Mourir, partir, revenir, c'est le jeu des hirondelles
Zeina Abirached
Cambourakis, 2007
Beyrouth-Est, 1984. La famille Abirached vit dans l’entrée de son appartement, à l’abri des obus, seul îlot de sécurité dans l’immeuble. La fratrie et les voisins s’y retrouvent les soirs de bombardement pour échanger et s’entraider devant une somptueuse tenture représentant Moïse fuyant l’Égypte avec les Hébreux. Ce microcosme survit, tant bien que mal, en autarcie. Ce soir-là, tous s’inquiètent pour Nour et Sami, les parents de Zeina, qui sont coincés à quelques mètres de leur domicile, laissant les enfants seuls. Heureusement, Anhala, une voisine, est là pour Zeina et son petit frère. Peu à peu les voisins arrivent pour se mettre à l’abri et rassurer les enfants.
Zeina Abirached dresse un portrait de Beyrouth tout en retenue. Le noir et blanc sobre n’enlève rien à la teneur poétique du dessin tout en ondulation et en rondeur. L’autrice joue sur la répétition de certains dessins pour accentuer l’aspect oppressant de cette vie de réfugiés de guerre. Comme dans les moments d’attente avec les tic-tac incessants de cette montre ou les volutes des cigarettes qui enveloppent les personnages. Le temps semble s’étirer à l’infini dans ces cases reproduites presque à l’identique. À cela, s’ajoute la tension du bombardement qui met les nerfs à rude épreuve.
Comme les hirondelles, ces oiseaux migrateurs annonciateurs du printemps, cette grande famille change d’habitat au grè des bombardements, laissant derrière elle leurs morts et leurs proches. Cette BD est à contempler pour sa douceur, sa poésie et la finesse de son graphisme.
À la Bpi, niveau 1, RG ABI M
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