Catherine Meurisse entre les arts 4/5 : Le Roman de Renart

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Le Roman de Renart est une compilation de contes de différents auteurs, pour la plupart anonymes. Ces différentes « branches » racontent les mésaventures d’un renard prêt à toutes les ruses pour manger à sa faim, mais qui parfois roule les autres animaux par simple plaisir. Les victimes défilent ainsi les unes après les autres : l’ours Brun, le chat Tibert ou Chanteclerc le coq, qui se montre toutefois plus difficile à duper. Sans oublier, bien sûr, son plus grand compère et ennemi : Ysengrin le loup. Ces histoires ont eu un tel succès aux 12^e et 13^e siècles que le nom du héros a supplanté dans la langue française le mot  « goupil », qui existait pour désigner l’animal et qui est resté usité dans la plupart des autres langues romanes.

Au fil des différents récits, le portrait de Renart évolue : la plupart du temps sa ruse est glorifiée, mais elle est parfois décrite comme amorale. Renart réussit souvent à se sortir de ses mésaventures en héros, mais ailleurs il repart la queue entre les jambes après avoir subi les pires avanies. Toutefois, au cours de la plupart de ses confrontations avec Ysengrin, sa ruse lui donne le dessus.

Catherine Meurisse montre bien cet aspect du personnage dans les planches qu’elle consacre au Roman de Renart dans Mes hommes de lettres, son histoire en bande dessinée de la littérature française. On y voit Renart, affamé, feindre la mort pour voler des anguilles à des « manants ». L’autre aventure dessinée par Catherine Meurisse nous montre Renart convaincre Ysengrin d’attacher un seau à sa queue et de les plonger dans un lac gelé pour y ramasser quantité de poissons. Evidemment, la queue gèle dans le seau et Ysengrin se retrouve prisonnier.

Mais l’intérêt que Catherine Meurisse porte aux mésaventures de Renart ne date pas de la parution de Mes hommes de lettres. Elle raconte qu’enfant, déjà, elle adorait le livre-disque Le Roman de Renard, avec la voix de Philippe Noiret et les illustrations de Jean Giannini. Ce n’est donc pas un hasard si, lors de son concours de fin d’études à l’École Estienne, elle choisit de représenter, avec son humour caustique et son trait énergique, le héros au pelage roux. Peut-être ce personnage ambigu, héros mais pas trop, rusé pour le meilleur et parfois pour le pire, a-t-il d’une certaine manière façonné l’humour de Catherine Meurisse ?

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