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Appartient au dossier : David Goldblatt, une histoire ordinaire

David Goldblatt, une histoire ordinaire 4/5 : 21h00, voyage de retour…

Photographe sud-africain né en 1930, David Goldblatt parcourt inlassablement son pays depuis les années soixante pour en raconter l’histoire par le quotidien. Il circonscrit chaque série d’images à un lieu particulier, dont il photographie à la fois les espaces et les occupants. Il raconte ainsi comment l’occupation des territoires façonne l’histoire politique complexe d’une Afrique du Sud traversée par l’apartheid. Il ajoute à ses photographies des légendes détaillées, l’engageant dans une démarche documentaire unique.
Le Centre Pompidou lui consacre une rétrospective du 21 février au 7 mai 2018, et Balises partage avec vous quelques extraits de son œuvre.

Un homme noir endormi dans un bus
21h00, voyage de retour : car Marabastad-Waterval. Pour la plupart des passagers, le cycle recommencera demain entre 2 et 3 heures du matin © David Goldblatt, 1984

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« La politique d’apartheid imposait aux Sud-africains noirs d’être confinés dans des bantoustans tribaux. L’application impitoyable de cette politique provoqua la « migration » dans ces homelands de millions de Sud-africains noirs, contre leur gré pour la plupart. Les moyens employés consistèrent à restreindre sévèrement l’accès des Noirs aux zones urbaines et rurales de l’Afrique du Sud « blanche », qui représentaient 87 % du pays. Les « émigrants » vers les homelands furent installés dans des camps d’habitation divisés en lots familiaux trop petits pour être cultivés, mais chacun doté de latrines à fosse simple.

Les possibilités d’emploi pour une population en augmentation rapide étaient rares dans les bantoustans qui, de plus, étaient éloignés des centres économiques du pays. Les habitants du KwaNdebele faisaient la navette entre ce bantoustan et Pretoria grâce à un réseau fortement subventionné de cars. Certains avaient chaque jour jusqu’à huit heures de trajet, en partant à 2 h 45 du matin pour revenir à 22 h 00.

Les premières photographies ont été réalisées en 1983-1984. J’y suis retourné en 2012 pour photographier ces cars qui se succèdent sans fin depuis l’ancien bantoustan du KwaNdebele jusqu’à Pretoria avant l’aube. L’apartheid n’est plus, mais sa demi-vie continue. On n’en connaît pas la fin. »

David Goldblatt

Publié le 28/03/2018 - CC BY-NC-SA 4.0

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