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Plan Vigipirate : déjà 30 ans

Comment lutte-t-on contre le terrorisme quand il s’inscrit dans la durée ? Un dispositif sécuritaire conserve-t-il sa pertinence sur le long terme ? Tandis que les invités de la rencontre « 2001-2021 : vers la fin de la guerre contre le terrorisme ? » dans le cadre du cycle « Le monde sur un fil », s’interrogent sur la pertinence d’opérations et de stratégies militaires ou sécuritaires à l’étranger, Balises s’intéresse au dispositif Vigipirate déployé sur le territoire national depuis trente ans.

Plan Vigipirate
Plan Vigipirate : Soldat de l’opération Sentinelle à la Gare de Lyon, par Rama, [CC BY-SA 2.0] via Wikimedia Commons

Outil central du dispositif français de lutte contre le terrorisme, Vigipirate est un plan national, c’est-à-dire un dispositif interministériel qui planifie et coordonne l’action des différents acteurs impliqués dans la lutte anti-terroriste en France. Placé sous l’égide du Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN), il repose sur trois piliers : vigilance, protection et prévention. Seul plan national dont la mise en œuvre est permanente, il se déploie dans une double temporalité : durée indéfinie et promptes réactions aux crises.

Du plan Pirate au plan Vigipirate

Les premières instructions interministérielles relatives à la mise en œuvre des mesures de vigilance en cas de menaces d’agressions terroristes datent du 7 février 1978. Mais c’est en 1981 qu’est lancé le premier plan Pirate. En 1991, lors de la Guerre du Golfe, la « Protection des installations contre les risques d’attentats terroriste à l’explosif », qui donne l’acronyme Pirate, s’enrichit de la notion de vigilance : c’est la naissance du plan Vigipirate.

Levé en avril 1991, le plan Vigipirate est instauré formellement en 1995 à la suite des attentats du RER Saint-Michel, le 25 juillet, puis du métro Maison Blanche, le 6 octobre de la même année. À partir de cette date, il ne sera plus suspendu.

La difficile adaptation au niveau de risque

Crises (attentats et guerres en France ou à l’étranger) et périodes sensibles (grands événements internationaux, notamment) ponctuent la vie du plan Vigipirate. Elles correspondent à des pics de risques. C’est pour adapter au mieux sa réponse à ces variations de risques que le SGDNS module les niveaux d’alerte du plan Vigipirate.

L’échelle de ces niveaux a varié depuis 1991. En 2013, l’échelle colorimétrique à cinq niveaux, de blanc à écarlate, a laissé place à une gradation à seulement deux niveaux : Vigilance ou Alerte attentat. Simplifiée, cette échelle avait le défaut d’effacer les nuances de mobilisation et de maintenir une alerte maximale épuisante. Depuis 2016, un troisième niveau a été réintroduit. Le SGDSN peut ainsi jouer sur trois notes d’alerte : Vigilance, Sécurité renforcée alerte attentat et Urgence attentat.

Une permanence vivement critiquée

La réintroduction d’un troisième niveau d’alerte vise à redonner de la modularité dans un dispositif qui reste caractérisé par sa constance. Celle-ci est particulièrement sensible depuis les attentats de 2015 et la mise en place de l’opération Sentinelle. En effet, cette opération inscrit le plan Vigipirate dans le quotidien des Français. Chacun peut mesurer l’évolution du risque dans le temps et l’espace à la fréquence de ses rencontres avec l’armée. Et, jour après jour, chacun peut constater la permanence du plan Vigipirate.

Dès 2016, de nombreuses critiques s’élèvent contre la durée du dispositif, tant du côté des parlementaires, des militaires que des chercheurs. Après des mois de mobilisation, les troupes se trouvent épuisées et en manque d’entraînement. L’utilité réelle de l’opération Sentinelle est aussi mise en question. Plusieurs attaques sur des soldats attestent de leur rôle de cible plus que d’acteurs de la prévention des attentats. Pour Bénédicte Chéron, historienne spécialiste des relations armées-société et maîtresse de conférences à l’Institut catholique de Paris, la principale utilité de l’opération réside en fait dans la mise en scène de l’action de l’État contre le terrorisme.

Un risque pour la démocratie ?

Par ailleurs, la permanence du plan Vigipirate aurait des effets néfastes aux niveaux social et politique. La militarisation de l’espace public induit par l’opération Sentinelle, ainsi que l’appel à la vigilance des citoyens nourrissent, pour Fanny Chagnollaud, docteure en ethnologie et maîtresse de conférence à Paris 8, un climat de peur délétère pour la vie démocratique. La chercheuse affirme ainsi :

« L’inutilité pratique démontrée des mesures sécuritaires prises en France depuis 2015 ne concerne que la lutte contre le terrorisme. Elles sont par contre particulièrement efficaces pour instaurer un nouveau type de relations entre l’État et sa population. Loin de protéger les démocraties, les états d’exception ont toujours été des outils pour les régimes autoritaires ».

Fanny Chagnollaud, « Vers une démocradure française ? Le terrorisme comme facilitateur d’un durcissement du régime politique », L’Homme & la Société 2019/2 (n° 210), pages 199 à 222 (accès réservé, consultable à la Bpi).

Publié le 07/06/2021 - CC BY-SA 4.0

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Terrorisme. Prévenir et réagir par l'action locale

Bruno Domingo
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À la Bpi, niveau 3, 352.12 (en catalogage)

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Quelques semaines après les attentats qui se sont déroulés en France, se pose la question pour tous d’un espace social traversé par la peur et la violence. Quels bouleversements en termes de représentations cela pose-t-il, tant sur le plan politique que du point de vue du citoyen ? Quelles failles dans l’organisation sociale cela provoque ou induit-il ? La peur peut-elle devenir un outil politique pour gouverner une nation ? Peut-on examiner dans l’Histoire, des périodes comparables d’instabilité et d’insécurité ?

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