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Appartient au dossier : Georges Demenÿ, pionnier du sport et du cinéma

Georges Demenÿ : L’idéal du corps sportif

Sur cette chronophotographie prise par Georges Demenÿ, le modèle est nu, pour voir au mieux les mécanismes anatomiques qui lui permettent de marcher.
Pour accompagner la rétrospective que la Cinémathèque du documentaire consacre, à l’automne 2019, aux documentaires sportifs, Balises analyse cinq images réalisées par Georges Demenÿ. Au début du vingtième siècle, ce théoricien de la gymnastique développe la chronophotographie afin d’analyser les gestes des athlètes, jusqu’à inventer les premières caméras utilisées par Gaumont.

Chronophotographie d'un homme qui marche
Chronophotographie d’une marche en extension (marche corrective) par le moniteur Steiner, École normale de gymnastique de Joinville-le-Pont, vers 1906 © Georges Demenÿ / INSEP iconothèque

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La revendication d’un idéal tonique pour le corps est au centre des images de Georges Demenÿ. Les musculatures visibles y constituent un motif plastique autant qu’un sujet d’étude scientifique : en 1893, Marey et Demenÿ coécrivent des Études de physiologie artistique à destination des artistes.
Pour Patrick Diquet, auteur d’une biographie de Demenÿ, celui-ci « voit dans la chronophotographie un moyen susceptible de montrer les « attitudes vraies » aux artistes habitués à travailler avec les plâtres de la statuaire grecque ». Dans Éducation et harmonie du mouvement, Demenÿ fait d’une musculature harmonieuse la condition essentielle de la beauté féminine, qu’il compare à une statue antique.

Tonicité moderne

Ces corps à peine vêtus pour souligner une musculature globale et toujours en tension reflètent un idéal moderne de santé passant par des activités de loisir. Le développement du sport amateur dans la première moitié du vingtième siècle modifie en profondeur les canons physiques, notamment les standards esthétiques des corps féminins qui seront de plus en plus fins, musclés et toniques, à revers des lignes courbes et des pâmoisons des premières vedettes du cinéma.

Statuaire antique

Les normes esthétiques de l’époque s’inspirent également de l’idéal grec antique évoqué par Marey et Demenÿ. Au tournant du siècle, les changements technologiques rapides dans l’industrie, les transports et l’organisation du travail provoquent un sentiment d’accélération de l’histoire.
En réaction, un retour aux références antiques traverse les arts : Isadora Duncan s’inspire de la statuaire grecque dans ses danses, peintres et sculpteurs expliquent leur attrait pour l’exotisme par le sentiment d’un retour aux origines de l’humanité et les films muets mettent en scène de nombreuses scènes gréco-romaines.

Ainsi, une esthétique typique du début du vingtième siècle naît de la combinaison de la modernité technologique des chronophotographies et de l’idéal antique des corps représentés.

Retrouvez le programme complet du cycle « Plus vite, plus haut, plus fort. Filmer le sport » sur cinemathequedudocumentairebpi.fr

Publié le 23/10/2019 - CC BY-NC-SA 4.0

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