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Appartient au dossier : Effractions 2021

Lisette Lombé, poésie et luttes

Lors de la rencontre « Poésie et luttes », organisée pendant le festival Effractions 2021, Lisette Lombé revient sur ses engagements féministes, son rapport à l’écriture poétique et au slam. Son recueil de poèmes Brûler, Brûler, Brûler (2020), convoque les thèmes de la double identité, de la maternité et du racisme. En prolongement du festival littéraire Effractions 2021, Balises vous propose pendant l’été une sélection de quatre rencontres autour de la poésie engagée, de la mémoire collective et du temps.

Écrit après une période de burn out, Brûler, Brûler, Brûler, parle des violences psychologiques et physiques subies par les femmes. Le titre fait référence à toutes les formes de violence qui se reproduisent au fil des époques. Selon Lisette Lombé, les injustices sociales et raciales transcendent le passé, le présent et le futur.

Pour composer Brûler, Brûler, Brûler, Lisette Lombé s’est servie de témoignages recueillis en tant que formatrice dans le domaine de l’insertion professionnelle et d’animatrice d’ateliers d’écriture pour le collectif L-SLAM. Comme dans son précédent recueil de poèmes Venus Poetica (2020), elle s’interroge sur le désir des femmes, le rapport qu’elles entretiennent avec leur corps et les violences sexuelles et misogynes qu’elles endurent au quotidien. Le poème La Famille, évoque par exemple l’actualité liée à #MeToo et aux affaires d’inceste. Elle y énumère les différents types d’agresseurs sexuels et se demande combien il y aura de femmes encore violées dans cette « famille ».

Le thème de l’héritage colonial parcourt ses poèmes. Elle se définit elle-même comme une « Bettie Page postcoloniale » dont l’identité a intégré les cultures belge et congolaise. Elle parle de « troisième identité ». Le poème Qui oubliera rappelle le passé colonial de la Belgique : « Qui oubliera ? / Qu’à un Noir on disait tu… » Brûler, Brûler, Brûler, rend hommage à des « fantômes » comme celui de Patrice Émery Lumumba, homme politique et résistant congolais assassiné lors de la lutte pour obtenir l’indépendance du Congo.

Dans le poème Collages, elle évoque Mawda Shawri, une enfant kurde tuée par la police belge à l’âge de deux ans alors qu’elle tentait de rejoindre le Royaume-Uni avec des passeurs. Le verbe « coller » renvoie aux périodes de découpage de photos en noir et blanc, qu’elle s’aménage lorsque la violence de l’actualité est insupportable. « Le collage est l’exutoire quand il n’y a plus de mots », explique t-elle.

« Pourquoi perdrais-je encore salive et énergie à essayer de convaincre ceux et celles qui nous résument, nous êtres humains de couleur, à des nuisibles, alors je ne dis plus rien, je colle. »

Lisette Lombé, Twitter, 2021

Publié le 05/07/2021 - CC BY-NC-SA 4.0

Brûler, Brûler, Brûler

Lisette Lombé
l'Iconoclaste, 2020

Un recueil de slams dans lequel l’auteure dénonce les violences, les injustices et les crimes impunis.

À la Bpi, niveau 3, 841 LOMB 4 BR

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