Jérôme Mulot et Florent Ruppert se sont rencontrés pendant leurs études en arts. Dès 2006, ils publient ensemble leurs premières bandes dessinées à L’Association et participent à de nombreuses publications collectives. Les deux auteurs sont à la fois dessinateurs et scénaristes et il est impossible de les différencier dans leurs planches. Leurs BD publiées à L’Association et chez Dupuis proposent des histoires toujours inattendues, souvent teintées d’humour noir, et parfois poétiques. Leur dessin et leur mise en scène détonnent dans le paysage de la bande dessinée française, en proposant à chaque titre une expérimentation graphique.
À l’occasion d’une rencontre avec Ruppert & Mulot dans le cadre des Jeudis de la BD, le jeudi 28 mars 2019 à la Bibliothèque publique d’information, Balises vous propose de découvrir les deux auteurs à travers quelques références qui les inspirent au quotidien.
Quels sont les livres qui ont marqué votre enfance ?
Jérôme Mulot : J’adorais Le Club des cinq, d’Enid Blyton. J’aimais tout dans cette série : la douceur et le charme des personnages, le suspense, les paysages, les bords de mer, les chaussures en semelle de caoutchouc que les personnages chaussaient pour ressortir en cachette la nuit et ne pas faire de bruit en marchant sur les graviers. Je me suis lové dans ces histoires comme un long été qui ne finirait jamais.
Florent Ruppert : J’ai beaucoup lu Asterix et Obélix. J’aimais bien cette BD car je pouvais comprendre l’histoire sans avoir à faire l’effort de lire les textes dans les bulles.
Quel.le.s sont les artistes qui vous ont donné envie de faire de la bande dessinée ?
Jérôme Mulot : Enfant et adolescent, j’étais bon lecteur. Je fréquentais la bibliothèque et je lisais un peu tout ce que je trouvais, mais celui qui m’a le plus fasciné et qui m’a réellement donné envie de faire de la bande dessinée, c’est Moebius. J’essayais de comprendre la beauté de son dessin et de ses choix graphiques en le copiant, mais c’était impossible à reproduire. Bien plus tard, j’ai découvert Christophe Blain, Lewis Trondheim et L’Association qui ont ouvert la bande dessinée à des voies passionnantes. C’est tombé au moment où j’ai rencontré Florent à l’école. Nous avons tout de suite beaucoup partagé nos impressions de lectures et nous avons commencé à travailler ensemble.
Florent Ruppert : Notre professeur aux Beaux-Arts, Éric Duyckaerts, a eu une influence très profonde sur notre travail. C’est peut-être grâce à lui que nous avons eu l’envie de travailler ensemble avec Jérôme. Il a délié en nous les spaghettis de la liberté artistique.
Quelle musique écoutez-vous ? Travaillez-vous en musique ?
Jérôme Mulot : J’écoute assez peu de musique en travaillant, je trouve qu’elle m’influence trop, mais j’aime bien avoir la radio en fond sonore.
Florent Ruppert : J’écoute constamment de la musique en travaillant (sauf quand j’écris des dialogues), et je sais que ma concentration est la plus pure quand je suis en train de danser d’enthousiasme sur ma chaise. Si je lève les bras au ciel en faisant des chorégraphies avec les mains, c’est que je suis en train de bien travailler. J’écoute de la musique dansante, magnifique et sensible comme Yamaha de Aleksandir.
Pouvez-vous nous recommander une BD que vous aimez particulièrement ?
Jérôme Mulot : Je viens de découvrir Mimikaki, l’étrange volupté auriculaire de Yaro Abe et c’est vraiment exceptionnel. Il est très fort pour transcrire formellement des émotions et notamment celle de la sensation indescriptible du plaisir à se curer les oreilles.
Florent Ruppert : L’Homme qui se laissait pousser la barbe, d’Olivier Schrauwen, est une de mes BD préférées, je la conseille à tout le monde. C’est un cadeau pour l’âme, ça ne ressemble à rien d’autre, c’est beau, sincère, et étrange. L’étrangeté est rare, et lorsque nous la rencontrons sur notre route, et qu’elle est belle et profonde, alors il faut l’arroser comme Wall-e arrose sa plante dans son pot en chaussure.
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