Cinéma - Politique et société
Harutyun Khachatryan, cinéaste de la vérité
Harutyun Khachatryan est soucieux de capter la vérité des sujets qu’il filme. À l’occasion de sa rétrospective, organisée par la Cinémathèque du documentaire par la Bpi au Forum des images jusqu’au 30 novembre 2025, Balises a interviewé le cinéaste arménien et consacre un dossier consacre un dossier à son œuvre et sa conception du film documentaire.
« Mon cinéma s’approche très prudemment de l’eau, du rocher, de l’arbre, de l’homme, de l’action pour ne pas troubler leur existence, pour respecter la vérité, la réalité de cette image. »
Harutyun Khachatryuan
Que ce soient des hommes ou des femmes, un paysage sous la neige, les gestes d’un·e artiste ou les crépitements d’un feu de cheminée, Harutyun Khachatryan, né en 1955 dans la Géorgie soviétique, recherche avant tout « la réalité des images ». Son approche est celle d’un humaniste. Cinéaste, oui, mais il s’efforce de ne pas être « un réalisateur “très artistique” ». « Devant eux [ses personnages], je ne peux pas me permettre d’être artificiel ou de “faire de l’art” », confie-t-il.
Pour Harutyun Khachatryan, soucieux de rendre compte de la persistance du passé dans le présent et de rappeler les violences subies par le peuple arménien confronté au génocide, faire du cinéma, c’est avant tout être dans la sincérité. Dans chacun de ses films, on ressent la délicatesse de sa caméra, attentive aux gazouillis des oiseaux, aux bruits du vent, ce qu’il appelle « les cadeaux de la nature » :
« Les cadeaux de la nature sont par exemple une pierre, un arbre courbé, un ruisseau qui coule, de l’eau qui mousse… toutes ces choses qui deviennent, pour moi, les symboles d’un état d’âme, d’une émotion ou d’une énergie. »
Harutyun Khachatryuan
Les dialogues sont rares dans les films d’Harutyun Khachatryan : « Pour moi, un film, c’est avant tout l’image, les sons et la musique. Je n’utilise pas souvent la parole, car j’ai l’impression qu’elle peut parfois introduire une certaine insincérité dans une histoire vraie. » Le réalisateur cherche avant tout à écouter le silence et le vide de ses personnages, qui portent en eux l’histoire de l’Arménie avec son lot de massacres, de persécutions, d’exils. Il accorde ainsi une grande importance à la bande-son, à la musique. Dans son œuvre, les chants populaires sont d’ailleurs très présents, témoignages de l’âme arménienne.
La rétrospective dédiée au réalisateur arménien est l’occasion de prêter attention à l’essentiel qui se cache derrière les détails, à la puissance de son cinéma qui montre, sans filtre et avec honnêteté, la vérité d’un peuple.
Publié le 24/11/2025 - CC BY-SA 4.0
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Pour aller plus loin
Le Cinéma arménien
Jean Radvanyi (dir.)
Centre Georges Pompidou, 1993
Cet ouvrage propose des articles sur l’histoire de la double cinématographie arménienne, celle de la République d’Arménie, des origines à nos jours, et celle de la diaspora. Avec les biographies des réalisateur·rices, les fiches techniques des principaux films et de nombreux documents.
À la Bpi, en traitement
Le Génocide arménien
Anne Dastakian
La Mascara, 2005
100 questions pertinentes répondant à 100 questions sur le génocide des Arménien·nes.
À la Bpi, 947.41 DAS
Histoire du peuple arménien
Privat, 2007
Edition complétée d’un ouvrage publié en 1982 et conçu par une équipe internationale d’universitaires. Outre le quart de siècle décisif conduisant à l’année 2006, l’ouvrage est aussi enrichi d’un chapitre additionnel sur la première république d’Arménie (1918-1921).
À la Bpi, 947.41 DED