Photo © Pierre Malherbet

Penché par-dessus le garde-corps du bar Le Central, surplombant le vaste Forum du Centre Pompidou en cette après-midi déclinante, l’artiste allemand Wolfgang Tillmans (né en 1968) prend des photos du lieu – comme s’il y avait urgence. Alors que la célèbre institution ferme peu à peu ses espaces aux publics en vue de sa future métamorphose, il a été invité à en concevoir la toute dernière exposition ; une carte blanche qui se déploie sur les quelque six mille mètres carrés de l’intégralité du niveau 2 de l’ancienne Bibliothèque publique d’information (Bpi), relocalisée dans le douzième arrondissement dès le 25 août 2025.

Une expérience d’exposition hors normes

« Un privilège exceptionnel », mais aussi « une invitation folle, un vrai défi », selon l’artiste à l’allure décontractée, dont l’affabilité coutumière est aujourd’hui teintée d’une manière de gravité – le temps presse et la maquette hors norme du lieu qu’il a réalisée dans son atelier berlinois ne suffit à le rassurer complètement (pour cet homme méticuleux, l’anticipation joue un rôle crucial).

Dépourvu de son mobilier d’usage (enfilades de tables et de chaises standardisées) et de ses étagères lourdes de millions de volumes, le plateau de la Bpi mis à nu offre un espace complètement ouvert renouant avec les origines-mêmes du Centre Pompidou. « J’ai passé la majeure partie du temps – en fait, toute la première année – à réfléchir à l’architecture, à la mise en espace, à la manière d’activer et d’utiliser ce lieu », révèle l’artiste qui s’est particulièrement investi, multipliant les allers-retours entre Berlin et Paris.

Il promet « une véritable expérience », plus qu’une « rétrospective », peut-être même « la préfiguration de ce que sera le Centre Pompidou à sa réouverture en 2030 », selon Laurent Le Bon, président de l’institution parisienne.

Mais si la forme architecturale séduit d’emblée le natif de Remscheid, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, pour cette proposition inédite, la fonction du lieu fait également écho à son travail depuis ses débuts. « J’ai toujours fait des livres, des livres d’auteur, des livres que j’écris avec mes images. Il y a même une section de reprographie à la Bpi – et mon expérience initiale de la photographie est passée par le prisme d’un photocopieur. » En effet, ses premières œuvres étaient des photocopies laser en niveaux de gris, dont les Approaches (1987-1988). Elles furent exposées pour la première fois à Hambourg – où l’objecteur de conscience effectuait son service civil. Le processus ? Des détails d’images glanées dans la presse, agrandies jusqu’à quatre cents pour cent, jusqu’à en devenir des dessins graphiques, abstraits, tant la trame d’impression s’en trouve grossie.

De la culture rave à l’Europe

Lacanau (self) de Wolfgang Tillmans, réalisée en 1986, propose une vue subjective et intimiste ; un moment de détente à la plage. Photographiée depuis un angle plongeant vers le sol, l’image montre les jambes nues de l’artiste partiellement couvertes par un short noir Adidas, surmonté d'un t-shirt rose pastel qui envahit la partie supérieure du cadre. Le sable clair, parsemé d’empreintes et de textures naturelles, occupe tout l’arrière-plan. L'absence de repères directs (horizon, mer) recentre l’attention sur l’immédiateté de l'expérience corporelle et sensorielle. L'image évoque une sensation d’ancrage et de simplicité, traduisant l’esprit de liberté, de chaleur estivale et d’introspection douce qui caractérise souvent le travail de Tillmans. Cette photographie témoigne aussi d’une approche documentaire et autobiographique précoce, où l’instant personnel devient universel.
Wolfgang Tillmans, « Lacanau (self) », 1986

La première photographie qui fait œuvre à ses yeux, Lacanau (self), date de 1986. Cet autoportrait presque abstrait (un t-shirt, un short noir, un genou, du sable vus en plongée), révèle l’artiste à lui-même.

Dans les années 1990, ses photos de la culture rave et underground dans toute l’Europe le font connaître au public. Publiées dans le magazine britannique i-D, elles montrent la jeunesse, les cultures queer, les corps, dans une approche documentaire et inclusive. « Photographier la vie nocturne relève toujours d’un sentiment de responsabilité pour moi, confiait déjà Tillmans en 2020. Je veux consigner pour le futur que ça a existé, que ça ne va pas de soi et que rares sont les endroits dans le monde où l’on peut se retrouver de manière aussi intense et décloisonnée. » Il reste aujourd’hui la seule personne autorisée à prendre des photos dans l’enceinte du Berghain, mythique club berlinois où règne une liberté suprême – passe-droit qu’il n’a pas exercé depuis 2012.

Avec sa photo d’un baiser entre deux hommes, The Cock (kiss) de 2002, prise dans le club londonien éponyme qu’il fréquentait, il réalise une image iconique de l’amour queer, empreinte de douceur et du calme naturel de l’évidence. Ni mise en scène ni revendicatrice, l’image montre un moment d’intimité dans la joie – rien de plus ; l’art est un langage très puissant. « Dans le comment, dans la manière de faire, il y a déjà une semence de paix, souligne Tillmans. Ce qui ne signifie pas que l’art doive toujours être pacifique ; il est parfois nécessaire de perturber, de choquer. » Pour lui, « l’art a toujours une force, dans les bons comme dans les mauvais moments. On peut la sous-estimer. Ou la surestimer. Même les gens qui sont hostiles à l’art, ou qui disent que cela ne les intéresse pas, savent combien il peut être puissant. On le voit bien : la culture est toujours la première chose que les autocrates cherchent à contrôler. »

The Cock (Kiss)" de Wolfgang Tillmans, réalisée en 2002, saisit avec intensité l’instant brut d’un baiser passionné entre deux hommes. La scène se déroule dans une atmosphère nocturne, probablement dans un club ou un espace festif. Les deux figures, plongées dans l'intimité de leur étreinte, occupent presque tout le cadre, accentuant la force émotionnelle de l’image. L'un porte une veste de sport bleu vif, l’autre un t-shirt gris clair, contrastant légèrement par leurs postures et carnations. Les détails — mèches ébouriffées, rougeurs sur la peau, tension des mains agrippant la nuque — renforcent l’authenticité et l’urgence du moment vécu. La lumière directe du flash accentue la texture de la peau et donne à l'image une immédiateté quasi viscérale. À travers ce cliché, Tillmans explore la tendresse, la sexualité, la vulnérabilité et la liberté, brisant les normes traditionnelles de représentation de l’amour queer et affirmant une esthétique radicalement honnête et inclusive.
Wolfgang Tillmans, « The Cock (kiss) », 2002

En 2015, c’est lui qui signe la photo de la star du rap américain Frank Ocean, qui aborde ouvertement son homosexualité, fait rarissime dans le milieu hip-hop. L’œuvre Frank, in the shower sert également de jaquette à son album Blonde. Sortant de la douche, le musicien se cache la face – à chacun·e d’en imaginer les raisons. La vulnérabilité du sujet, combinée à l’immédiateté du cliché, confère à cette œuvre son caractère d’icône.

Un an plus tard, en 2016, ce pur produit de l’histoire européenne d’après-guerre prend fait et cause pour la campagne anti-Brexit, à grand renfort d’affiches et de t-shirts. Arborant des slogans tels que « Ce qui est perdu, est perdu à jamais », « Aucun homme n’est une île. Aucun pays n’est isolé », accompagnés de messages plus directs, ils appellent l’électorat britannique à s’inscrire sur les listes pour voter. Européen convaincu, il vit entre Londres et Berlin. Il parle allemand, anglais couramment et, lorsqu’il est de passage en France, fait de fréquentes incursions dans la langue de Molière. « De la même manière qu’un Texan et un Pennsylvanien se sentent américains, il faut qu’un Espagnol et un Suédois puissent ressentir quelque chose l’un pour l’autre », dit celui qui a étudié à Bournemouth de 1990 à 1992, sillonné l’Europe grâce à un pass ferroviaire Interrail et qui regrette qu’aujourd’hui elle soit devenue si dénigrée : « Beaucoup de gens en Europe – beaucoup de citoyens – ne se rendent toujours pas compte que l’Europe devrait être leur patrie de passion. »

Frank, in the shower, de Wolfgang Tillmans, réalisé en 2015, est un portrait puissant capturant un homme torse nu sous une douche carrelée de blanc. L’homme, aux cheveux teints en vert vif, est saisi dans un moment d'intimité : il se couvre partiellement le visage de la main, les gouttes d’eau perlant sur sa peau sombre et musclée. Un bandage clair entoure l’un de ses doigts, ajoutant une note de fragilité à la force de sa posture. La lumière naturelle caresse son corps, soulignant la texture humide de sa peau et révélant subtilement un tatouage sur son torse. L’expression du sujet, bien que partiellement dissimulée, suggère une émotion profonde, entre pudeur, recueillement et intensité intérieure. Par cet instantané, Tillmans explore la vulnérabilité masculine et la beauté brute, dans un dialogue nuancé entre présence physique et intériorité émotionnelle.
Wolfgang Tillmans, « Frank, in the shower », 2015

Un infatigable archiviste du présent

De simple support scriptural ou photographique (une surface photosensible), le papier devient sujet photographique à part entière chez Tillmans. Il se fait sensuel comme dans l’ensemble des Paper Drop commencé en 2001, où l’épure rivalise avec la poésie. Quant aux entrelacs charnels de Layers (2018), ils ne sont pas sans rappeler les plis des journaux empilés de Zeitungsstapel (1999), où transparaît également son attrait pour l’accumulation et l’archivage, avec lesquels, dit-il, il a « une affinité réelle ».

Cet autre aspect de la bibliothèque, et pas des moindres, se retrouve tout au long de son œuvre. Au cours du shooting, dans les coursives encombrées du niveau -1 du Centre Pompidou, Tillmans ne cesse de faire tourner entre ses doigts une cordelette d’emballage et une étiquette autocollante de caisse de transport d’œuvre, en forme de cœur. Il les a trouvées in situ et finit par les glisser dans la poche latérale de son pantalon cargo – afin de les archiver dans les mystères de son atelier ? Collecter de menus riens, accumuler sans hiérarchie, voilà qui en dit long sur son rapport au monde.

La manière de concevoir et de montrer des œuvres n’y échappe pas ; elles sont parfois encadrées, parfois non, délicatement épinglées, ou fixées avec du ruban adhésif sur les cimaises selon une économie de la sobriété et une approche inclusive et démocratique – que Tillmans développe depuis le début de sa carrière. De différentes tailles, les œuvres sont exposées sans aucune hiérarchie. «  Ce qui m’intéresse, souligne-t-il, c’est de faire des images, de l’art – comme traduction du monde que je vois. » À rebours des conventions muséales, l’artiste ne donne aucune indication quant à l’ordre dans lequel découvrir ses travaux ; le public s’émancipe et s’oriente à sa guise.

« J’ai souvent pensé qu’une œuvre d’art est tout aussi intéressante que les pensées qu’elle suscite », dit Tillmans avant de prévenir : « Ce n’est pas seulement une expérience spatiale. C’est aussi ma première grande exposition à Paris depuis vingt-trois ans. Les visiteurs·euses méritent donc une bonne vision d’ensemble de mon travail – qui n’est pas du tout présenté de manière chronologique. »

Paper drop 22, de Wolfgang Tillmans, réalisée en 2001, présente une composition épurée où une feuille de papier se déploie en une élégante courbe suspendue. La partie supérieure de la feuille reste blanche, tandis que sa face inférieure, d’un rouge éclatant et légèrement translucide, capte et reflète la lumière ambiante. Les jeux d’ombres portées sur le mur neutre renforcent la tridimensionnalité du papier, accentuant l’illusion d’un mouvement délicat figé dans l’instant. Les lignes douces et les transitions subtiles entre les tons créent une esthétique à la fois minimaliste et sensuelle. Tillmans explore ici les propriétés physiques du papier — sa légèreté, sa flexibilité, sa capacité à modeler l'espace — tout en transcendant la nature ordinaire de l’objet pour en révéler une beauté sculpturale. La maîtrise de la lumière naturelle joue un rôle clé, conférant à la scène une douceur presque tactile.
Wolfgang Tillmans, « Paper drop 22 », 2001

Sa pratique excède amplement le cadre de la photographie traditionnelle ; images photographiques avec ou sans appareil, images animées, son, musique, intégrant parfois des textes à ses œuvres… Son but : saisir la surface du monde pour la transformer en une expérience visuelle, faisant appel aux sens, aux émotions et à l’intellect, et faire ressentir le présent dans toute sa complexité et ses nuances – non comme une simple représentation, mais comme un processus d’observation, d’empathie et de construction. Ses images fonctionnent à la fois comme des documents, des enquêtes et des repères émotionnels. Au fond, cet infatigable archiviste du présent ne cesse de mettre en évidence les signes de notre époque, en faisant feu de tout bois : jeux sur la matière, intime, installations, politique, musique… « J’ai confiance dans le fait que, par l’observation attentive, par l’effort de comprendre la nature des choses, on peut accéder à une forme de connaissance. On n’est pas simplement livré au cours du temps de façon passive – on peut avoir une forme de contrôle, d’influence », confie l’artiste, pour qui la manière dont on regarde les choses est déjà politique.

Le titre de l’exposition « Rien ne nous y préparait – Tout nous y préparait » résonnerait alors comme un manifeste. S’y entremêlent ses préoccupations personnelles et politiques. « Le titre date de 2023, et il ne m’est pas venu d’abord de façon politique, mais plutôt en lien avec ma vie personnelle. Quand on vieillit, on fait l’expérience du temps : on voit arriver des choses surprenantes, d’autres prévisibles, ou un mélange des deux. Et ce ressenti, j’essaie toujours de lui faire justice dans mon travail. Que le titre résonne aujourd’hui de façon extrêmement politique, je ne l’avais pas prévu – mais peut-être pressenti. »

Moon in Earthlight de Wolfgang Tillmans, réalisée en 2015, capture un moment céleste fascinant : un croissant de Lune finement éclairé par la lumière directe du Soleil, tandis que le reste du disque lunaire est subtilement visible grâce à la lumière réfléchie de la Terre, appelée lumière cendrée. Le contraste saisissant entre la bande brillante, presque incandescente, du croissant et les détails plus diffus du reste de la Lune crée une ambiance mystérieuse et poétique. Les nuances douces de gris, de vert et de jaune traversent la surface lunaire, faisant ressortir ses reliefs et ses mers sombres. L’arrière-plan est plongé dans une obscurité profonde, renforçant l’impression d’apesanteur et d’immensité cosmique. Par cette œuvre, Tillmans unit une approche scientifique rigoureuse de l'observation astronomique à une sensibilité artistique rare, traduisant l’émotion brute de contempler notre satellite naturel."
Wolfgang Tillmans, « Moon in Earthlight », 2015

Contre l’IA, la vérité analogique

Ce même attachement viscéral à la démocratie se retrouve en 2017 dans son engagement contre le parti d’extrême droite allemand AfD (Alternative für Deutschland). Design minimaliste, adresses directes en guise d’armes ; il conçoit des affiches allant droit au but, aux messages délibérément ancrés dans le langage de la vie quotidienne – facilement accessibles à tous et toutes, elles sont téléchargeables sur le site de l’artiste. Achetant des espaces publicitaires dans cinquante-huit publications et diffusant sept cent cinquante mille cartes postales gratuites, il cherche à mobiliser les électeurs apolitiques mais ouverts d’esprit afin d’« éviter que la société ne continue de se fragmenter ».

Mais il y a un autre risque pour nos démocraties : l’intelligence artificielle qui ne cesse d’amplifier rumeurs et fake news, véhiculées par l’extrême droite. « L’intelligence artificielle est un sujet immense. Elle risque de créer de vrais problèmes, de fragiliser, voire de saper les démocraties, dit Tillmans. Que la photographie ne soit peut-être plus jamais une preuve de ce qui a été ou de ce qui est, mais devienne autre chose… ça me fait vraiment peur », poursuit l’artiste. Trente-cinq ans qu’il travaille de manière analogique, qu’importe qu’il utilise des appareils argentiques, numériques, des émulsions argent-palladium, ou seulement du papier photosensible altéré par des saletés, comme pour son ensemble des Silver. « On peut faire confiance à mon travail : tout ce qu’on y voit est né du fait que la lumière a touché une surface, un point. Et non pas que j’aie déplacé les pixels après coup. » Pourquoi, lorsqu’on fait des images, de l’art, aurait-on besoin d’IA ? « Je trouve ce monde déjà tellement intéressant, tellement fantastique, que je n’ai aucun attrait pour le traitement numérique, la manipulation, ou l’IA. »

Celui qui regrette l’ennui qu’on éprouve en présence d’œuvres conçues par ce truchement affirme pour sa part : « Je suis reconnaissant d’avoir encore de l’intérêt pour le monde. De pouvoir me réveiller le matin et regarder les choses avec joie et curiosité. D’être toujours attiré par le portrait, par les gens. » 

Article paru intialement dans le magazine du Centre Pompidou, le 29 avril 2025

Silver 258, de Wolfgang Tillmans, réalisée en 2017, présente une surface abstraite marquée par un subtil dégradé de couleurs, allant d’un beige doux en haut de l’image à un violet rosé plus intense vers le bas. De fines textures, stries et taches diffuses parsèment la composition, témoignant d’un processus chimique contrôlé, propre aux expérimentations de l’artiste avec le support photographique argentique. L’œuvre évoque une atmosphère à la fois onirique et méditative, où l’absence de formes reconnaissables invite à la contemplation pure de la matière et de la lumière. Des irrégularités — traces, micro-rayures, variations d’intensité — apportent une sensation d’aléatoire maîtrisé, renforçant la dimension sensible et tangible du travail. Cette pièce s’inscrit pleinement dans la série « Silver », où Tillmans explore les potentialités plastiques de la photographie au-delà de la représentation figurative.
Wolfgang Tillmans, « Silver 258 », 2017

Publié le 26/05/2025 - CC BY-NC-ND 3.0 FR

Pour aller plus loin

Four books. Photographies de Wolfgang Tillmans

Wolfgang Tillmans
Taschen, 2020

À la Bpi, Arts, 770 TILL

Wolfgang Tillmans. To Look Without Fear

Wolfgang Tillmans
Museum of Modern Art, 2022

Publié à l’occasion d’une grande exposition de l’œuvre de Tillmans au Museum of Modern Art.

À la Bpi, Arts, 770 TILL

770 TILL

Wolfgang Tillmans. Sound is liquid

Wolfgang Tillmans, George Baker et Matthias Michalka (dir.)
Walther Konig, 2022

À la Bpi, Arts, 770 TILL

Centre Pompidou

Wolfgang Tillmans - Rien ne nous y préparait – Tout nous y préparait | Centre Pompidou

Du 13 juin au 22 septembre 2025, le Centre Pompidou donne carte blanche à l’artiste allemand Wolfgang Tillmans qui imagine un projet inédit pour clôturer la programmation du bâtiment parisien. Il investit les six mille mètres carrés du niveau 2 de la Bibliothèque publique d’information (Bpi) et y opère une transformation de l’espace autour d’une expérimentation curatoriale qui met en dialogue son œuvre avec l’espace de la bibliothèque, le questionnant à la fois comme architecture et comme lieu de transmission du savoir.

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