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Appartient au dossier : Tour du monde à la Bpi

Escale à Manhattan, le nez dans les cartes

Pendant cette période où les déplacements sont limités, les cartes invitent au voyage et à la rêverie. Nous vous proposons une escapade dans le temps et l’espace depuis les origines de New York jusqu’à ses derniers gratte-ciel.
Chaque semaine durant la crise sanitaire, la Bibliothèque publique d’information fait escale dans des lieux différents pour découvrir un aspect de leur histoire, de leur organisation ou de leur patrimoine, accompagné d’une sélection de ressources à consulter en ligne et dès la réouverture de nos salles.
 

Un voyage dans le temps en cartes

New York, avec ses rues parfaitement quadrillées, a toujours attiré les cartographes. Les nombreuses cartes réalisées au fil des siècles permettent de voyager dans l’histoire de la ville et témoignent visuellement de son développement urbain depuis la pointe de Manhattan.

Certaines cartes anciennes sont consultables en ligne via les précieuses et riches collections numériques de la Bibliothèque du Congrès et de la New York Public Library ou encore avec la David Rumsey Map Collection, l’atlas of the City of New York de Bromley ou Gallica.

Premières cartes, celles des origines

Carte de Manhattan de 1639 représentant l'île sans aucune habitation.
Manhattan sur le fleuve nord, 1639 par le cartographe Joan Vinckeboons (1617-1670)

En 1609, Henry Hudson, un Anglais navigant pour le compte des Hollandais, s’aventure sur la rivière qui porte aujourd’hui son nom et découvre l’île de Manhattan (« l’île aux nombreuses collines » en langue indigène). La Nouvelle Amsterdam, ancien nom de New York, est créée en 1614. Les premiers colons y organisent l’urbanisme pour se protéger des attaques des Anglais et des Indiens. Ils construisent ainsi un fort à la pointe sud, le Fort Amsterdam, visible à gauche sur le plan Castello de 1660 (ci-dessous). Une célèbre rue y est déjà représentée : Breedweg, la future Broadway (de broad : large), la voie la plus large sur la carte.

La comparaison du plan Castello avec une carte récente de New York montre comment, au fil du temps, Manhattan a gagné du terrain sur la mer et les cours d’eau, grâce à un système d’excavations et de remblais.

Le plan Castello montre les premières habitations de Manhattan. Sur la carte actuelle, la zone gagnée sur la mer double la surface de Manhattan
Castello Plan, Nouvelle Amsterdam, 1660, New York Public Library

Des cartes de New York, ville anglaise

En 1664, les Anglais prennent la ville et la rebaptisent New York en hommage au duc de York. Comptant près de mille cinq cents habitants, c’est un port qui connaît déjà un remarquable essor.

Au milieu du 18e siècle, la ville est en pleine expansion. Un premier plan d’urbanisation rationalisé et rectangulaire est présenté par l’ingénieur Francis Maerschalck.

Le plan montre des rues quadrillées, encore rares, au milieu de larges espaces vides.
Plan de New York, Francis Maerschalck, 1755, Library of Congress

La guerre d’Indépendance (1775-1783) porte un coup d’arrêt au développement de la ville. Malgré cela, elle devient la première capitale des États-Unis d’Amérique en 1789.

Sur le le Commissioners’ plan, le quadrillage des rues est beaucoup plus dense et régulier.
Extrait du Plan cadastral du Commissionner’s Plan de New York, 1807

Les travaux d’aménagement ne reprennent qu’au début du 19e siècle avec un nouveau plan : le Commissioners’ plan, adopté en 1811. Ce plan témoigne du début de l’urbanisation rationalisée de l’espace qui va donner son caractère à la ville : structure quadrillée, plan en damiers, nouvelles rues non plus désignées par des chiffres. Manhattan est découpée en douze avenues du Nord au Sud et cent cinquante-cinq rues d’Est en Ouest. Greenwich Village en est exclu, probablement à cause de son isolement suite aux épidémies de fièvre jaune et de choléra.

Il ne manquait plus que le célèbre Central Park pour satisfaire la classe aisée de la ville qui souhaitait un espace vert comme à Paris ou à Londres. Créé à partir de 1853, il est achevé en 1873.

En 1876, New York atteint son premier million d’habitants. La carte en perspective qui suit montre, à vol d’oiseau, la densification et les principaux points d’intérêt de la ville au milieu du 19e siècle.

Carte en perspective, vue en hauteur. Beaucoup d'immeubles, les premiers buildings et un pont sur l'hudson sont apparus
The city of New York, Currier & Ives, 1870, Library of Congress

Le Center for Spatial Research, de l’université de Columbia, a réalisé une animation, The New York City Evolution, qui permet de visualiser l’évolution de la ville de New York de 1609 à nos jours, en utilisant des superpositions de cartes historiques et des données géologiques, de réseaux et d’infrastructure.

New York aujourd’hui

New York en gratte-ciels

New York, métropole de contrastes et d’expérimentations urbaines, avec ses huit millions d’habitants, est d’abord la ville des gratte-ciels. Elle en compterait plus de sept cents. La verticalité reste la marque de la Grosse Pomme, même si d’autres villes du Moyen-Orient et d’Asie rivalisent avec leurs tours vertigineuses.

New York fut, avec Chicago, la première ville à construire des immeubles pour faire face à un afflux de migrants au 19e siècle. Leur implantation, au départ réalisée de façon anarchique, a été ensuite corrigée par la « Zoning Low », une loi sur le zonage qui obligeait les architectes à adapter la hauteur des immeubles à la largeur des rues. Les gratte-ciels ou immeubles de grande hauteur ont eux été construits du début du 20e siècle à la crise de 1929, mêlant différents courants d’architecture : « beaux-arts » (Flatiron building), néogothique (Woodworth building), art déco (Chrysler building) et enfin, le style moderne (le siège de l’ONU). 

Vue de face de New-York, les nouveaux gratte-ciel ressortent en couleur
Capture d’écran – The New New York Skyline, infographie du National Geographic 

Depuis les attentats de 2001, des architectes prennent le contre-pied de ce courant uniforme avec des murs penchés ou torsadés. D’autres gratte-ciels se caractérisent par leur extrême finesse et leur très grande hauteur, principalement au sud de Central Park (en 2014, Tour One 57 ; en 2015, 432 Park Avenue ; en 2019, Central Park Tower…).

L’infographie du National Geographic, The New New York Skyline, présente un panorama visuel des grands immeubles les plus récents.

La vidéo Evolution of the Lower Manhattan Skyline montre la croissance du paysage urbain avec un positionnement des principaux gratte-ciels sortis de terre depuis le début du 20e siècle.

Découvrir  New York

Le métro est un bon moyen pour parcourir cette ville tentaculaire.  La plupart du temps souterrain, 40 % de ses lignes suivent aussi un tracé aérien. Cette institution fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, comprend 24 lignes et plus de 450 stations. Ses plus anciennes structures datent de la fin du 19e siècle et la première ligne souterraine a été construite en 1904. Le New York Times nous en propose une très intéressante carte interactive qui montre son maillage et comment elle a été conçue.

Dans les années soixante-dix, la ville était au bord de la faillite, avec beaucoup de criminalité et un nombre d’usagers du métro en chute libre. On reprochait à la carte du métro d’être trop compliquée. En 1979, le Metropolitan Transportation Authority (MTA) a donc proposé une nouvelle carte.

Plan qui montre les rues bordées d'arbres
Capture d’écran – New York City Street Tree Map – Manhattan, entre West village et Lower east side

Comme le montre l’image satellite de New York réalisée par la Nasa en 2002 avec ses couleurs ajoutées, New York compte de nombreux parcs et des rues bordées d’arbres. Cette « forêt urbaine » recensée et cartographiée est à découvrir grâce à la New York City Street Tree Map.

À défaut d’arpenter à pied les parcs de New York, pourquoi ne pas effectuer une visite virtuelle de la High Line ? Cette promenade plantée, sorte de jardin suspendu entièrement piéton, circule à dix mètres du sol en frôlant les immeubles de Manhattan. À l’origine, la High Line était une voie de chemin de fer. Des rails sont d’ailleurs encore visibles sur certaines parties du parcours. L’ancienne ligne, créée en 1934 puis désaffectée en 1980, est longtemps restée à l’abandon. Elle a été sauvée de la destruction par une association de riverains. Séduit par ce projet vert, le maire de New York de l’époque, Michael Bloomberg, le valide en 2004. Une fois les travaux effectués, la promenade ouvre en 2009. La High Line s’étire des abords du Whitney Museum jusqu’à Penn Station. Longue de 2,3 kilomètres, elle enjambe dix-neuf rues sur lesquelles elle propose de magnifiques perspectives. Une autre manière de voir la ville.

Publié le 02/06/2020 - CC BY-SA 4.0

Sélection de références

Atlas de New York : crises et renaissances d'une pionnière

Renaud Le Goix
Autrement, 2013

Au fil des cartes, l’atlas expose les diverses facettes de la mégapole new-yorkaise qui résume en son sein la complexité de l’espace mondial.

À la Bpi, niveau 2, ATL 913.39(73) AUT

Cette ville qui nous regarde : de la Promenade plantée au High Line Park

Michael Jakob
Editions B2, 2015

Sur ces deux objets à la mode, la Promenade plantée de Paris et le High Line Park de Manhattan, célébrés par tout le monde, y compris par l’industrie du tourisme globalisée, on aura tout entendu, sauf peut-être l’essentiel : ces dispositifs complexes sont générés par la ville elle-même et elle nous communique par là quelque chose de fondamental. C’est la raison pour laquelle nous devons prêter toute notre attention et intelligence à ce qui s’est installé au tournant du siècle à New York et à Paris, convaincus comme nous le sommes, qu’il y a avec ces plate formes – outre les thèmes de la marche et de la déambulation urbaine, de la flânerie et de la dérive, de la ruine et de la rouille, de la trame verte et du spectacle – tout un monde à découvrir.

À la Bpi, niveau 2, HG BUR PFU,
à demander au bureau Histoire Géographie

Les jardins de la High Line à New York : un modèle de nature urbaine

Piet Oudolf, Rick Darke
Ulmer, 2018

Longtemps friche industrielle envahie de plantes sauvages, la High Line est devenue à la fois un centre culturel, un lieu de promenade et un jardin remarquable en plein cœur de New York. Elle révèle une vision originale de la conception des plantations et du paysage tout en offrant une grande variété de plantes exotiques.

À la Bpi, niveau 2, 913.341 OUD

New York : réguler pour innover. Les années Bloomberg

Ariella Masboungi, Jean-Louis Cohen
Parenthèses, 2014

Ce livre explore l’inventivité à l’œuvre dans la légendaire ville de New York sous la mandature de Michael Bloomberg, maire de la ville de 2002 à 2013.
Désormais les espaces publics privilégient les piétons (walkable city), avec des « salons » urbains et la transformation du viaduc de la High Line, l’architecture a été régénérée avec des signatures de renom.

À la Bpi, niveau 2, 913.39(73) MAS

Nonstop Metropolis : A New-York Atlas

Nonstop Metropolis : A New-York Atlas

Rebecca Solnit, Joshua Jelly-Schapiro, Molly Roy
University of California Press, 2016

Cet ouvrage poursuit l’approche originale et artistique de la série dirigée par Rebecca Solnit, à partir des territoires vécus. Ces cartes, dessinées par des professionnels, n’en représentent pas moins des thèmes et des visions subjectives, artistiques, de la ville, qui remettent en cause une approche trop dépassionnée et pseudo-objective souvent promue par ailleurs.

À la Bpi, niveau 2, 913.39(73) SOL

Robert Moses : le maître caché de New York

Pierre Christin, Olivier Balez
Glénat, 2014

Cet ouvrage retrace le destin de Robert Moses, un architecte qui a transformé la ville de New York entre 1930 et 1970.

À la Bpi, niveau 2, 913.39(73) CHR
Logo du magazine Geo

De la Nouvelle-Amsterdam à New York : la fondation d'une ville emblématique

Le magazine Géo revient sur la découverte de Manhattan, son achat aux indiens et l’arrivée des premiers colons, au cours du 17e siècle.

Histoire de New York : les origines de Manhattan !

Le Mag américain retrace dans cet article la création de New York, depuis les origines sur l’île de Manhattan jusqu’au plan en blocs.

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