John Cage à la Bpi : écrits, essais, enregistrements
La musique de John Cage ne s’écoute pas comme les autres musiques. Lieux, interprètes, public en sont partie prenante : elle est conçue pour être jouée dans des situations inédites, voire les provoquer. Pour une œuvre donnée, le concert et le disque ne sont donc qu’une possibilité d’exécution parmi d’autres.
Tous les documents sont disponibles à l’espace Musique, niveau 3 de la bibliothèque, cote [78 CAGE]
Disques
Malgré l’hostilité de Cage à la « musique enregistrée » (qu’il considérait comme une chose morte), l’influence de sa pensée sur la pratique de générations d’interprètes issus de la musique classique contemporaine, du jazz, du rock ou des musiques improvisées, a donné lieu à une riche palette d’enregistrements. Certains font désormais référence.
Works for Percussion / John Cage ; [interpr. par le] Quatuor Hêlios ((Isabelle Berteletti, Jean-Christophe Feldhandler, Florent Haladjian et Lê Quan Ninh)
Mainz, Allemagne : Wergo, 1991 Dans les années 30 et 40 la percussion, avant l’invention du piano préparé, libéra la créativité du jeune Cage.
Sonatas and interludes for prepared piano / John Cage ; [interprété par] James Tenney, piano préparé
Basel : Hat, 1985
Faute de disposer d’un ensemble de percussions, John Cage invente le piano préparé en travaillant le danseur Merce Cunningham, dans les années quarante. Billes, feutres, clous élargissent la palette de l’instrument et ouvrent la voie à l’indétermination.
Music of changes : book I, II, III, IV (1951) / John Cage ; [interprété par] Herbert Henck, piano
Mainz : Wergo, 1982/1988
Ces pièces, dont l’interprétation dépend de tirages exécutés selon les procédures du Yi-King (Livre des Changements), témoignent de la confrontation la plus radicale de Cage avec le hasard.
Roaratorio : An irish circus on Finnegans Wake / John Cage ; [interpr. par] P. Glackin, fiddle ; M. Malloy, fl… [et al.]
Kew gardens, N.Y. : Mode 1992
Cage lecteur de Joyce : un voyage à travers les contrées fabuleuses de Finnegans Wake, où l’intelligible « fond » au seuil de l’audible.
Ryoanji / John Cage ; Robert Black, contrebasse ; Eberhard Blum, flûte ; Iven Hausmann, trombone… [et al. ] Basel : Hat Hut, 2011.
En 1962, Cage visite le fameux jardin situé dans le temple zen de Kyoto. Convaincu que les pierres n’y sont pas disposés de façon intentionnelle, il traduira vingt ans plus tard ce principe de non-intentionnalité dans une pièce éponyme, où l’oeuvre existe sans discontinuité avec le chaos qu’elle rend apparent.
Uncaged : a rock experimental : hommage to John Cage / John Cage ; [interpr. par] David Byrne, Debbie Harry, vocal ; Arto Lindsay, guitare… [et al.]
Roma : Artis [distrib.], [*3 doc.] 1993
Goodbye 20th Century / [oeuvres de] John Cage, Cornelius Cardew, Takehisa Kosugi… [et al.] ; [interpr. par] Sonic Youth [S.l.] : Sonic Youth Recordings, [1999]
L’originalité de la musique et de la pensée de Cage a fait fuir de nombreux « musiciens », notamment dans les milieux académiques (et pas seulement en France). D’autres, que le poids d’une longue tradition n’écrase pas autant, mais surtout rompus à l’art de la performance, s’en sont saisis : c’est le cas de musiciens issus de la scène des musiques improvisées (Joëlle Léandre et Lê Quan Ninh), et de musiciens rock comme Sonic Youth, David Byrne (des Talking Heads) ou Arto Lindsay.
Livres, partitions
Malgré cette diversité, les disques ne rendent compte que de manière très partielle de la pensée musicale de Cage : conformément au vœu du compositeur, ils sont néanmoins l’occasion de situations inédites (peut-être plus que lui-même l’eut soupçonné). Les partitions et les écrits, poétiques ou philosophiques, ainsi que les conférences et les entretiens, permettent une approche de cette pensée singulière sous un autre angle.
4’33 » (NO.2) (0’00 ») : solo to be performed in any way by anyone / John Cage
London Frankfurt am Main Leipzig New York : Edition Peters, 1962
La partition (une page manuscrite) de la pièce la plus célèbre – et la plus « malentendue » – de John Cage est disponible à la Bpi ! Deux autres partitions pour piano préparé (dont les Sonates et interludes) sont également disponibles.
Silence : discours et écrits / John Cage ; trad. de l’américain par Monique Fong
Paris : Denoël, 2004
Ce recueil rassemble les principales Lectures (« discours »‘, « conférences », ou encore « causeries ») et autres pièces textuelles données par le compositeur : Discours sur Rien, Discours sur Quelque Chose, Communication, 40′ (for Speaker) …
Pour les oiseaux : entretiens avec Daniel Charles / John Cage
Paris : L’Herne, 2002
À rebours d’une grande partie de l’intelligentsia musicale française, le musicien, philosophe et musicologue Daniel Charles s’est très tôt intéressé à la musique et à la pensée de Cage. Les sujets abordés dans ces entretiens (menés en 1966) semblent soumis aux mêmes permutations que l’ensemble des phénomènes dans le Yi-King : arts, politique, économie, spiritualité, botanique…
Empty words : writings ’73-’78 / John Cage
Boston, Mass. : Marion Boyars 1980
Les écrits de Cage sont des oeuvres poétiques à part entière, qu’ils aient des « incidences » musicales ou non. La Bpi dispose donc d’un certain nombre de ces écrits en langue originale, comme ce recueil postérieur à Silence.
John Cage et les arts
Enfin, la pensée de Cage, pensée musicale, poétique sonore et philosophie concrète, a croisé très tôt le chemin de créateurs eux-mêmes engagés dans le dépassement de leurs disciplines respectives : Rauschenberg, Cunningham, Duchamp, Joyce, Nam June Paik ou Yoko Ono ; tous peintres, danseurs, plasticiens, écrivains et poètes aussi proches que possible d’une conception de l’art comme « ce qui rend la vie plus intéressante que l’art », selon la formule de Robert Filliou.
Publié le 28/09/2012 - CC BY-SA 4.0
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