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Appartient au dossier : Les galeristes, découvreurs d’artistes

La galerie Denise René

Denise René ouvre sa première galerie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et devient vite une figure incontournable de l’art contemporain, en étant par exemple la première à promouvoir l’art cinétique.
Notre série estivale consacrée aux galeristes qui ont façonné le marché de l’art depuis la fin du 19e siècle accompagne le parcours Galeries du 20e siècle proposé au sein des collections modernes du Centre Pompidou jusqu’en 2020.

En 1939, Denise René ouvre un atelier de mode rue de la Boétie à Paris, lieu de réunion clandestin pendant l’Occupation. Elle rencontre alors l’artiste Victor Vasarely et ensemble ils transforment l’atelier en galerie. Pionnière dans ses idées, pensant que l’art ne peut exister qu’en s’ouvrant à de nouvelles voix, Denise René l’est aussi dans ses actions. Elle conçoit notamment des expositions avec des institutions étrangères, faisant rayonner ses artistes dans le monde entier. C’est ainsi qu’elle organise la première rétrospective de Piet Mondrian en 1957, en collaboration avec le Stedelijk Museum d’Amsterdam.
Sa première grande exposition, « Le Mouvement », est montée en 1955 et marque la naissance du cinétisme. Elle y réunit les fondateurs de l’art en mouvement (Calder, Duchamp) et les artistes de la nouvelle génération (Agam, Soto, Tinguely).

Denise René ne travaille pas seule et sait s’entourer de personnes prometteuses tel que Pontus Hulten, qui deviendra le premier président du Centre Pompidou. Elle développe ses activités en créant notamment dans une deuxième galerie parisienne des ateliers d’édition de multiples, c’est-à-dire d’œuvres produites en plusieurs exemplaires comme les sérigraphies. Elle ouvre également de nouveaux lieux à New York et en Allemagne. Elle est enfin une défricheuse d’artistes latino-américains qui, grâce à elle, rejoignent l’avant-garde européenne.

Les années soixante-dix et la crise du choc pétrolier sont des années difficiles. Elle fait faillite en voulant ouvrir un immense lieu dans le quartier Beaubourg et se voit même contrainte de vendre une partie de sa collection. Mais Denise René n’abandonne jamais ; sa passion pour l’art et sa fidélité à son « écurie » la poussent à venir travailler dans sa galerie jusqu’à ses derniers jours, peu avant qu’elle ne fête ses 100 ans.
En 2019, la galerie Denise René se décline en deux lieux parisiens : la galerie Denise René Rive gauche au 196 boulevard Saint-Germain dans le 7e arrondissement, et la galerie Denise René Espace Marais au 22 rue Charlot dans le 3e arrondissement.

Denise René assise au milieu d'artistes
Vernissage à la galerie Denise René en 1957, avec Agam et William Seitz, commissaire de la grande exposition historique « The Responsive Eye » au MOMA à New York en 1965. Photo : Nicolas Marino [CC BY-NC-SA 3.0] via Wikicommons  

Artistes

Sa spécialité : L’abstraction géométrique
Artistes majeurs : Josef Albers, Jean Arp, Geneviève Claisse, Carlos Cruz-Diez, Robert Jacobsen, Julio Le Parc, François Morellet, Aurélie Nemours, Jesus Rafael Soto…

Quelques dates

25 juin 1913 : naissance à Paris
13 février 1944 : ouverture de la galerie au 124 rue La Boétie, avec l’exposition « Les dessins et compositions graphiques de Vasarely »
23 juin 1966 : ouverture de la deuxième galerie au 196 boulevard Saint-Germain (qui ferme en 1976)
De 1967 à 1971 : ouverture de deux galeries en Allemagne et une à New York (qui ferme en 1981)
Octobre 1991 : ouverture d’une nouvelle galerie à l’Espace Marais
9 juillet 2012 : décès à Paris

Publié le 23/07/2019 - CC BY-SA 3.0 FR

Sélection de références

Conversations avec Denise René

Denise René, Catherine Millet
A. Biro, 2001

Si notre société s’est ouverte à l’art contemporain, c’est grâce au combat mené par des personnalités telles que Denise René. Témoignage sur une expérience professionnelle, souvenirs personnels et anecdotes forment la trame de ces entretiens.

À la Bpi, niveau 3, 7.9 REN

Daniel Cordier : le regard d'un amateur

Musée national d'art moderne Paris
Centre Pompidou, 2005

Daniel Cordier est initié à l’art moderne par Jean Moulin pendant la Seconde Guerre mondiale. Après-guerre, il commence une carrière de peintre en même temps qu’il achète sa première œuvre, une toile de Jean Dewasne.
Pendant dix ans, Daniel Cordier peint et collectionne : Braque, Soutine, Rouault, De Staël, Hartung, Villon, Reichel, Réquichot, Dado…

Puis, en novembre 1956, il ouvre sa galerie. Après une première exposition consacrée à Claude Viseux, il expose Dewasne, Dubuffet et Matta. Pendant huit ans, nombre d’artistes se succédent dans la galerie. Puis, pour des raisons économiques mais aussi du fait du manque d’intérêt qu’il ressent, en France, pour l’art contemporain, Daniel Cordier ferme sa galerie en juin 1964 et se tourne vers l’organisation d’expositions.

Le présent catalogue a été publié pour la première fois en 1989, à l’occasion de l’exposition « Donations Daniel Cordier. Le regard d’un amateur » qui s’est tenue au Centre Pompidou du 14 novembre 1989 au 21 janvier 1990.

À la Bpi, niveau 3, 7.3(441.1) POMP

Denise René, l'intrépide : une galerie dans l'aventure de l'art abstrait, 1944-1978

Denise René, l'intrépide : une galerie dans l'aventure de l'art abstrait, 1944-1978

Centre de création industrielle
Éditions du Centre Pompidou, 2001

Le catalogue de l’exposition que le Centre Pompidou consacre à la galerie Denise René en 2001 retrace l’itinéraire esthétique de la galerie dans le contexte de l’histoire de l’abstraction géométrique et du cinétisme à Paris entre 1944 et 1978.
Il comporte un choix très large de documents édités par la galerie ou à son propos. Cet ensemble est complété par une série d’entretiens menés depuis décembre 1999 avec des personnalités du monde de l’art, témoins de différentes périodes.

À la Bpi, niveau 3, 7.9 REN

Iris.time : l'artventure

Iris Clert
Denoël, 2003

Iris Clert ouvre sa première galerie en 1956 au 3 rue des Beaux Arts, à Paris. Cette galeriste contemporaine de Denise René contribue notamment à faire connaître les artistes du Nouveau Réalisme comme Yves Klein ou Arman.
En 1962, Iris Clert transfère sa galerie rue du Faubourg-Saint-Honoré et y expose Gaston Chaissac ou encore Lucio Fontana.

Au fil de sa vie, Iris Clert porte des initiatives qui relèvent de la mise en scène autant que de l’exposition. En 1958, elle tente par exemple de faire illuminer l’Obélisque de la place de la Concorde en bleu pour le vernissage de l’exposition consacrée à Yves Klein, mais le préfet l’interdit. En 1964, elle lance une  « Biennale Flottante » à Venise, et le bateau transportant les tableaux de nus d’Harold Stevenson est arrêté par la police. Elle doit fermer sa galerie en faillite en 1972, et commence un tour de France au volant d’un camion nommé le « Stradart » dont le hayon, en plexiglas, fait office de cimaises ambulantes.

Dans ce livre de souvenirs paru en 1978, elle retrace trente années d’activités.

À la Bpi, niveau 3, 7.9 CLE

Site officiel des galeries Denise René

Site officiel des galeries Denise René

Le site officiel des galeries Denise René présente les différents espaces encore ouverts, les expositions en cours et passées et les artistes accueillis. Une page rappelle la place prépondérante de Denise René dans l’histoire de l’art.

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