En 1982, un film très singulier, d’une beauté et d’une poésie poignantes, faisait son apparition sur les écrans italiens, après un passage à la Mostra de Venise et une nomination aux Oscars : Il pianeta azzuro, réalisé par un certain Franco Piavoli.
Entre fiction et documentaire, le film renonçait au pouvoir signifiant de la parole pour laisser la place à une exceptionnelle expérience visuelle. Immédiatement, Il pianeta azzurro allait devenir un point de repère pour nombre d’auteurs indépendants, pas seulement italiens.
Malgré ses qualités, l’œuvre de Piavoli reste méconnue.
L’esprit indépendant et le caractère réservé de son auteur y ont sans doute contribué.
Il n’est ni prolixe – 7 ans séparent Il pianeta azzurro et Nostos (1989), 7 ans encore avant Voci del tempo (1996) ; Al primo soffio di vento, son dernier long-métrage date de 2002 – ni affilié à la « Machine-cinéma ».
Repéré dès 1979 par Marco Bellochio qui fait apparaître ses courts métrages de jeunesse dans une série de films collectifs sur le jeune cinéma amateur italien, Piavoli n’a jamais vécu à Rome.
Il vit, observe, écoute et sent son pays natal. Le village de Pozzolengo et ses alentours. C’est ce qui aiguise son esprit de découverte, c’est ce qui inspire sa poétique.
Presque tous ses films se déroulent dans ce périmètre qu’il connaît bien. Chez lui, la patience, le temps d’observation et une formidable capacité à capter les détails, les ombres et les lumières, se conjuguent avec un travail méticuleux sur le scénario et sur le son qui n’est jamais en prise directe. Le montage, qu’il effectue lui-même, s’inspire des structures musicales, résolument polyphoniques.
Le cinéma de Piavoli met en valeur la beauté de la Nature, sans jamais tomber dans l’angélisme ou le maniérisme. La sobriété de ses films procède d’une approche documentaire qui devance, de façon discrète mais radicale, plusieurs des expériences les plus récentes du cinéma du réel.
L’emploi d’acteurs non professionnels n’était certes pas une nouveauté au début des années 80 mais l’appartenance de l’auteur à la communauté/objet de ses films confère une force particulière à cette sensation de vertige, dans lequel le spectateur est doucement plongé.
Car à travers le microcosme de Pozzolengo, c’est de l’univers entier dont il est finalement question.
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