La peinture américaine pendant la Grande Dépression
Si les tableaux d’Edward Hopper, Georgia O’Keeffe ou Grant Wood sont connus du public français, de nombreux peintres américains du début du 20e siècle restent encore à découvrir, comme Thomas Hart Benton, Charles Sheeler, Jacob Lawrence ou Aaron Douglas. Deux expositions parisiennes nous offrent cette possibilité rare : « La peinture américaine des années 1930. The Age of Anxiety » au Musée de l’Orangerie jusqu’au 30 janvier 2017 et « The Color line : les artistes africains américains face à la ségrégation » au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac jusqu’au 15 janvier 2017. Notre sélection de documents consultables à la Bpi.
Peindre en temps de crise
La peinture américaine des années 1930
Elle présente une grande diversité, c’est son intérêt.
Des styles, des approches, des problématiques s’affrontent ou cohabitent : réalisme et abstraction, modernité et tradition, engagement et introspection, art régional et international, art pour tous et d’avant-garde.
Ce sont des années difficiles
La Grande Dépression commence avec le krach boursier de 1929 et se termine en 1941 avec l’entrée en guerre des Etats-Unis. La jeune République a déjà connu des années sombres avec la guerre de Sécession (1861-1865) mais la crise de 1929 se révèle d’une ampleur et d’une durée sans précédent. La production industrielle s’effondre, le chômage explose : 4 millions de chômeurs en 1930, 12 millions en 1932, soit plus d’un quart de la population active. La confiance du pays dans ses valeurs (individualisme, liberté, esprit d’entreprise) est à nouveau entamée. Pour le Président Franklin D. Roosevelt, élu en 1932, l’impératif est d’inventer des solutions collectives, ce sera le « New Deal », une intervention massive de l’Etat fédéral dans l’économie.
Vers une peinture moderne et américaine
Quand tout vacille, à quoi sert l’art ? Quelle est la pertinence de l’artiste ? Le volet culturel du « New Deal » va apporter une réponse : en embauchant des milliers d’artistes pour décorer de fresques l’immense territoire, le projet fédéral attribue aux peintres un rôle social, tout en diffusant un récit national apte à réunir une population blessée. A côté d’un art public d’une ampleur exceptionnelle, coexistent des pratiques picturales très diversifiées, à dominante réaliste. Cette période de profonde remise en question permet à chaque peintre de s’interroger sur sa singularité, son américanité, son rôle dans la société, dans sa communauté comme le font les artistes africains-américains.
Ces années sont décisives : de ce foisonnement, de ce laboratoire va émerger la peinture moderne américaine, avec Jackson Pollock comme figure majeure.
Les deux expositions
La peinture américaine des années 1930. The Age of Anxiety
Exposition jusqu’au 30 janvier 2017 au Musée de l’Orangerie à Paris, commissariat de Judith A. Barter (The Art Institute of Chicago) et Laurence des Cars (Musée de l’Orangerie).
[couverture catalogue exposition la Peinture américaine des années 1930]
Organisée en collaboration avec l’Art Institute de Chicago, l’exposition du Musée de l’Orangerie présente un ensemble d’une cinquantaine de toiles issues de prestigieuses collections publiques américaines (l’Art Institute à Chicago, le Whitney Museum, le Museum of Modern Art à New-York…) et de collections particulières, dont la diversité reflète toute la richesse de cette période précédant la Seconde Guerre mondiale.
The Color line : les artistes africains-américains et la ségrégation aux Etats-Unis
Exposition jusqu’au 15 janvier 2017 au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, commissariat de Daniel Soutif.
[couverture catalogue exposition Color Line]
« Le problème du 20e siècle est le problème de la ligne de partage des couleurs ». Si la fin de la Guerre de Sécession en 1865 a bien sonné l’abolition de l’esclavage, la ligne de démarcation raciale va encore marquer durablement la société américaine, comme le pressent le militant W.E.B. Du Bois en 1903 dans “The Soul of Black Folks”. L’exposition “The Color Line” au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac revient sur cette période sombre des États-Unis à travers l’histoire culturelle de ses artistes noirs, premières cibles de ces discriminations. Dans les années 1920 et 1930, Harlem devient le foyer de la culture noire, lieu d’une extraordinaire effervescence littéraire et artistique, appelée « Harlem Renaissance ». Les années 1930 sont aussi marquées par la migration des Africains-Américains fuyant les violences du Sud. L’exposition revisite près de 150 ans de production artistique – peinture, sculpture, photographie, cinéma, musique, littérature… – qui témoignent de la richesse créative de la contestation noire.
Pour en savoir plus :
Notre bibliographie au format pdf (583 Ko)
Publié le 09/12/2016 - CC BY-SA 3.0 FR
Sélection de références
La peinture américaine des années 1930 : the Age of Anxiety : exposition, Chicago, the Art Institute, 5 juin - 18 septembre 2016,Paris, Musée national de l'Orangerie, du 12 octobre 2016 au 30 janvier 2017, Londres, Royal Academy of Arts, 25 février - 4 juin 2017
Musée d'Orsay, Musée de l'Orangerie, Hazan, 2016
Catalogue de l’exposition qui se tient au Musée de l’Orangerie à Paris jusqu’au 30 janvier 2017. Commissariat J.A. Barter, L. des Cars.
À la Bpi, niveau 3, AR BUR EXP
The Color Line : les artistes africains-américains et la ségrégation aux Etats-Unis, exposition, Paris, Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, 2016-2017
Flammarion : ; Musée du quai Branly, 2016
Catalogue de l’exposition qui se tient jusqu’au 15 janvier 2017 au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, commissariat par Daniel Soutif.
À la Bpi, niveau 3, AR BUR EXP
Georgia O'Keeffe : Exhibition Tate Modern, London, 2016
Tate Publishing, 2016
Catalogue de l’exposition tenue à la Tate Modern à Londres en 2016.
Artiste formée aux Etats-Unis, Georgia O’Keeffe (1887-1986) rencontre le photographe Alfred Stieglitz en 1916, l’épouse en 1924. Peintre reconnue, dès les années 1920 aux Etats-Unis, comme une figure majeure de l’art moderne américain.
À la Bpi, niveau 3, 70″19″ KEEF 2
Hopper : exposition, Paris, Grand Palais, 10 octobre 2012-28 janvier 2013
RMN-Grand Palais, 2012
Catalogue de l’exposition tenue en 2012-2013 au Grand Palais à Paris. Commissariat Didier Ottinger.
Elève du peintre Robert Henri à New York, Edward Hopper (1882-1967) passe plusieurs séjours à Paris. L’un des artistes majeurs américains, il dépeint l’envers du rêve américain : la solitude, la mélancolie, l’incommunicabilité.
À la Bpi, niveau 3, 70″19″ HOPP 2
American Epics : Thomas Hart Benton and Hollywood : exhibition, USA, 2015-2016
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Peabody Essex Museum ; DelMonico Books-Prestel, 2015
Thomas Hart Benton (1889-1975), formé à Chicago puis Paris, tenté par le modernisme qu’il rejette dans les années 1920, ami de Grand Wood, est célèbre pour ses peintures régionalistes du Midwest et du Sud, pour son style dynamique aux formes ondulées. Il a aussi été le maître de Jackson Pollock à New York.
À la Bpi, niveau 3, 70 « 19 » BENT 2
When Art Worked the New Deal, Art, and Democracy
Kennedy, Roger G. (1926-....)
Rizzoli, 2009
Au début du siècle, le Mexique révolutionnaire met en oeuvre une politique artistique originale d’art public avec les muralistes Rivera, Orozco et Siqueiros. Le président Franklin D. Roosevelt s’en inspire pour ajouter un volet artistique à sa politique de grands travaux, le « New Deal ». L’objectif premier est de donner du travail aux artistes touchés par la crise économique. De 1935 à 1945, près de 200 000 oeuvres sont commandées. Cette politique d’envergure qui s’étend à l’enseignement des arts vise aussi à rendre la culture accessible et rapprocher l’art du grand public.
À la Bpi, niveau 3, 707.38 ART
Aaron Douglas : African American Modernist
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Yale university press, 2007
Peintre africain-américain (1899-1979) né à Topeka, Kansas. Aaron Douglas s’installe à Harlem en 1925 où il devient l’artiste phare de la Harlem Renaissance. Il étudie à Paris avec Charles Despiau et Othon Friesz (1925–31). Il développe des thèmes et motifs africains d’inspiration Art déco. En 1934, il réalise dans le cadre du Public Works of Art Project, les fresques « Aspects of Negro Life » à la bibliothèque de Harlem, aujourd’hui Schomburg Center for Research in Black Culture.
À la Bpi, niveau 3, 70 « 19 » DOUG 2
Jacob Lawrence : the migration series, exhibition, The Museum of Modern Art, New York, 2015
Dickerman, Leah (1964-....) ; Smithgall, Elsa
The Museum of Modern Art, 2015
Peintre africain-américain, Jacob Lawrence (1917-2000) est né à Atlantic City, New Jersey, il s’installe à Harlem en 1930 où il poursuit sa formation artistique. Il dépeint l’histoire et la vie quotidienne de la communauté africaine-américaine. En 1941, à l’âge de 23 ans, l’artiste peint « The Migration Series » : 60 toiles sur la grande migration des Africains-Américains quittant à partir de la fin de la 1re guerre mondiale le Sud agricole pour les centres urbains du Nord.
À la Bpi, niveau 3, 70″19″ LAWR 2
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