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Appartient au dossier : Johan van der Keuken, être présent au monde

Découvrir Johan van der Keuken

Photographe et cinéaste, Johan van der Keuken a laissé une œuvre protéiforme, riche d’une soixantaine de documentaires. Alors que se termine le cycle que lui a consacré la Cinémathèque du documentaire, quelques ouvrages permettent de découvrir ou d’approfondir certains aspects fondamentaux de ses films.

Né à Amsterdam en 1938, Johan van der Keuken devient photographe avant de se tourner vers le cinéma, et garde toute sa vie un intérêt pour l’image fixe. Il réalise ses premiers films en 1957, alors qu’il est étudiant à Paris, et tourne une soixantaine de courts et de longs-métrages jusqu’à sa mort, en 2001.

Les documentaires de Johan van der Keuken abordent des sujets très différents au fil du temps. Il s’intéresse à sa ville natale et ses habitants, de Beppie en 1965, à Amsterdam Global Village en 1996. Il parcourt aussi le monde, inlassablement : L’Œil au-dessus du puits (1984) se déroule en Inde, tandis que Cuivres débridés (1993) traverse le Ghana, le Népal ou encore le Surinam. Il tourne et monte des séquences intimes, des Vacances du cinéaste (1974) à Présent inachevé, son dernier film, sorti en 2002. En même temps, il ne cesse d’explorer des questions politiques : l’agriculture et la mondialisation dans La Jungle plate en 1978, les parcours migratoires dans Vers le sud en 1981…

L’exploration du monde va de pair, chez le réalisateur, avec l’exploration des formes. Parfois proches des arts plastiques ou de la fiction, ses montages relèvent à d’autres moments d’une « méthode documentaire » qu’il s’approprie progressivement. La constante de son style réside dans ce regard aïgu, subjectif et décidé sur le réel, qu’il traduit en proposant des cadres serrés, des mouvements de caméra vifs, et un montage ciselé au rythme presque musical. Simultanément, il construit ses films en alternant sons directs et désynchronisés, et en proposant un usage à la fois informatif et presque onirique de la musique.

Johan van der Keuken a été très attentif, de son vivant, à transmettre son œuvre et son désir de cinéma. C’est poursuivre sa tâche que de proposer, aujourd’hui, quelques clés pour entrer dans cette filmographie foisonnante, et pour appréhender au mieux la justesse de son regard, empli d’humanité.

Publié le 26/02/2018 - CC BY-NC-SA 4.0

Sélection de références

Amsterdam Global Village, de Johan van der Keuken

Aurélien Py
Yellow now, 2006

Après avoir parcouru le monde entier et réalisé 47 films en près de 40 ans, Johan van der Keuken choisit de filmer ce lieu d’accueil qu’est sa ville natale, Amsterdam. La construction du film s’inspire des cercles des canaux de la vieille cité. Tout s’ordonne autour de 4 histoires. L’histoire de Roberto le Bolivien, de Khalid le coursier marocain, de Borz-Ali le Tchétchène et de Hennie, la vieille dame juive. Ces rencontres nous emmènent en Bolivie où Roberto, devenu bienfaiteur de son village, rend visite à sa vieille mère, en Tchétchénie où nous nous trouvons face aux horreurs de la guerre.

Dans cet essai, Aurélien Py montre la profondeur, la justesse et la vigueur d’un travail repoussant les limites entre documentaire et fiction, reportage et journal intime.

À la Bpi, niveau 3, 791.6 VAND 2

Aventures d'un regard : films, photos, textes

Johan van der Keuken
Cahiers du cinéma, 1998

Johan van der Keuken s’initie à la photographie dès l’âge de douze ans avec son grand-père, puis à dix-sept ans, il part à Paris étudier le cinéma à l’IDHEC. Son œuvre abondante est une exploration du regard. Un regard à la fois tendre, complice, ému. Dans un même mouvement, il photographie, filme et écrit, remettant inlassablement en cause ses enjeux esthétiques et politiques.

Cet album est composé de trois parties : en premier lieu, le cinéaste réfléchit sur son travail, sur l’art. Il présente ensuite chronologiquement sa filmographie, commentant ses films. De nombreuses photographies et photogrammes accompagnent les textes. La troisième partie très colorée aborde son travail de photographe à travers le monde dans les années 1990 (Inde, Amsterdam, Bolivie, New York, Sarajevo). Une filmographie complète clôt cet ouvrage édité en collaboration étroite avec François Albera.

À la Bpi, niveau 3, 791.6 VAND 1

L'oeil lucide : l'oeuvre photographique 1953-2000

Johan van der Keuken & Alain Bergala
Les Éditions de l'Œil, 2001

Reconnu internationalement comme un grand cinéaste documentariste, Johan van der Keuken a commencé avec la photographie. En 1955, il publie son premier album, Nous avons 17 ans. L’œil lucide est paru quelques mois après sa mort en 2001, et présente une sélection qu’il a faite lui-même dans son œuvre photographique de 1953 à 2000.

À la Bpi, niveau 3, 791.6 VAND 1

​Images documentaires - numéro 29/30: Johan van der Keuken

​Images documentaires - numéro 29/30: Johan van der Keuken

En 1998, la revue Images documentaires consacre un numéro à Johan Van Der Keuken. C’est la première publication dédiée au cinéaste néerlandais en France. Ce numéro sort à l’occasion d’une rétrospective télévisée de la chaîne Planète et de la sortie en salles du film Amsterdam Global Village, qui rencontre un succès critique très positif et lui permet d’élargir son audience.

Ce dossier a pour objectif de donner quelques clés d’accès aux films de ce cinéaste considéré à tort comme difficile. Parmi les contributeurs du dossier figurent Alain Bergala, Jean-Paul Fargier ou Robin Dereux.

L'œuvre de Johan van der Keuken et son contexte : contre le documentaire, tout contre.

Robin Dereux, maître de conférences en cinéma à Paris-8, a consacré sa thèse à Johan van der Keuken. Dans cet article, il analyse le rapport ambivalent que le cinéaste entretenait à la démarche documentaire.

Au début de sa carrière, Van der Keuken explore des problématiques formelles proches des arts plastiques, se méfiant du naturalisme revendiqué par le cinéma direct. Plus tard, il évoque, à propos de ses films, une expérience de cinéma, dans laquelle la frontière entre fiction et documentaire n’existe quasiment pas. Néanmoins, il appréhende progressivement la complexité que recèle la notion de « réel », et travaille la présence des êtres et la structure des récits plutôt que leur vérité, tout en commençant à affirmer appliquer une « méthode documentaire ». C’est elle qui lui permet d’expérimenter l’improvisation, et d’apporter à ses films l’incertitude nécessaire à une juste perception de « la vie ».

Avec des dispositifs cinématographiques toujours singuliers, Johan van der Keuken propose donc des films hétérogènes, qui suivent avant tout le fonctionnement de l’imagination du cinéaste et de ses spectateurs.

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