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L’EHESS, une école atypique

L’EHESS est tournée vers l’étude des sociétés contemporaines, sous l’angle de la recherche fondamentale.

Institution atypique, l’École pratique des hautes études (EPHE) naît sous le second Empire. Il s’agit pour l’historien et ministre de l’Instruction publique Victor Duruy de créer une institution parallèle à l’université, afin de renouveler l’enseignement français. L’Ecole ne doit pas se soucier des grades universitaires, mais fonctionner plutôt comme un passeur de connaissances. Les sciences sociales en constituent le cœur.

Créant cette institution périphérique, Victor Duruy insiste sur sa dimension subversive :

l’Ecole des hautes études est un germe que je dépose dans les murs lézardés de la vieille Sorbonne ; en se développant, il les fera crouler » (Une école pour les sciences sociales).

Des années 1870 à 1920, l’Ecole accompagne donc le développement paradoxal de la sociologie, présente dans le paysage intellectuel français mais non représentée sur le plan institutionnel.

En 1947, la VIe section de l’EPHE, consacrée aux sciences économiques et sociales est créée grâce à la Fondation Rockefeller. Lucien Febvre et Fernand Braudel vont modeler cette nouvelle institution. Les sciences sociales en France sont alors paradoxalement organisées autour de l’histoire. Leur objectif est d’étudier l’homme en société. C’est en 1975 que l’Ecole pratique des hautes études deviendra l’EHESS.

Dans les années 1950 commence un travail sur les « aires culturelles. » Cette expression désigne des aires géographiques au sein desquelles des éléments culturels de même nature se sont diffusés, dans un contexte où des peuples différents adoptent des modes de vie et des coutumes proches – voire semblables.

Entre les années 1960 et 1980, la sociologie et le structuralisme obtiennent leurs lettres de noblesses vis-à-vis de l’histoire. Des continuités, mais aussi des résistances apparaissent : l’histoire résiste en s’hybridant avec la sociologie et l’anthropologie, tandis qu’interviendra le déclin du structuralisme en tant que tel.

Depuis les années 1980, l’EHESS s’institutionnalise en créant des liens avec de grands instituts de recherche, notamment le CNRS. L’anthropologue Marc Augé mentionne ces partenariats dans Une école pour les sciences sociales : « l’Ecole des hautes études en sciences sociales a eu la chance de connaître une certaine croissance sans perdre son identité, de multiplier ses collaborations avec le CNRS. »

L’EHESS semble donc conserver un rôle de laboratoire ouvert sur le monde. Marc Augé, dans le même ouvrage, souligne la vitalité des débats et polémiques des cinquante dernières années, que l’Ecole a relayés. A ses yeux, l’interdisciplinarité des recherches qui y sont menées constitue l’une de ses qualités, comme sa « double diversité : « celle des options théoriques qui se combinent ou s’opposent à l’intérieur et au croisement des disciplines (…) et celle des individus qui les font évoluer en évoluant eux-mêmes, recréant à terme de nouveaux fronts de recherche qui ne se confondent pas avec les anciennes lignes de partage mais les déplacent et éventuellement les fractionnent. »
Les éditions de l’EHESS reflètent ce dynamisme et ce regard transversal porté sur les sociétés passées et contemporaines.

Publié le 04/03/2015 - CC BY-NC-SA 4.0

Sélection de références

Une école pour les sciences sociales : de la VIe Section à l'École des hautes études en sciences sociales

Jacques Revel, Nathan Wachtel
les Éd. du Cerf ; éd. de l'Ecole des hautes études en sciences sociales, 1996

À la Bpi, niveau 2, 37.011(44) ECO

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