L’apparition de Gaston

En fait Gaston est né quelques mois plus tôt d’une idée d’André Franquin, imaginant Spirou disposant d’un héros surnuméraire, un « héros sans emploi ».

La règle implicite dans les journaux pour enfants de l’époque était en effet que chaque titre devait offrir chaque semaine à ses jeunes lecteurs une série policière, un western, un récit de science-fiction, de l’aventure exotique et de l’humour. L’arrivée de Gaston prouvait avec humour que Spirou était un journal tellement plus riche que ses concurrents qu’il avait même un héros dont il ne savait pas quoi faire !

L’idée d’André Franquin fut accueillie avec enthousiasme par le rédacteur en chef de l’époque, Yvan Delporte, qui s’y entendait pour animer les pages de Spirou. Errant pendant plusieurs numéros dans les pages du journal, Gaston y provoque bientôt de nombreuses catastrophes, qui provoquent à leur tour la réaction irritée de Fantasio, rédacteur fictif du journal qu’on a connu plus insouciant dans les aventures de son camarade Spirou.

Quelques-unes des premières catastrophes provoquées par Gaston

Ayant demandé à Monsieur Dupuis le renvoi du trublion, Fantasio l’obtient et la décision est annoncée en double-page dans le journal. Le remords de Fantasio et les innombrables lettres de protestation – bien réelles celles-là – des lecteurs de Spirou entraine la réintégration de Gaston au sein de la rédaction.

Il n’est officiellement pas un héros de l’hebdomadaire, mais devient son unique garçon de bureau. Dans cette fonction, qu’il va exercer jusqu’au début des années 1990, Gaston brille surtout par sa maladresse, sa paresse et sa capacité à faire tout autre chose : de la musique, de la cuisine, de la chimie amusante, des appeaux, des inventions loufoques…

Considéré par Prunelle, rédacteur en chef de Spirou après le retrait de Fantasio, comme « le garçon de bureau le plus mauvais du monde », Gaston n’en reste pas moins, pendant tout le temps de sa parution dans les pages de l’hebdomadaire, le héros préféré des lecteurs.