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Appartient au dossier : Comment l’information scientifique est-elle vérifiée ?

Comment l’information scientifique est-elle vérifiée ? #1 : la relecture des articles

Un article reçu par une revue scientifique doit passer par plusieurs procédures de validation avant d’être publié, dont la plus importante est la relecture par des pairs ou peer reviewing. Balises vous explique comment elle fonctionne.

Alors que les informations scientifiques ont été massivement médiatisées pendant la pandémie de Covid-19 et souvent remises en cause dans un même élan, Balises revient sur la manière dont la science est produite et contrôlée.

L’auteur d’un article scientifique est tenu d’appuyer ses propos sur des sources, qu’il doit citer avec précision et qui se doivent d’être fiables. Mais, s’il est seul responsable des thèses qu’il avance, l’exactitude de ses propos est vérifiée de manière collective avant qu’ils ne soient publiés dans une revue scientifique.

Un comité scientifique d’experts

Une fois l’article écrit, celui-ci est relu, généralement au moins deux fois. Cette relecture est effectuée par des pairs, sélectionnés par les responsables de la revue ou du numéro thématique pour leur expertise sur le sujet. L’ensemble des relecteurs sélectionnés pour expertiser les articles regroupés au sein d’un numéro de revue est appelé le « comité scientifique ».

Les noms des membres du comité scientifique sont souvent mis en avant lors d’un appel à contributions, puis lors de la publication d’une revue, car le fait d’être relue par des experts reconnus par les milieux universitaires dans un domaine donné participe au prestige d’une publication et garantit sa rigueur scientifique.

En arts et en sciences humaines, il est extrêmement fréquent que les membres du comité scientifique, comme les auteurs, ne soient pas rétribués pour participer à la fabrication d’un numéro de revue. Cette manière de produire de la connaissance est considérée comme faisant partie intégrante de leurs missions de recherches universitaires – même si cela en dit long, également, sur l’économie de la recherche.

Une femme prend des notes à côté d'une pile de livres
Image par Piyapong Saydaung de Pixabay

Une relecture anonyme

La procédure de relecture en elle-même varie peu d’une revue à l’autre, afin d’encourager au maximum l’impartialité du relecteur. D’abord, le comité de rédaction anonymise l’article afin que le relecteur ne soit pas influencé par le fait qu’il connaisse l’auteur (chose fréquente lorsqu’on travaille sur les mêmes sujets), ou soit intimidé par son prestige, par exemple.

Ensuite, la relecture est effectuée en suivant une fiche d’évaluation aux critères précis. L’article dispose-t-il de qualités rédactionnelles suffisantes : la syntaxe, le lexique et l’orthographe sont-ils corrects ? Le sujet de l’article est-il pertinent dans son ensemble pour figurer dans le dossier ou dans le numéro thématique en cours d’élaboration ? La démarche de l’auteur est-elle originale ? La construction des idées est-elle logique, précise et problématisée ? L’argumentation est-elle cohérente dans son ensemble et dans chaque partie de l’article ? Les sources citées sont-elles fiables, récentes, et en quantité suffisante ?

Pour chaque critère, le relecteur est souvent invité à donner une note (entre très bon et insuffisant) et à ajouter un commentaire. Il lui est également proposé de rédiger une note d’évaluation générale et des suggestions de modifications pour améliorer l’article. Cette procédure de relecture est généralement suivie par deux relecteurs différents, qui ne se concertent pas. Puis, une fiche d’évaluation qui synthétise les remarques est envoyée à l’auteur. Dans le cas d’une relecture en « double aveugle », procédure courante en arts et en sciences sociales mais moins développée dans les sciences expérimentales, l’auteur ne connaît pas les noms de ses relecteurs.

Une publication sous condition

La publication d’un article peut être refusée si l’auteur n’a pas suivi les recommandations du comité scientifique ou bien si le comité de rédaction juge les modifications effectuées insuffisantes pour assurer la qualité de l’article, et par conséquent celle du numéro de la revue.

Lors de la publication, les noms des relecteurs ne sont pas associés à l’article qu’ils ont relu, mais simplement mentionnés au sein du comité scientifique. L’auteur, qui a rédigé l’article, le comité de rédaction, qui l’a sélectionné, et le comité scientifique, qui l’a expertisé, prennent donc la responsabilité collective de la rigueur des informations publiées. C’est une manière de s’assurer que ni la subjectivité ni l’approximation ne prennent le pas sur la scientificité des connaissances produites.

Publié le 05/07/2021 - CC BY-NC-SA 4.0

Pour aller plus loin

La revue par les pairs sous le feu des critiques | Le Temps (2017)

Le journal Le Temps expose les limites de l’évaluation par les pairs, notamment dans le domaine des sciences expérimentales.

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