Le Bateau de Thésée
Toshiya Higashimoto
Vega, 2019
Tokyo, de nos jours… la vie de Shin bascule lorsque sa femme meurt pendant l’accouchement de leur enfant. Face à ce drame, il retourne à Hokkaido, lieu de son enfance. Alors qu’il retrouve les traces de son passé familial, on apprend que son propre père fut un criminel responsable du massacre de vingt et une personnes, principalement des enfants, dans l’école primaire de son village. Arrivé sur les lieux, Shin se trouve brusquement enveloppé dans un épais brouillard. Lorsque ce dernier se retire, le jeune homme se retrouve devant l’école, qui est censée avoir été rasée après le drame. En réalité, Shin a été mystérieusement transporté dans le village six mois avant la tragédie. La trajectoire des familles des victimes, mais aussi et surtout celle de l’assassin, sont alors scrutées.
Au-delà du sordide de l’affaire, l’auteur décrit avec sensibilité le parcours de son personnage et, comme chez Jiro Taniguchi dans Quartier lointain, l’approche fantastique d’aller-retour entre passé et présent nous permet de mieux comprendre les enjeux entre les générations. Empreint de nostalgie, le manga entretient le mystère dans cette quête de vérité et de réparation du passé. Shin peut vérifier l’écart entre ce qu’il lui a été rapporté sur l’histoire de son père et le déroulement des événements. Il se heurte à la part de fatalité dans un monde complexe dont les rouages lui échappent et lui coûtent des retournements de situation inattendus et malheureux.
Thriller uchronique, le manga est aussi une très belle transposition du mythe du bateau de Thésée. La métaphore du bateau, dont toutes les parties sont remplacées progressivement jusqu’à ce qu’il ne contienne plus aucune de ses parties d’origine, permet toutes sortes d’interrogations et réflexions sur la notion d’identité. Tel Thésée, Shin pourra-t-il remplacer les planches pourries de l’histoire familiale sans en changer foncièrement l’essence ?
À la Bpi, niveau 1, MA BAT
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