Francis Bacon : Logique de la sensation
Gilles Deleuze
Éditions du Seuil, 1981
Gilles Deleuze (1925 – 1995) est philosophe. Des années soixante jusqu’à sa mort, Deleuze a écrit une œuvre philosophique influente et complexe, à propos de la philosophie elle-même, de la littérature, de la politique, de la psychanalyse, du cinéma et de la peinture. Jusqu’à sa retraite en 1988, il fut également un professeur de philosophie renommé. Gilles Deleuze a exploré notamment les ruptures survenues en peinture en s’appuyant sur l’œuvre de Francis Bacon, célèbre pour ses corps aux chairs diluées et ses personnages isolés dans des espaces clos.
« Pitié pour la viande ! Il n’y a pas de doute, la viande est l’objet le plus haut de la pitié de Bacon, son seul objet de pitié, sa pitié d’Anglo-Irlandais. Et sur ce point, c’est comme pour Soutine, avec son immense pitié de Juif. La viande n’est pas une chair morte, elle a gardé toutes les souffrances et pris sur soi toutes les couleurs de la chair vive. Tant de douleur convulsive et de vulnérabilité, mais aussi d’invention charmante, de couleur et d’acrobatie. Bacon ne dit pas «pitié pour les bêtes» mais plutôt tout homme qui souffre est de la viande. La viande est la zone commune de l’homme et de la bête, leur zone d’indiscernabilité, elle est ce «fait», cet état même où le peintre s’identifie aux objets de son horreur ou de sa compassion. Le peintre est boucher certes, mais il est dans cette boucherie comme dans une église, avec la viande pour Crucifié («peinture» de 1946). C’est seulement dans les boucheries que Bacon est un peintre religieux.» Gilles Deleuze
L’étude de Gilles Deleuze Logique de la sensation présente différents aspects des œuvres du peintre, expliquant ses figures et ses techniques comme moyen antireprésentatif, antifiguratif. Dans une première partie, il montre que Bacon cherche à rendre visible la sensation. Puis dans une seconde partie, Deleuze compare la peinture de Bacon à celle d’autres artistes d’hier ou d’aujourd’hui.
À la Bpi, niveau 3, 70″19″ BACO