Sélection

Georg Baselitz, autoportraits

La représentation de son propre corps est très présente dans l’œuvre du peintre et sculpteur allemand Georg Baselitz. Elle devient omniprésente et quasi obsessionnelle au fil du temps. La rétrospective « Baselitz » que le Centre Pompidou propose jusqu’en mars 2022 en témoigne. Balises a sélectionné cinq documents pour découvrir les autoportraits de l’artiste.

autoportrait renversé
Männlicher schwarzer Akt [Nu masculin noir] [Male Nudein black]1977
Huile sur toile 200 × 161 cm .Collection Ealan &Melinda Wingate © Georg Baselitz 2021. Photo Rob McKeever, Courtesy Gagosian
Exposé au Centre Pompidou dans le cadre de la rétrospective « Baselitz » du 20 octobre 2021 au 7 mars 2022.

Depuis 1969 et ses premiers tableaux aux motifs renversés, Georg Baselitz multiplie, de façon plus ou moins régulière, la représentation de son propre corps, dans la tradition des autoportraits. Il s’expose seul ou aux côtés de son épouse Elke. 

La pratique de ce genre classique se caractérise chez Baselitz par une grande liberté dans le traitement de l’image et du rapport au corps. Peinture, sculpture, aquarelles, dessins, pour chacune de ces techniques, l’artiste a inventé et innové pour se représenter : statues en bois aux formes carrées, aquarelles monumentales, encres noires sur papier… Son corps apparaît immobile ou en mouvement, obscur ou vif, mais toujours percutant et magnétique. Le nu tient une place importante dans son parcours et signifie par la peinture une présence et un dialogue avec lui-même. Ce travail introspectif et souvent sombre est aussi une manière de se confronter au temps qui passe et à la réalité de son âge, notamment dans les dernières œuvres peintes durant l’hiver 2015.

« Le champ thématique de mon travail s’est fortement réduit au cours des dernières années. L’important est que je me suis de plus en plus isolé dans ma peinture. Je me suis de plus en plus replongé en moi-même pour en tirer tout ce que je fais. Je vis avec d’anciens catalogues, avec de vieilles photos et ne fais rien d’autre. Je peins entre moi et moi-même et sur nous deux. Voilà. Et de temps en temps, quelqu’un comme (le peintre expressionniste Otto) Dix, que j’estime beaucoup, vient se joindre à nous. »

Georg Baselitz, 2017, à l’occasion de l’exposition «Descente» à la Galerie Thaddaeus Ropac.

Publié le 31/01/2022 - CC BY-SA 4.0

Notre sélection

Time : Poème de Georg Baselitz

Sophie Leimgruber, Paul Durnberger et Arne Ehmann
Galerie Thaddaeus Ropac, 2019

« Time », exposition de la Galerie Thaddaeus Ropac, est consacrée à une nouvelle série de tableaux de Georg Baselitz. À travers plus de trente portraits et autant de dessins, l’exposition est un hommage à Elke, son épouse depuis près de soixante ans. Celle-ci a été une source constante d’inspiration pour l’artiste tout au long de sa carrière et a accompagné l’évolution de son œuvre jusqu’à aujourd’hui. L’exposition marque une nouvelle étape dans la réflexion que mène l’artiste sur le passage du temps.

À la Bpi, niveau 3, 70″19″ BASE 1

Ce que tu n'es pas est un autoportrait

Georg Baselitz
Janninck, 2002

« Dans son texte Ce que tu n’es pas est un autoportrait, à demi-mot et dans un style à la fois hardi et poétique, l’artiste aborde différents éléments de sa propre histoire et de sa conception de la peinture. […] Baselitz a le courage de s’affronter lui-même, de partir à sa propre rencontre ; il cherche à se saisir, à se connaître. Mais le chemin pour y parvenir est ardu, semé d’embûches et peut donner parfois le vertige. Quand on se cherche, on risque de ne pas se trouver, de se trouver partout. Et alors tout tangue. De là l’interrogation sur l’autoportrait. Ce que tu n’es pas est un autoportrait est un texte puissant qui ne répond pas à tout mais à une partie de l’essentiel. » Présentation de l’ouvrage par l’éditeur.

À la Bpi, niveau 3, 70″19″ BASE 1

Corpus Baselitz. Exposition, Colmar, Musée Unterlinden, du 10 juin au 29 octobre 2018

Éric Darragon, Frédérique Goerig-Hergott, Thierry Cahn et Pantxika De Paepe
Musée d'Unterlinden / RMN-Grand Palais, 2018

Baselitz représente son propre corps depuis le début des années soixante-dix au sein de son travail profondément personnel. Au regard de l’ensemble de son œuvre, il semble que cette obsession de son autoreprésentation, même inversée pour maintenir la distance avec le contenu, n’ait pas de fin : Baselitz scrute son devenir, se représente et donc se présente à nouveau, cherchant dans sa quête à se positionner dans l’histoire, la sienne comme celle de l’art. Le Musée Unterlinden présente soixante œuvres de Georg Baselitz. Il s’agit d’une somme issue de sa série d’autoportraits amorcée fin 2014, où le maître se confronte à la fois à son âge et aux peintres qui l’ont inspiré : Bacon, Duchamp, Dubuffet, Dix, Picasso, ou Titien…

À la Bpi, niveau 3, 70″19″ BASE 2

Baselitz sculpteur. Exposition au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, du 30 septembre 2011 au 29 janvier 2012

Véronique Bérard-Rousseau et Dominique Gagneux
Paris-Musées, 2011

« En automne 2003, Baselitz sculpte un autoportrait Meine neue Mütze, entamant une nouvelle série de sculptures debout à la taille démesurée. Dans ses œuvres précédentes, Baselitz usait parfois d’ironie. Ici, il affuble les figures de costumes cocasses (short qui baille, maillot de bain, grosses chaussures) qui les font ressembler à des jouets. Cette impression est accentuée par un coloriage bleu et rose qui définit lui-même les objets. Cependant, les références autobiographiques multiples renvoient à des interrogations métaphysiques.[…]
Les dernières sculptures de Baselitz sont des autoportraits monumentaux, Volk Ding Zero et Dunklung Nachtung Amung Ding. Bien qu’elles puissent évoquer (à tort) Le Penseur de Rodin, leur modèle avoué est celui des Christ aux Outrages de l’art populaire. »

À la Bpi, niveau 3, 70″19″ BASE 2

Baselitz, Leroy : le récit et la condensation. Exposition, Musée des beaux-arts Eugène Leroy de Tourcoing, 11 octobre 2013-24 février 2014

Rainer Michael Mason, Évelyne-Dorothée Allemand et le Musée des beaux-arts Eugène Leroy
Somogy, 2013

Première rencontre dialectique entre Georg Baselitz et Eugène Leroy pour qui le sujet est la peinture. Tous deux tentent de percer « le secret du figuratif et du non figuratif » de la peinture, ce qui fait « sa force et sa faiblesse », c’est-à-dire le visible. 

« Baselitz avait jusqu’alors toujours travaillé à l’huile sur toile avec une matière-couleur déposée, ou parfois grattée, avec une très forte présence, le tournant de 1996 va marquer une rupture dans sa technique. Dorénavant, il exécute ses tableaux à plat sur le sol, avec une peinture fluide, leste, qui évoque le lavis, voire l’aquarelle, et qui privilégie parallèlement le dessin.
Tiré d’un album de photographies de famille, un groupe d’œuvres donne exemplairement corps à cette nouvelle méthode picturale. Père, mère, frères et sœur font écho de leurs effigies aux autoportraits de Georg Baselitz, quand tous ne sont pas réunis à la faveur d’une grande peinture d’histoire dans
Nous visitons le Rhin (1996). »

À la Bpi, niveau 3, 70″19″ LERO.E 2

Pour aller plus loin

Baselitz - La rétrospective | Centre Pompidou, du 20 octobre 2021 au 7 mars 2022

« Baselitz – La rétrospective » est la première exposition exhaustive consacrée à Georg Baselitz, avec la complicité de l’artiste. Quelque six décennies de création sont abordées selon un parcours chronologique qui met en valeur les périodes les plus marquantes du travail de l’artiste né en 1938.

Baselitz | Le Mensuel n°17, Centre Pompidou

À l’occasion de l’exposition « Baselitz – La rétrospective », Le Mensuel consacre son 17e numéro au peintre allemand et propose une rencontre, en présence de Georg Baselitz. Inclassable, oscillant entre figuration, abstraction et approche conceptuelle, Baselitz dit peindre des images qui n’ont pas encore existé, et exhumer ce qui a été rejeté dans le passé.

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