Appartient au dossier : Climat • Paris 2015
Climat • La bibliothèque des jours heureux
Un projet de la Bpi et des étudiants de l'ESAM
La bibliothèque des jours heureux est un projet inspiré par « La Maison des jours meilleurs » que Jean Prouvé, spécialiste de l’architecture de l’urgence, avait conçu en 1954 pour répondre à l’appel lancé par l’Abbé Pierre face à la pénurie de logements. Dans le contexte actuel d’urgence environnementale et à la veille de la COP21, la Bpi a proposé aux étudiants en architecture d’intérieur de l’ESAM Design de mener une réflexion sur la bibliothèque et ses usages et plus spécifiquement sur l’aménagement d’un petit espace. Nous vous invitons à découvrir leur travail.
Les étudiants réinventent la bibliothèque…
Les étudiants de l’ESAM ont eu deux mois pour découvrir la Bpi et revisiter le salon Arts et littératures situé au niveau 3. Les « salons » de la bibliothèque sont de petits espaces, distincts à la fois des imposants rayonnages de collections (l’ensemble du fonds de la Bpi est disponible en libre accès) mais aussi des longues tables de travail. Les salons disposent d’un aménagement particulier (présentoirs pour la valorisation de documents, assises confortables de type chauffeuses, vitrine pour des mini-expositions…) et ils encouragent des approches différentes des collections (lecture rapide, feuilletage, déambulation…).
Le défi proposé aux étudiants consistait à imaginer une micro-architecture permettant à la fois de souligner l’identité du salon Arts et littérature tout en favorisant de nouvelles postures chez les usagers. Ils devaient également tenir compte de l’impact environnemental de leur projet en proposant des matériaux recyclables, des modes de production écologique, etc. Après avoir visité la bibliothèque, ils se sont divisés en 5 groupes. Chaque groupe a élaboré une proposition, présentée grâce à des panneaux et des maquettes.
Proposition 1 : Ensemble
Cette structure, constituée de bandes d’élastiques de couleur, invite les visiteurs à s’installer sur des assises qui permettent de s’asseoir, de se reposer et de lire autrement. Les bandes élastiques sont composées de caoutchouc recyclé à 80% (pneus et joints récupérés et retraités localement). Le caoutchouc est issu du latex, une substance sécrétée naturellement par certains végétaux comme l’hévéa. L’emploi de caoutchouc recyclé contribue à économiser les ressources de la planète.
Proposition 2 : Corkilium
Le nom Corkilium évoque à la fois le liège (« cork » en anglais) et l’aluminium, les deux matériaux employés dans ce projet. Leur combinaison évoque la dématérialisation du livre : la structure prend naissance d’un côté avec le liège évoquant le livre papier, puis elle se transforme en lanières ondulant au dessus d’un nouvel espace. Ces lanières en aluminium se déploient au sol pour former des assises. Le liège et l’aluminium sont des matériaux recyclables. L’espace créé propose de nouvelle manières de s’installer, pour lire ou effectuer une recherche à l’aide de tablettes numériques.
Proposition 3 : Escape
Ce projet est conçu en contraste avec le reste du bâtiment. Un enchevêtrement de cordes appuyé sur des potaux en acier descend au sol à certains endroits pour créer, dans un mouvement aléatoire, des assises confortables qui permettent aux usagers de s’installer comme bon leur semble. Différents modes d’appropriation sont possibles : l’usager peut lire, se reposer, se réfugier, s’assoupir, etc.
Proposition 4 : Steel-working
Le projet Steel-working est un ensemble de modules proposant un espace d’information, de travail et d’échange. Chaque module a été étudié afin que les usagers puisse s’approprier l’espace en fonction de leurs besoins. Cette micro-architecture est faite en acier recyclé, un matériau à la fois solide et durable qui nécessite peu d’entretien.
Proposition 5 : le Salon nervulaire
Cette micro-architecture tridimensionnelle permet aux usagers de lire, discuter ou se détendre de façon confortable. La construction, que l’on peut comparer à une enveloppe, se compose de deux parties distinctes qui se répondent et communiquent ensemble afin de ne pas cloisonner l’espace. Sa trame organique en fil laisse passer la lumière en partie haute grâce à un tissage fin puis elle se densifie pour constituer des assises. Ce jeu de claire-voie contribue à instaurer une ambiance conviviale et un sentiment de protection.
Investir l’espace de la bibliothèque
Le travail des étudiants ne s’est pas limité au plan théorique : ils ont été invités à investir la bibliothèque pour présenter leurs travaux dans l’espace même qu’ils avaient réimaginé. Ils ont déplacé le mobilier installé sur place pour créer une scénographie et, avec un peu d’ingéniosité et beaucoup d’huile de coude, ils ont conçu en un temps record des éléments de signalétique, d’information et de médiation (drop, panneaux, cimaise et écran vidéo). Si le résultat n’est pas aussi débridé que les projets de micro-architecture proposés, cette effervescence a donné aux bibliothécaires de nombreuses idées pour faire évoluer à court et à moyen terme le salon Arts et littérature. Mission accomplie !
Les travaux des étudiants de l’ESAM sont visibles à la Bpi du 25 novembre 2015 au 22 février 2016.
Publié le 21/12/2015
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