Kanaky : sur les traces d'Alphonse Dianou
Joseph Andras
Actes Sud, 2018
Dans Kanaky, Joseph Andras revient sur l’histoire coloniale française en Nouvelle-Calédonie, et particulièrement sur la prise d’otages de la grotte d’Ouvéa. Menée par un groupe d’indépendantistes kanak durant le printemps 1988, à quelques jours de l’élection présidentielle et d’un scrutin régional, cette action, souhaitée pacifique, s’achève sur une intervention militaire et un bain de sang. Deux soldats français et dix-neuf militants kanak perdent la vie durant l’opération. À sa tête, se trouve Alphonse Kahnyapa Dianou, ancien séminariste de vingt-huit ans, actif au sein du FLNKS, le Front de libération nationale kanak et socialiste.
Joseph Andras cherche à dépasser le storytelling entourant Dianou, à découvrir qui il était et ce qui s’est véritablement passé en mai 1988. Chrétien ou communiste ? Pacifiste convaincu ou terroriste ? L’auteur passe trente mois à collecter les pièces du puzzle. Il part à deux reprises en Nouvelle-Calédonie sur les traces des mouvements anti-coloniaux, à la rencontre des proches et des anciens compagnons de lutte d’Alphonse Dianou.
Kanaky est également une réflexion sur le pouvoir de la littérature. Joseph Andras ne se reconnaît pas comme écrivain-voyageur, considérant le temps passé en Nouvelle- Calédonie comme une possibilité de collecter des voix rarement entendues. Il souhaite livrer avec Kanaky une autre version de l’histoire – celle des perdants – alors que les livres publiés jusqu’alors sur le sujet proposaient la même vision des événements. Joseph Andras déclare dans un entretien pour Diacritik : « mon travail a, ici, consisté à écouter les gens puis à restituer ce qu’ils avaient à dire, et n’avaient pas toujours eu l’occasion de dire. À essayer de mettre un peu d’ordre dans des récits éclatés, des narrations contradictoires. »
Comparant son rôle à celui d’une courroie, l’auteur garde à l’esprit la nécessité de « ne pas se servir de l’Histoire pour sa petite tambouille littéraire », comme il l’explique sur France Culture. Assumant sa partialité, Joseph Andras cherche à définir sa place en tant qu’écrivain, quelque part entre le journaliste, l’historien, le militant et le poète, utilisant les outils des uns et des autres au service d’une littérature engagée.
À la Bpi, niveau 3, 840’’20’’ ANDR.J 4 KA
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