L’Observatoire de la déontologie de l’information est une association qui rassemble des journalistes, des entreprises de médias et des associations représentant le public. Il a été créé en septembre 2012 car la France, contrairement à beaucoup d’autres pays démocratiques, ne dispose pas d’un Conseil de presse, c’est-à-dire d’un organisme indépendant destiné à recevoir les plaintes du public et à fournir un avis sur les dysfonctionnements des médias. Se voulant le gardien de la déontologie journalistique, l’Observatoire n’a pas vocation à engager d’action en justice. Sa démarche est avant tout incitative et pédagogique.
Veille déontologique
Financé uniquement par les adhésions, l’ODI fonctionne grâce à des bénévoles. Si ses moyens sont modestes, son ambition est grande. Patrick Eveno explique :
« Nous exerçons une veille déontologique en faisant remonter des cas qui posent des problèmes soit au public, soit aux journalistes parce qu’il y a conflit d’intérêt, parce que les sources ne sont pas vérifiées, parce que des gens sont nommés alors qu’ils ne devraient pas l’être, etc. N’étant pas un conseil de presse institutionnalisé, nous ne pouvons pas nommément dire qu’untel a fait telle chose. Nous anonymisons pour avoir une approche systémique. »
Préconisations
Dans son dernier rapport, l’ODI recense 488 cas problématiques pour l’année 2017. Depuis la création de l’Observatoire, l’augmentation est constante. Plus qu’une dégradation de la qualité de l’information, cet essor est dû au développement du réseau de « veilleurs déontologiques ». Les variations sont aussi liées à des facteurs conjoncturels, comme les élections présidentielles en 2017. « Parmi les cas recensés, tous n’ont pas la même importance », souligne Patrick Eveno, « certains relèvent de l’étourderie ou de la bêtise et n’appellent pas d’analyse. En revanche, pour d’autres, l’ODI mène son enquête, cherche à connaître les causes qui ont conduit aux dysfonctionnements et préconise de bonnes pratiques pour les éviter. »
L’attention de l’ODI se porte aussi bien sur les cas exceptionnels, comme le traitement médiatiques des attentats de janvier 2015, que sur des exemples en apparence plus anodins, mais où les clichés, les métaphores sont sources d’amalgames et d’erreur. L’Observatoire a, par exemple, publié une plaquette d’information avec l’association Ajir-Psy, (Association des journalistes pour une information responsable), afin de sensibiliser les journalistes aux effets pervers qu’un vocabulaire médical mal maîtrisé peut avoir sur l’opinion publique.
Marie-Hélène Gatto et Caroline Raynaud
Article paru initialement dans de ligne en ligne n°27
Sélection de références
Cette séance abordera la question de la déontologie, en lien avec l’exercice du métier de journaliste. Sur quelles règles repose le droit des journalistes à informer le public ? Existe-t-il des limites auxquelles les journalistes doivent s’astreindre ? En quoi consistent les chartes déontologiques et les comités d’éthique prévus par la loi ?
Le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) est une instance de médiation entre les journalistes, les médias, les agences de presse et les publics sur toutes les questions relatives à la déontologie journalistique, qui remplace l’Observatoire de déontologie de l’information (ODI), actif de 2012 à 2020. Cette association avait pour objet de contribuer à la prise de conscience de l’importance de la déontologie dans la collecte, la mise en forme et la diffusion de l’information au public. Cela passe par un travail de veille sur les pratiques relatives à la déontologie dans l’information en France et par un travail d’enquête sur les manquements à la déontologie et aux « bonnes pratiques ». Le résultats de leur travaux ainsi des documents de références sont mis en ligne sur le site du CDJM.
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