Pour les partisans de la décroissance, les indicateurs économiques de richesse tels que le PIB participent à la détérioration du bien-être de la population et de l’environnement. Ils invitent à repenser la lecture de toute la grille de pensée économique pour une organisation différente de la société. Le développement durable ne leur semble pas un modèle suffisant car la croissance exponentielle ne peut être un objectif dans un monde fini, aux ressources limitées, même si des efforts sont faits pour préserver l’humain et les ressources.
La remise en cause de la croissance apparaît dans les années soixante-dix avec la publication en mars 1972 de The Limits to Growth ou « rapport Meadows », commandité par le Club de Rome, qui appelle à la croissance zéro. Ce rapport annonce l’effondrement prochain du système sous la pression démographique et industrielle. Cette critique de la croissance fait débat mais inspire plusieurs intellectuels comme le philosophe Jacques Ellul ou le politologue André Grorz. Serge Latouche devient l’un des premiers théoriciens de la décroisssance en France.
Longtemps qualifiée d’utopie, accusée de mener à la récession, à la perte de compétitivité, à la régression de la société et de la qualité de vie, la théorie de la décroissance fait pourtant son chemin dans la société. Elle essaime ses valeurs et a le mérite d’ouvrir les débats économiques et politiques. En septembre 2021, la candidate à la primaire écologiste pour les élections présidentielles de 2022, Delphine Batho, se déclare en faveur de la décroissance et affirme que « la décroissance est le seul projet politique réellement alternatif ». Plus prudente, sa rivale, Sandrine Rousseau, prône un changement de société et engage à la sobriété tout en appelant à une approche critique de la notion de décroissance : « moi je suis économiste, et la décroissance, ça n’a pas tellement de sens économique ». Cette affirmation n’engage pas tous les économistes, comme le montre cette sélection.
Notre sélection
Dennis Meadows, Donella Meadows et Jorgen Randers
Rue de l'échiquier, 2012
En 1972, Dennis Meadows, Donella Meadows, Bill Behrens et Jorgen Randers rédigent un rapport pour le Club de Rome qui rend compte des effets destructeurs des activités humaines sur la planète. Il devient un best-seller. En 2004, ils reprennent leur analyse et la complètent. Leur constat : pour rester dans les limites de la planète, il faut désormais réduire nos activités. C’est cette dernière version que présente l’ouvrage.
À la Bpi, niveau 3, 330.65 MEA
Serge Latouche
Presses Universitaires de France, 2019
La croissance est au cœur de notre système économique et la mesure du PIB son indicateur. Partant du postulat qu’il y a des limites naturelles à la croissance et que la production de richesse produit de nombreuses externalités négatives, les « objecteurs de croissance » prônent un changement de société qui passe par un changement d’indicateurs et une sobriété. Le terme « décroissance » est d’abord un slogan politique provocateur. Il ne faut donc pas le prendre au sens strict. La décroissance est plus qu’une opposition à la croissance.
À consulter dans la base Cairn, à la Bpi
Serge Latouche
Le Passager clandestin, 2016
Bien que le terme de « décroissance » apparaisse en 2001, cette pensée s’est construite à partir de courants de pensée présents dès l’Antiquité et qui ont évolué avec l’histoire de l’humanité. Serge Latouche présente une soixantaine de ces « précurseurs de la décroissance » qui ont nourri sa réflexion et participé à la théorisation la décroissance.
À la Bpi, niveau 3, 330.66 LAT
Cédric Biagini, David Murray, Pierre Thiesset
L'Échappée, 2017
Cet ouvrage reprend les portraits d’intellectuels publiés dans la revue La Décroissance et les complète par de nouveaux. Pour chacun des penseurs, on retrouve un portrait dessiné par Stéphane Torossian, des citations et un texte mettant en avant les idées, la prise de position et l’œuvre de la personne. Ces grands esprits ont en commun leur contestation de l’ordre économique, du système technicien et de l’idéologie du développement. Ces intellectuels, choisis sur la période 19e-20e siècle, sont témoins des changements induits par l’ère industrielle. Certains se sont déclarés partisans de la décroissance, d’autres le réfutent mais « les analyses de ces illustres devanciers peuvent stimuler les réflexions actuelles des partisans de la décroissance, et des autres ! » déclarent les auteurs.
À la Bpi, niveau 3, 330.66 AUX
Nicholas Georgescu-Roegen
Sang de la terre, 2020
Cette réédition du texte paru en 1979 souligne l’actualité de la pensée de Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994) économiste mathématicien en marge de la pensée économique dominante et créateur du concept de « bioéconomie ». Pour lui, l’économie doit être appréhendée comme un « système biologique » en tenant compte des contraintes qui régissent le système du vivant. Or les théories économiques mécanistes ne les intègrent pas. Pour remédier à ce déséquilibre entre l’économie et la biosphère, Nicolas Georgescu-Roegen conclut que la seule issue est la décroissance.
À la Bpi, niveau 3, 330.66 GEO
Giacomo d'Alisa, Frederico Demaria, Giorgio Kallis
Le Passager clandestin, 2015
Une cinquantaine de mots clés liés à la décroissance sont développés et mis à la portée du grand public. Les entrées permettent de se faire une idée de la variété des enjeux abordés par la décroissance et de leur articulation.
À la Bpi, niveau 3, 330.66 DEC
Marc Prieto et Assem Slim
Le Cavalier bleu, 2019
Les auteurs, tous deux docteurs en économie, analysent et déconstruisent les idées reçues sur la décroissance pour permettre au lecteur de se forger sa propre opinion.
À la Bpi, niveau 3, 330.66 PRI
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Face au risque d’effondrement des sociétés thermo-industrielles (collapsologie), des citoyens et chercheurs proposent des modes d’existence axés sur l’autonomie alimentaire, la sobriété et la descente énergétique. Les vertus de ces initiatives sont multiples : elles donnent aux habitants les moyens de reprendre leur avenir en main, elles organisent des collectivités moins dépendantes des flux mondialisés, elles concourent à réduire la consommation de ressources énergétiques et proposent une économie éthique redéployée vers le soin de la Terre. Entre territoires en transition et récit biorégional, c’est un contre-modèle qui s’invente à rebours du gigantisme des métropoles.
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