Dans le labyrinthe complexe, tapissé de lettres, était dédale de mots tous plus anciens que les autres mots nouveaux déjà vieux.
La mission était simple, en ramener dix dont deux marginaux.
Le tohu-bohu mène au charivari, l’agent ramassa cette paire d’hurluberlus et compta trois sous sa plume. Il ne se contenta pas de saisir d’autres mots à tire-larigot car certains dormaient sur un vieux parchemin ou d’autres sur une enveloppe timbrée à l’effigie d’un musée entortillé de couleurs ou d’un célèbre écrivain vivant au siècle dernier.
Cinq mots pliés dans son cartable marron, l’agent Littré emboîta le pas et fut très vite stoppé par un grand tableau noir qui paraissait vouloir mettre fin à sa quête.
2IG 2AG
E L V E A B A C R
N I R R M I N E
Faribole ! L’agent devina qu’il fallait bien lire cette suite de mots désarticulés après décryptage du « cryptogramme » dans le cartouche.
2IG ? ZIG lui va très bien et une lecture en zig zag devrait révéler nos deux marginaux !
Ouf ! L’agent Littré boucla son cartable brun…
– Je ne comprends pas ! Redis-le moi encore !
– Tu es au 4e étage de la Bibliothèque du Centre Pompidou !
– Mais ça n’existe pas !
A cet instant, une grosse chauve-souris fend l’air, renverse la petite exposition de bande dessinée à côté de moi et disparaît en zig-zag par une fenêtre.
– Ouf ! Qu’est-ce que c’est que ça !
L’homme en face de moi, chauve, énorme et en uniforme commence à rire sottement.
– Il s’appelle Filip. Il habite ici. Il a eu un accident l’année dernière et maintenant il est timbré mais il n’est pas bien méchant ! Venez !
Nous allons vers le fond du couloir à la porte marquée « Entrée ». En approchant de la porte, j’entends le tohu-bohu au loin et des braiments ou des hennissements. C’est difficile à dire…
– Quelle faribole ! C’est évident que je dors. Tout est un rêve : cet endroit, cet hurluberlu…
– Désolée mais non…
Sa voix brusque et forte arrête mes pensées.
– Je ne dis rien.
– Mais tu penses beaucoup de choses. C’est une explication très simple, presque trop simple même. Non tu es bien éveillé. Si tu allais au premier étage à ce moment, tu trouverais toutes tes affaires.
Il ouvre la porte et me fait un grand sourire.
C’est une large chambre avec un bar, des jeux vidéo, quelques jeux de billard, des lits de plage sur le balcon. On trouve de tout ici sauf des livres. Il y a même un âne ! Je vois quelques visages familiers dans la foule.
– Ne t’inquiète pas ! Voici Charlie, un autre résident ici. C’est lui qui ambiance cet étage.
L’homme devant moi est très mince et porte seulement un jean enroulé, pas de chemise, pas de chaussure. La chauve-souris se balance sur son épaule gauche. Il me tend une main et je dis :
– Enchanté !
– Tu as des préférences en musique ?
– Non, non… C’est bon… J’aime le jazz…
Un charivari se déclenche à l’endroit des jeux vidéo. L’homme en uniforme tourne.
– Il faut que j’aille voir ce qu’il se passe… Tout ici est à ta disposition. Détends-toi…
– Mais si je ne dors pas…
Il hausse les épaules en souriant…
– Quand on lit à tire-larigot et qu’on s’enlivre, il y a ceux qui s’arrête de lire, ceux qui dorment et ceux qui arrivent ici. C’est comme ça ! Il n’y a pas de grand mystère. Cet étage a été construit pour ça. Fais moi confiance, tu sortiras quand tu seras prêt. A bientôt.
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