Sélection

L’art contemporain en revues

Les revues d’art témoignent de la vitalité et de la diversité des formes contemporaines d’art, sur lesquelles elles portent un regard généraliste ou pointu, mais toujours curieux. À l’occasion des 50 ans d’artpress, célébrés à la Bpi en janvier 2023, Balises vous propose de découvrir quelques revues, issues des collections de la bibliothèque, qui offrent un point de vue original sur la création contemporaine.

La Bibliothèque nationale de France recense plus de mille titres de périodiques parus depuis l’an 2000 sur le sujet des beaux-arts, auxquels il faudrait ajouter ceux spécifiquement consacrés à la photographie, à l’architecture, au spectacle, mais aussi aux arts paysagers, à la bande dessinée… Il existe des bases de données en ligne, comme la base spécialisée en art et design (BSAD) des Bibliothèques d’écoles d’art en réseau (BEAR) ou celle de l’association Ent’revues qui permet un tri des revues par thématiques, dans lesquelles sont recensées de nombreuses revues d’art à (re)découvrir. 

Certaines revues sont d’autant plus pertinentes qu’elles sont attachées aux lieux emblématiques de la création contemporaine, comme Palais (2006-), la revue du Palais de Tokyo qui propose, deux fois par an, des articles autour de ses expositions, rédigés par des artistes, des critiques d’art, des historien·nes ou des théoricien·nes. Pour leur revue trimestrielle Les Cahiers du musée national d’art moderne (1979-), les éditions du Centre Pompidou ont opté pour des articles de fond sur l’actualité culturelle internationale et la mise en valeur du travail de jeunes chercheur·ses. Il existe également de nombreuses revues réalisées par des écoles d’art proposant expérimentation et réflexion sur l’art contemporain, et d’autres produites par des galeries, comme Point contemporain (2015-). Les revues d’art contemporain proposent donc une variété d’angles et de formes. Celles de notre sélection font une large place à l’image et explorent des domaines spécifiques.

Publié le 09/01/2023 - CC BY-SA 4.0

Notre sélection

Hey! : Modern Art & Pop Culture


Ankama, 2016-

Art brut, art outsider, art en marge, contre-culture… sont les territoires auxquels s’intéresse depuis 2016 la revue Hey!. Créée par Anne & Julien, artistes et commissaires d’exposition, elle met en lumière des milliers d’artistes qui n’avaient pas de place dans les circuits traditionnels et institutionnels comme les galeries ou les musées. Cette revue unique en son genre, publiée trimestriellement d’abord puis annuellement ensuite, est graphiquement très sophistiquée et créative. Elle bénéficie notamment d’une impression de grande qualité (comme l’indique le sous-titre Deluxe) avec du papier brillant et des couleurs acidulées. L’autre revendication de cette revue hors normes est d’avoir dès le début refusé toute publicité.

Soutenue par la Halle Saint Pierre, lieu incontournable de l’art brut en France, la revue Hey! s’adresse au monde entier et permet aux artistes publié·es de se faire connaître d’un public de plus en plus large. Le Manifeste de la revue résume ainsi sa ligne éditoriale : « Nous nous situons à l’exact croisement de la culture savante et de la pop culture, là où se constate la réconciliation du savoir et de l’autodidacte, de l’intelligence populaire. »

À la Bpi, niveau 3, 7(0) HEY

Surréalismus


Surréalismus, 2016-

Surréalisme belge, britannique, roumain, danois, espagnol, italien, étasunien… Qui pouvait imaginer que ce courant artistique et littéraire, qui a vu le jour au début du 20e siècle, pouvait avoir autant de spécificités qu’il y a de pays, et pouvait encore intéresser un lectorat au 21e siècle ? C’est le pari de la maison d’édition Surréalismus, située à Narbonne, qui édite deux fois par an cette « revue de l’art surréaliste ».

Faisant appel à des spécialistes internationaux·ales (critiques d’art, philosophes, artistes…), chaque numéro donne un aperçu riche et pertinent de ce mouvement, et élargit la notion d’avant-garde à une grande palette d’artistes d’hier et d’aujourd’hui, célèbres ou moins célèbres : de Victor Brauner à Gherasim Luca, en passant par Leonor Fini, Claude Cahun ou les Femen. Les articles et dossiers sont aussi accompagnés de calendriers des expositions surréalistes, de revues de presse, de résultats d’enchères… Amateur·rices, collectionneur·euses, cette revue spécialisée est à la portée de tous·tes les passionné·es d’art contemporain.

À la Bpi, niveau 3, 7(0) SUR

Garden_lab


Fabrique de jardin, 2017-

Explorer les jardins de demain, c’est ce à quoi nous invite la revue trimestrielle Garden_lab, créée en 2017 par trois passionnées : les journalistes Sylvie Ligny et Marie-Aline Prévost et la directrice artistique Cécile Christophe. Plus qu’une revue, elle s’apparente à un mook, cette publication entre la revue et le livre qui offre aux lecteur·rices le plaisir du feuilletage et la qualité d’articles de fond. Élaborée autour d’un thème paysager, peaufinée comme un beau livre à garder et à collectionner, elle brosse des portraits de paysagistes, des plus reconnu·es aux jeunes talents à la créativité décuplée par les nouveaux défis à relever de la nature en ville.

Garden_lab propose des visites de jardins et de pépinières, œuvres de femmes et d’hommes passionné·es, et permet de découvrir des métiers d’arts liés à la terre et aux plantes. Tout est conçu pour l’inspiration au jardin, pour « ceux qui creusent et ceux qui les inspirent, ceux qui rêvent et ceux qui y croient, les amoureux de la terre dans tous ses états, les bâtisseurs de murs végétaux ou encore les babas du pot… ».  

À la Bpi, niveau 3, 72(0) GAR

Les Arts dessinés


DBD, 2017-

Consacrée au dessin sous toutes ses formes, la revue offre son espace aux dessinateur·rices de presse, illustrateur·rices, auteur·rices de bande dessinée, peintres, décorateur·rices, architectes, designers, graphistes, couturier·ères, jusqu’aux concepteur·rices de jeux vidéo. Son premier numéro paraît en décembre 2017 après une campagne de financement participatif et prend le joli format d’un mook. Le magazine-livre présente des artistes issu·es de différentes générations, de disciplines et d’horizons divers. Il s’intéresse à leur manière de traiter les images, les couleurs, la forme et le trait. Tous·tes celleux qui contribuent par le crayon ou le pinceau à donner forme à ce qui nous entoure ont droit de cité dans Les Arts dessinés, qui leur propose des entretiens ou des cartes blanches. À chaque numéro du trimestriel, une carte blanche est offerte pour illustrer les quatre saisons ou les sept péchés capitaux, ou encore pour proposer de la poésie illustrée.

Depuis septembre 2020, Les Arts dessinés édite une collection de hors-séries intitulée « Les grands entretiens ». Le premier est consacré à Catherine Meurisse, à l’occasion de l’exposition « Catherine Meurisse, une vie en dessin » à la Bpi. Depuis début 2022, la revue s’est associée à la galerie Huberty & Breyne pour ouvrir un espace entièrement dédié au dessin contemporain, comme un prolongement de ses choix éditoriaux, découvertes et coups de cœur. 

À la Bpi, niveau 3, 76(0) ART 10

Esse


Esse, 1984-

Revue exigeante, au format et au graphisme sophistiqués et créatifs, Esse pourrait être considérée comme le pendant outre-atlantique d’artpress. Canadienne, bilingue franco-anglaise, la revue trimestrielle a été créée en 1984. Faisant appel à des spécialistes, des chercheur·euses et des artistes, la revue propose à chaque numéro d’aborder la création artistique contemporaine et ses pratiques multidisciplinaires à travers un dossier thématique. Ces thèmes reflètent les problématiques sociétales actuelles telles que le collectif, la douleur, la sportification… Au printemps 2023, le n°107 aborde la résilience en art, c’est-à-dire la manière dont l’art nous aide à reprendre pied, à guérir, à nous réparer, pour continuer à faire face aux violences et aux changements de nos sociétés. Des articles de fond côtoient des portfolios, des textes critiques traitant de la scène culturelle internationale, ainsi que des comptes rendus d’expositions, d’événements et de publications. Esse a reçu en 2022 la médaille d’or du National Award Magazine canadien. 

Tout comme artpress, Esse est aussi une maison d’édition et publie régulièrement des ouvrages critiques. Fondée en 1984 à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) par des étudiant·es de maîtrise en étude et pratique des arts, la revue est dirigée depuis 2002 par Sylvette Babin, auparavant artiste performeuse et commissaire d’exposition. Elle organise également des ventes d’œuvres, donnant ainsi à des collectionneur·ses et amateur-rice.s d’art la possibilité de se procurer des œuvres d’artistes canadien.nes reconnu.es. 

À la Bpi, niveau 3, 7(0) ESS

Rédiger un commentaire

Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires

Réagissez sur le sujet