Sélection

Zeina Abirached en 5 BD

Au début des années deux mille, Zeina Abirached quitte le Liban, pour s’installer à Paris. Elle devient rapidement illustratrice et autrice. Dans ses bandes dessinées, elle reconstitue ses souvenirs d’enfance et livre un récit très personnel, mettant en scène les membres de sa famille et son voisinage, dans un Liban en guerre.

Son dessin, en noir et blanc, mêle des motifs géométriques qui rappellent les miniatures orientales, à un graphisme tout en rondeur. 
Zeina Abirached est présente le 2 février 2019 à la Bibliothèque publique d’information, pour une rencontre et un atelier avec le public. Balises vous propose alors de découvrir une sélection de ses œuvres.  

Publié le 04/02/2019 - CC BY-NC-SA 4.0

Sélection de références

38, rue Youssef Semaani

Zeina Abirached
Cambourakis, 2006

L’immeuble situé au 38, rue Youssef Semaani, à Beyrouth, abrite des commerces et des logements. Derrière chaque porte, des bribes de vies s’échappent, révélant l’intimité des occupants. Ces petits mondes se côtoient et se rencontrent dans une ambiance bienveillante.

38, rue Youssef Semaani est une BD-objet qui nous entraîne, par un système de dépliages, dans les espaces intimes de cet immeuble dans lequel Zeina Abirached a passé son enfance. En quelques cases, et en noir et blanc, l’autrice nous brosse des portraits attachants et révèle les liens qui unissent ces voisins. Les cadrages, les sonorités et les répétitions, que Zeina Abirached manie avec un remarquable savoir-faire, dévoilent un récit personnel, tendre et poétique. 

Mourir, partir, revenir, c'est le jeu des hirondelles

Zeina Abirached
Cambourakis, 2007

Beyrouth-Est, 1984. La famille Abirached vit dans l’entrée de son appartement, à l’abri des obus, seul îlot de sécurité dans l’immeuble. La fratrie et les voisins s’y retrouvent les soirs de bombardement pour échanger et s’entraider devant une somptueuse tenture représentant Moïse fuyant l’Égypte avec les Hébreux. Ce microcosme survit, tant bien que mal, en autarcie. Ce soir-là, tous s’inquiètent pour Nour et Sami, les parents de Zeina, qui sont coincés à quelques mètres de leur domicile, laissant les enfants seuls. Heureusement, Anhala, une voisine, est là pour Zeina et son petit frère. Peu à peu les voisins arrivent pour se mettre à l’abri et rassurer les enfants.

Zeina Abirached dresse un portrait de Beyrouth tout en retenue. Le noir et blanc sobre n’enlève rien à la teneur poétique du dessin tout en ondulation et en rondeur. L’autrice joue sur la répétition de certains dessins pour accentuer l’aspect oppressant de cette vie de réfugiés de guerre. Comme dans les moments d’attente avec les tic-tac incessants de cette montre ou les volutes des cigarettes qui enveloppent les personnages. Le temps semble s’étirer à l’infini dans ces cases reproduites presque à l’identique. À cela, s’ajoute la tension du bombardement qui met les nerfs à rude épreuve.
Comme les hirondelles, ces oiseaux migrateurs annonciateurs du printemps, cette grande famille change d’habitat au grè des bombardements, laissant derrière elle  leurs morts et leurs proches. Cette BD est à contempler pour sa douceur, sa poésie et la finesse de son graphisme.

À la Bpi, niveau 1, RG ABI M

Je me souviens Beyrouth

Zeina Abirached
Cambourakis, 2008

Zeina Abichared raconte son enfance et son adolescence dans un quartier limitrophe de la ligne verte, zone de démarcation, à Beyrouth-Est entre 1984 et 2006. Dans le cocon familial, elle se souvient des sucreries, de Goldorak, et des moments complices avec ses parents et son jeune frère. Dehors, les éclats d’obus, le rationnement, l’attente, l’insécurité rappellent la guerre en embuscade.

Zeina Abichared reprend le procédé du livre Je me souviens de Georges Perec. Chaque phrase commence par ces trois mots et compose une collection de souvenirs fragmentés. Je me souviens Beyrouth est une boite à souvenirs qui révèle dans un dessin en noir et blanc, plein d’humour et de tendresse, la tension de la vie en temps de guerre et qui effleure la douleur de l’exil.

À la Bpi, niveau 1, RG ABI J

Le Piano oriental

Zeina Abirached
Casterman, 2015

À Beyrouth, dans les années cinquante, vit Abdallah Kamanja, un mélomane qui rêve de faire voyager la musique. Pendant dix ans, l’homme travaille d’arrache-pied pour concevoir un piano extraordinaire, qui reproduit les quarts de ton propres aux mélodies orientales.
Quelques décennies plus tard, Zeina commence sa vie d’adulte et quitte Beyrouth pour s’installer à Paris. Entre le Liban et la France, la jeune femme aux cheveux bouclés se tricote une langue et construit une identité qui lui est propre.
Le Piano oriental est le récit de ces deux trajectoires qui se répondent, au rythme des onomatopées et des accents arabe et français. Mêlant la poésie à un graphisme ornemental, dévoilé par d’habiles jeux de cadrage, Zeina Abirached livre une splendide bande dessinée, qui se fait le trait d’union entre deux cultures.

À la Bpi, niveau 1, RG AB P

Prendre refuge

Mathias Énard ; Zeina Abirached
Casterman, 2018

Pour Mathias Énard et Zeina Abirached, écrire à quatre mains relève de l’évidence ! Réunis autour de ce très beau roman graphique, ils explorent avec poésie la mémoire des lieux qui nous traversent, entre Orient et Occident. Prendre refuge s’ancre dans le Berlin d’aujourd’hui où Karsten, jeune architecte allemand, rencontre Nayla qui a fui la Syrie pour s’installer en Europe. En septembre 1939, deux voyageuses parviennent à Bâmiyân en Afghanistan. Nayla et Karsten essayent de conjuguer leurs différences ; les voyageuses affrontent le regard stellaire des grands Bouddhas sous le ciel de l’Orient. Ces deux histoires tissent le récit du désir, de l’altérité, de l’impossible et explorent le silence qui couvre de cendres le fracas de la guerre.

À la Bpi, niveau 1, RG ABI P

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