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Des plantes intelligentes ? La cuscute

La cuscute est une plante parasite qui sélectionne son hôte végétal sur des critères précis avant de fusionner avec lui. Ce choix résulte-t-il d’une forme d’intelligence végétale ? Parler d’intelligence pour une plante, qui ne dispose ni d’un cerveau ni d’un réseau de neurones, est probablement un abus de langage. Cela permet cependant d’attirer l’attention sur les formidables capacités des plantes à réagir et à collaborer. Cela contribue églement à changer notre point de vue sur ces formes qui représentent 99 % du vivant de la planète. 
Balises vous présente les étonnantes propriétés de quelques végétaux.

feuilles et fleur de la plante
Cuscuta pentagona, par Mason Brock (Masebrock) via Wikimedia Commons [CC0]

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La cuscute ou Cuscuta est une plante invasive sans racines et incapable de photosynthése. Elle forme un amas de fines lianes, ornées de petites fleurs, et qui se fixent sur d’autres plantes. C’est pour cette raison qu’on l’appelle aussi « filets de Dieu ».

En germant, la graine développe un organe renflé à la base de la plante, duquel s’élance une tige qui s’allonge et décrit des cercles dans l’air, semblant explorer son environnement. Quand elle trouve une plante, elle s’oriente vers elle. Des filaments poussent sur la tige et s’enroulent autour de l’hôte végétal. Leur surface est recouverte de petits suçoirs qui pompent les nutriments de la plante pour permettre à la cuscute de s’alimenter. Sans hôte, la cuscute meurt. Pourtant, elle ne choisit pas de parasiter la plante la plus proche : la cuscute sélectionne son hôte en fonction de la robustesse de ce dernier et de l’espèce à laquelle il appartient, et cela sans même le goûter.

La chercheuse Colleen K. Kelly, de l’université d’Oxford, met en évidence la préférence de la cuscute pour des plantes vigoureuses dès 1992. Une équipe de chercheurs de l’université de Pise prouve ensuite en 2005 que les cuscutes s’orientent vers les plantes dont la surface réfléchit spécifiquement la couleur « rouge lointain » sur le spectre lumineux, signe que la plante est riche en chlorophylle. En 2006, une équipe de l’université de Pennsylvanie démontre l’incidence des odeurs sur le choix de l’hôte, en observant les réactions du parasite aux composants odorants de diverses espèces. Plus récemment, des chercheurs américains ont mis en évidence un échange d’ADN entre la plante hôte et son parasite. La cuscute modifie l’ADN de sa victime à son profit. Elle agit notamment sur la croissance de la plante et ralentit sa cicatrisation pour mieux extraire ses nutriments.

Mais la cuscute ne fait pas que dévitaliser son hôte. Elle l’avertirait de certains dangers encourus. En présence de menaces liées à un insecte, par exemple, la cuscute transmet l’information via l’ADN aux plantes connectées à elle et qui ne sont pas encore attaquées, ce qui a pour effet d’augmenter chimiquement la résistance aux insectes chez ces dernières. 

La cuscute, sans cerveau et sans neurones, présente des similitudes de comportement avec d’autres parasites d’origine animale : elle organise sa survie en sélectionnant son hôte et en le ménageant. Les scientifiques de la très controversée neurobiologie des plantes interprètent ces calculs pour optimiser la survie comme une forme d’intelligence. D’autres spécialistes en botanique estiment que cette analyse est le fruit d’une surinterprétation et que les réactions des plantes sont propres à leur constitution végétale.

Publié le 06/01/2020 - CC BY-SA 3.0 FR