Le patrimoine immatériel de Paris : vivant et cosmopolite
Le patrimoine immatériel est bien plus qu’un simple héritage culturel : c’est une mémoire vivante, façonnée par les traditions, les savoir-faire et les pratiques des communautés. À Paris, ville cosmopolite et carrefour des cultures, ce patrimoine mêle héritages locaux et influences venues du monde entier. Balises explore la diversité de celui de Paris à l’occasion des Nuits de la lecture 2025 sur le thème du patrimoine.
Le patrimoine immatériel, une initiative de l’Unesco
Le Comité du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) tient à jour la liste du patrimoine mondial depuis 1978. Le patrimoine mondial est composé, en 2024, de 1 223 sites et concerne 168 États parties. 952 d’entre eux sont classés comme culturels, 231 comme naturels et 40 comme mixtes (culturels et naturels). Mais ce patrimoine bâti enregistré est inégalement réparti et dominé par les pays européens, historiquement riches en patrimoine architectural et/ou religieux, parfois au détriment des cultures traditionnelles ou vernaculaires.
En 2003, l’Unesco propose de recenser et de protéger également le patrimoine immatériel, ces cultures vivantes et orales, portées par les communautés qui les font vivre et évoluer, et qui sont souvent menacées par la mondialisation. L’inventaire du patrimoine culturel immatériel (PCI) débute en France en 2006. Il est mis à disposition en ligne, sur le site PCI Lab, qui recense 534 pratiques culturelles en 2024, classées par catégories. Parmi elles, 28 ont été retenues par le Comité du patrimoine mondial.
La place de Paris dans la cartographie du patrimoine immatériel de France
Le site PCI Lab propose par ailleurs une cartographie du patrimoine immatériel. Cette carte témoigne de la richesse culturelle des régions, mais aussi du dynamisme de certaines communautés ou de leur volonté de faire reconnaître leur pratique culturelle. En effet, les candidatures sont des demandes spontanées, initiées par les communautés. Ces propositions sont ensuite soumises au Comité du patrimoine ethnologique et immatériel (CPEI) du ministère de la Culture, qui étudie la pertinence de leur inclusion au sein de l’inventaire national.
La carte des patrimoines immatériels en France métropolitaine donne accès à 540 fiches descriptives au 15 janvier 2025. De nombreuses pratiques et savoir-faire sont localisés à l’ouest de la France, notamment en Bretagne, dans les Pays de la Loire et le sud de la Nouvelle-Aquitaine. La Provence-Alpes-Côte d’Azur et les régions du nord de la France (Normandie, Hauts-de-France et région parisienne) sont également bien représentées.
Une quarantaine de fiches du patrimoine immatériel concernent le patrimoine de Paris et reflètent la diversité culturelle de la capitale française. On y retrouve des pratiques et savoir-faire très parisiens et reconnus comme tels : les bouquinistes des quais parisiens, le métier de couvreur-zingueur, la fabrication de la baguette de pain, le jeu de boules parisien ou l’école française du mime. Sans surprise, sont présents des métiers d’art dans le domaine de la mode : la corseterie, perpétuée dans l’atelier parisien de Sylviane Nuffer et son fils, l’art du tailleur sur-mesure dans le 8ᵉ arrondissement, quartier historique des tailleurs, ou encore la fabrication d’éventails. Mais Paris est aussi une métropole mondiale qui attire des populations venues du monde entier. Son patrimoine immatériel intègre donc les traditions et les pratiques culturelles de ces communautés.
Un patrimoine immatériel parisien cosmopolite
Dans l’inventaire du patrimoine immatériel de Paris, on retrouve, par exemple, de nombreuses pratiques culturelles d’Amérique du Sud, perpétuées par les communautés et partagées avec les Parisien·nes, comme le lavage, rituel bahianais consistant à balayer les marches de l’église de la Madeleine, la célébration de la fête des morts mexicaine, la piñata, ou encore les milongas, bals de tango argentin et de nombreuses fêtes autour de la religion.
Les fêtes du Nouvel An à Paris se célèbrent à la mode persane, chinoise ou berbère. Dans le 18ᵉ arrondissement, on défile pour le roi Ganesh, on pratique le chant choral slave, on fête la slava et on fabrique des icônes orthodoxes.
Toutes ces pratiques traditionnelles inventoriées témoignent de la richesse culturelle de la capitale, qui se nourrit de son ouverture sur le monde. Ainsi, Paris est une ville dont le patrimoine immatériel ne cesse de s’inventer, de se transmettre et de se transformer, à la croisée des héritages locaux et des apports globaux.
Publié le 20/01/2025 - CC BY-SA 4.0
Pour aller plus loin
L'Inventaire du Patrimoine culturel immatériel en France | PCI Lab
Toutes les fiches du patrimoine culturel immatériel inscrit à l’inventaire national, une cartographie, les actualités et une foire aux questions sur le PCI.
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