En 2001, la Bpi, avec le soutien du Parlement international des écrivains, organise les rencontres internationales des écritures de l’exil et donne la parole pendant trois jours à une trentaine d’écrivains, autour de l’exil et de la liberté de création.
Ce premier rendez-vous va se poursuivre pendant 10 ans avec les rencontres du cycle « D’encre et d’exil ».
Nous vous proposons d’aborder tous ces thèmes à travers cette sélection d’entretiens et de tables rondes. Une grande diversité de parcours, de récits, et de langages littéraires que nous vous invitons à découvrir ici.
Sélection de références
En 1982, Bashkim Shehu est condamné à dix ans de prison pour propagande subversive. En 1989, cette peine est reconduite pour huit ans. Il est libéré en 1991 grâce aux changements politiques survenus dans son pays. Après avoir vécu en Hongrie, puis à nouveau en Albanie, il milite pour les droits de l’homme au sein du comité Helsinki. Menacé par le régime de Barisha, il s’exile à Barcelone en 1997, où il est accueilli en Ville-refuge. Il choisit ensuite de s’y installer et est chargé par le Parlement international des écrivains, d’enquêter sur les atteintes à la liberté de création dans le monde (2001).
Écrivain et cinéaste, Vu Thu Hien est arrêté en 1967 dans le cadre de la « lutte contre les révisionnistes anti-communistes ». Il est emprisonné sans procès, isolé dans une cellule, soumis à la torture et aux privations. Il est ensuite transféré dans un camp de détention, avec d’autres « éléments contre-révolutionnaires ». Amnistié en 1976, il est autorisé à reprendre ses activités artistiques sous pseudonyme. À Moscou, où en 1992 il est autorisé à se rendre pour travailler, il entreprend la rédaction de ses mémoires de prison, La Nuit en plein jour. Informées, les autorités de Hanoi le poursuivent : victime d’un attentat dans son appartement, il est frappé et poignardé, et on lui dérobe son manuscrit. Toujours menacé en Pologne, où il s’est réfugié, il parvient à s’installer en France, où il obtient le statut de réfugié politique. Il est accueilli en Ville-refuge à Strasbourg, puis à Berne et à Paris (2001).
L’enfance et l’adolescence d’André Brink se déroulent dans le milieu fermé et très traditionnel des Afrikaners de province. Lorsqu’il part étudier en France, en 1959, et qu’il fait la rencontre d’étudiants noirs, il voit alors s’effondrer toutes ses certitudes et toutes ses convictions. Il prend alors conscience de l’Apartheid. Au milieu de son séjour, le 21 mars 1960, a lieu le massacre de Sharpville. La police tire sur les manifestants : 69 morts et près de 200 blessés. « Au plus noir de la nuit » est interdit pour pornographie. Il écrit alors en anglais pour continuer à être lu hors de son pays.
Alejandro Canseco-Jerez s’entretient avec deux écrivains majeurs de la littérature chilienne, de la même génération et ayant suivi la même formation, tous les deux sont médecins et ont fait des études littéraires. Alors que l’un construit son oeuvre à l’intérieur du Chili, l’autre fait le choix de l’exil pour continuer à écrire, à expérimenter d’autres formes d’écriture. Francisco Rivas commence à écrire dans les premières années de la dictature de Pinochet. La censure le contraint alors à adopter le pseudonyme de Francisco Simón. Roberto Gac fait des études de philosophie et de médecine et une spécialisation en psychiatrie En 1968, il abandonne la pratique de la médecine pour se consacrer uniquement à la littérature. Exilé culturel en 1968, puis exilé politique en 1973 à la suite du coup d’état de Pinochet, il s’installe en France et adopte progressivement la langue française. Il prend la nationalité française en 1991.
Quelles sont les raisons qui ont amenés les écrivains haïtiens invités à la table ronde à choisir de partir pour le Canada, la France ou l’Italie et quelles relations entretiennent-ils avec Haïti ? L’exil est-il une aide pour la création ou au contraire une barrière ? Quel est l’accueil réservé à leurs œuvres ?
Les écrivains argentins évoquent l’utilisation qu’ils font du polar dans leurs romans. Intrigue policière utilisée comme stratagème pour saisir l’attention du lecteur et l’amener à s’interroger sur la pratique criminelle, ou genre du roman noir permettant de décrire plus librement une société argentine basée sur le crime et la corruption et dans laquelle la transgression serait le seul moyen de survivre.
L’écriture peut-elle être une aide à la difficulté de l’exil ? Il semble que la fiction puisse être un bon moyen d’adoucir et d’embellir la réalité. A travers la création littéraire, c’est aussi toute la nostalgie du pays quitté qui peut s’exprimer. Le choix de la langue – langue maternelle, langue(s) de l’exil – permet de marquer son lien aux pays d’origine, de s’en affranchir pour se reconstruire ailleurs, mais peut également être perçu comme un simple moyen de création.
Les auteurs évoquent l’usage et le rapport qu’ils entretiennent avec leur langue maternelle et la langue du pays d’exil. Nostalgie du pays ou désir de liberté et d’émancipation déterminent le choix de la langue, des langues d’écriture.
Catherine Pont-Humbert réunit quatre auteurs exilés autour de la relation entretenue entre l’écriture poétique et la dimension politique. L’insularité est d’abord retracée à travers ses frontières géographiques. La conscience politique est aussi reconsidérée à travers l’examen de ses propres racines au-delà sa propre identité. En effet, la langue, la culture et l’histoire liées à l’île constituent l’identité des insulaires mais aussi celle de leurs écritures. En prenant pour exemple les îles de Chypre et de Madagascar les intervenants expliquent comment l’écriture se nourrit alors de tous ces éléments et peut devenir violente lorsqu’elle rentre en contact avec la dimension politique.
Les trois écrivains russes invités ont fuit l’Union soviétique et se sont exilés en Israël, en France, ou aux Etats-Unis. Départ contraint ou librement choisi, leur parcours et leur expérience divergent. Pour tous, l’émigration apparaît comme une chance, non seulement pour l’écriture mais aussi pour leur vie, le départ leur permettant de devenir libre et d’écrire différemment.
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